Saint-Vidal : le projet hôtellier lancé le 14 janvier

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:01

Est-ce qu'on s'oriente plus vers de l'hôtellerie ou de la chambre d'hôtes ? La décision n'est pas encore définitivement tranchée car "c'est avant tout un projet de réhabilitation et de restauration du patrimoine", nous confie le propriétaire Vianney D'Alançon, joint par téléphone ce lundi après-midi alors qu'il a confié à nos confrères de RCF Haute-Loire lancer les travaux dès le 14 janvier 2020 avec l'ambition d'accueillir des premiers clients dès le printemps 2021.
Il faut dire que depuis 1930, la restauration du château est enclenchée mais le travail est aussi gigantesque (près de 3 000 m²) qu'exigeant. Et ce travail a pris une autre dimension depuis l'acquisition de la forteresse par Vianney D'Alançon (ce qui explique aussi toutes les polémiques autour des budgets nécessaires pour ces travaux). Celui-ci a souhaité procéder à une réhabilitation de fond.

Un chantier d'exception
"On entre dans la dernière étape avec ce projet hôtellier qui consiste à restaurer un monument historique vieux de 1 000 ans", résume le propriétaire, "et certaines parties, notamment dans les pièces qui sont au dernier niveau, n'ont pas été touchées depuis le siège d'Henri IV en 1591".
Il faut dire que les boulets de canon ont détruit une partie des toitures ou des murs et il va falloir procéder aux reprises de ces éléments, avec un cahier des charges extrêmement contraignant : accompagnement de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles, service déconcentré du Ministère de la culture), suivi archéologique, architecte du patrimoine, entreprises spécialisées dans le marché des monuments historiques, etc.
On remarque notamment l'intervention de spécialistes venues de Rome pour décrépir une voûte et deux plafonds au scalpel pour retrouver dessous les décors anciens, en l'occurence des fresques gigantesques, comme l'avait déjà révélé Zoomdici l'été dernier. "C'est un chantir au peigne fin, minutieux dans le moindre détail", ajoute-t-il.

Des chambres allant jusqu'à 80 m²
Pour connaître plus en détail le projet hôtellier, l'affaire se corse "car ce n'est pas encore très clair dans ma tête", reconnait-il, alors qu'on parlait d'un hôtel cinq étoiles aux premiers balbutiements du projet. Difficile de dire si la réalisation sera dans la lignée. Tout est pensé pour que l'hébergement soit compatible avec le spectacle déambulatoire et il devrait y avoir "une dizaine de chambres"... avec des tailles très variées
"On a une problématique sur ce site", développe-t-il, "c'est qu'on dispose de très peu de fenêtres puisqu'il s'agit d'une forteresse médiévale et on ne peut évidemment pas faire des ouvertures car ça abimerait le monument, et on se retrouve in fine avec certaines chambres qui vont faire jusqu'à 80 m²". Mais il n'a pas le choix : il est obligé de n'en faire qu'une chambre puisqu'il ne peut pas faire de cloisons dedans.

"Bien qu'il y ait peu de chambres, l'idée, c'est d'accueillir un public familial"
C'est ce que déclare Vianney d'Alançon. Mais avec de telles dimensions, on peut s'attendre à des prestations haut de gamme ? "Ça dépend de ce qu'on entend par 'haut de gamme', il y aura très certainement des chambres au prix d'un hôtel Ibis", répond-il. L'idée est donc d'offrir une gamme variée, surtout que l'offre devrait proposer "différentes tailles" et s'adapter à "différentes saisonnalités".
De là à dire que l'hôtel sera ouvert toute l'année ? "Non, je ne peux pas encore me prononcer sur cette question", rétorque-t-il. Idem pour la question restauration : on a une certitude sur le gîte, pas encore sur le couvert. Le projet devrait induire des emplois, mais on est "encore trop en amont pour les quantifier". 

Qui va financer les travaux ?
Ils interviennent dans le cadre d'un 'plan Monument Historique', ce qui signifie que la DRAC va intevenir, mais c'est bien l'association pour la valorisation du Velay Auvergne et Gévaudan qui "finance une grosse partie de l'opération", assure le porteur du projet.
Les budgets ne sont pas encore bouclés et vont dépendre de la tonalité finale de la réalisation, entre hôtellerie et chambre d'hôtes. "On en reparlera quand on aura plus de visibilité et qu'on aura fait le point avec le bureau et le trésorier", ajoute-t-il. Quant aux recettes, elles seront intégralement reversées à l'association, porteuse du projet.

