'Pépites' de St-Vidal, épisode 1 : le graffiti médiéval et les espaces disparus

mer 24/07/2019 - 16:09 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:58

C’est Isa-Lou Ville, chargée de communication pour la Forteresse de Saint-Vidal, qui nous ouvre les portes de l’édifice. A travers cette visite guidée inédite, cette jeune passionnée du patrimoine nous dévoile la face cachée de l’un des monuments les mieux préservés de Haute-Loire.
Au programme : des anecdotes, des trouvailles, mais également des projets d’envergure. Car il faut savoir que la forteresse, depuis son rachat par Vianney Audemard d'Alançon en 2016, a fait l’objet d’importants travaux de restauration. Mais pas seulement : grâce aux précieuses études d’une équipe d’archéologues du bâti, la construction a retrouvé son apparence d’origine. Du moins, pour les 15 pièces qui ont été rénovées en seulement 8 mois.

Un tag du Moyen-Âge 
Dès la première pièce, on a affaire à une découverte insolite et amusante. Au rez-de-chaussée de l’une des tours, un mur attire notre attention. Ce qui se trouve gravé dans la pierre n’est autre qu’un graffiti datant du Moyen-Âge. Un tag des temps anciens, qui représente un homme pendu.
Le dessin, baptisé : « le pendu aux chausses bouffantes », a été découvert par les archéologues pendant la restauration de la forteresse. Bien que surprenant, ce genre de tag était usuel à cette époque.

Etage et sol retrouvés
Durant les travaux de rénovation, de nombreuses disparitions ont été résolues. A commencer par le sol : dans la Salle des Croisades, sous le mètre de terre battue, l’équipe a retrouvé d’anciennes tommettes. Il a donc été question de reproduire le sol d’origine avec des tommettes neuves de même forme et de même couleur. La galerie, bâtie au XVIe siècle et effondrée au XVIIIe siècle, a été reconstruite dans la foulée. Or, un étage entier était alors passé à la trappe. Problème réglé : le palier disparu a été entièrement reconstitué comme à sa création, en arkose, une pierre extraite de la carrière de Blavozy.

----Dans nos prochains épisodes :

  • une fresque enfouie sous le crépi
  • un visage dessiné sur une voute
  • des salles non visibles au public
  • des oubliettes du château découvertes par hasard
  • et bien d’autres pépites du patrimoine.

-----Des hivers moins rudes
Toujours dans la galerie, une salle pose question. Selon les archéologues, celle-ci, située à l’étage de la galerie, était initialement ouverte sur l’extérieur. Isa-Lou Ville nous explique cette apparente ineptie par l’évolution du climat : « les hivers étaient bien moins rudes avant le XVIe siècle, date à laquelle l’espace a été justement clos ». Sous sa magnifique charpente restaurée, la salle ressemble désormais à une grande véranda.

Crédit photos :

  • Photo du graffiti : Eric Sander
  • Autres : Zoomdici


A.S.

Pour aller plus loin dans le dossier, entre spectacles, subventions, projets et polémiques
Vianney d'Alançon a racheté la forteresse de Saint-Vidal en 2016. Il propose un triptyque inédit à l’échelle régionale qui alimente ce projet d’envergure : la réhabilitation des jardins, l’ouverture de quinze salles de la forteresse sous forme de déambulation à travers des moments clés de l’histoire régionale et enfin, un spectacle nocturne exceptionnel où se mêlent acteurs et figurants bénévoles, pyrotechnie et vidéo-projection.
Le projet, qui bénéficie de 300 000 euros de subventions de l'agglomération du Puy, avait suscité quelques interrogations et réserves de la part de l'opposition, mais il a bien été validé par la collectivité, alors que la Région débloquera 600 000 euros et le Département 300 000 euros, pour un total d'environ 1,2 million d'euros.
Alors que nous faisions le point sur les dernières avancées du projet et des spectacles estivaux, qui débutaient en juin 2018, nous avons profité de notre rencontre avec Vianney d'Alançon début octobre pour l'interroger sur cette polémique. Vous trouvez ici sa réponseLes plans 3D du jardin ont ensuite été dévoilés début décembre et on peut également citer les multiples soutiens de "célébrités" au projet de Vianney d'Alançon. Enfin le projet de la forteresse nécessite des bénévoles mais aussi des professionnels. Quatre comédiens et un technicien de maintenance et d'opération spectacle étaient recherchés début février pour une période allant de mai à septembre. Zoomdici avait consacré un article lors de la venue des équipes de France télévision pour un reportage, qui révélait notamment une partie du spectacle nocturne.
En juillet dernier, en vidéo, Zoomdici vous proposait un voyage dans le temps au travers des quinze pièces du château ouvertes au public dans le cadre du spectacle déambulatoire "La Mémoire d'un peuple".

Puis une nouvelle polémique prend de l'ampleur en début d'année avec une subvention régionale de 1 363 489 €. Nous avions pu joindre dès le samedi matin Vianney d'Alençon, le propriétaire, qui se défendait de mettre le moindre centime de cet argent public dans sa poche, alors que les élus d'opposition s'indignaient de l'attribution d'une "subvention d'un million d'euros pour une personne privée, pour la valorisation de son propre patrimoine". La Région nous avait finalement répondu dans un communiqué le dimanche. Il faut dire que le sujet est hautement polémique : depuis le début du projet, le propriétaire de la forteresse est critiqué (parfois même menacé, même physiquement, une enquête a été ouverte, comme évoqué dans notre dossier "Saint-Vidal : entre ambitions, privatisations et contestations") pour les importantes subventions qu'il est parvenu à glaner auprès des collectivités locales. 600 000 € déjà votés en juin 2017 par le Conseil régional, sans compter les aides versées par les collectivités locales du Département (300 000 €) et de l'