Maxime Pitavy

Pour aller plus loin dans le dossier, entre spectacles, subventions, projets et polémiques
Vianney d'Alançon a racheté la forteresse de Saint-Vidal en 2016. Il propose un triptyque inédit à l’échelle régionale qui alimente ce projet d’envergure : la réhabilitation des jardins, l’ouverture de quinze salles de la forteresse sous forme de déambulation à travers des moments clés de l’histoire régionale et enfin, un spectacle nocturne exceptionnel où se mêlent acteurs et figurants bénévoles, pyrotechnie et vidéo-projection.
Le projet, qui bénéficie de 300 000 euros de subventions de l'agglomération du Puy, avait suscité quelques interrogations et réserves de la part de l'opposition, mais il a bien été validé par la collectivité, alors que la Région débloquera 600 000 euros et le Département 300 000 euros, pour un total d'environ 1,2 million d'euros.
Alors que nous faisions le point sur les dernières avancées du projet et des spectacles estivaux, qui débutaient en juin 2018, nous avons profité de notre rencontre avec Vianney d'Alançon début octobre pour l'interroger sur cette polémique. Vous trouvez ici sa réponseLes plans 3D du jardin ont ensuite été dévoilés début décembre et on peut également citer les multiples soutiens de "célébrités" au projet de Vianney d'Alançon. Enfin le projet de la forteresse nécessite des bénévoles mais aussi des professionnels. Quatre comédiens et un technicien de maintenance et d'opération spectacle étaient recherchés début février pour une période allant de mai à septembre. Zoomdici avait consacré un article lors de la venue des équipes de France télévision pour un reportage, qui révélait notamment une partie du spectacle nocturne.
En juillet 2018, en vidéo, Zoomdici vous proposait un voyage dans le temps au travers des quinze pièces du château ouvertes au public dans le cadre du spectacle déambulatoire "La Mémoire d'un peuple".

Puis une nouvelle polémique prend de l'ampleur en début d'année 2019 avec une subvention régionale de 1 363 489 €. Nous avions pu joindre dès le samedi matin Vianney d'Alençon, le propriétaire, qui se défendait de mettre le moindre centime de cet argent public dans sa poche, alors que les élus d'opposition s'indignaient de l'attribution d'une "subvention d'un million d'euros pour une personne privée, pour la valorisation de son propre patrimoine". La Région nous avait finalement répondu dans un communiqué le dimanche. Il faut dire que le sujet est hautement polémique : depuis le début du projet, le propriétaire de la forteresse est critiqué (parfois même menacé, même physiquement, une enquête a été ouverte, comme évoqué dans notre dossier "Saint-Vidal : entre ambitions, privatisations et contestations") pour les importantes subventions qu'il est parvenu à glaner auprès des collectivités locales. 600 000 € déjà votés en juin 2017 par le Conseil régional, sans compter les aides versées par les collectivités locales du Département (300 000 €) et de l'Agglomération du Puy-en-Velay (300 000 €). Une nouvelle subvention d'un million d'euros a fait déborder le vase en février dernier. Au point de voir l'exécutif reculer... pour mieux sauter finalement puisqu'on en sait plus sur les 1,3 millions d'euros de subventions régionales.
Avec une nouvelle bière estampillée Saint-Vidal attendue pour l'été 2020, les projets ne manquent pas au château et Zoomdici s'était glissé dans les coulisses du grand spectacle lors de la dernière répétition (vidéo).
Cet été, la rédaction de Zoomdici a proposé une série autour des pépites de Saint-Vidal : on y découvre dans le premier épisode un graffiti du moyen-âge, un tag des temps anciens, puis dans le deuxième épisode, on apprend que c'est le jardinier qui a retrouvé un fragment de boulet de canon du siège d'Henri IV en 1591. Enfin dans le dernier épisode, c'est une fresque recouvrant le plafond qu'il ne manque plus qu'à décrépir pour découvrir l'intégralité de l'oeuvre.

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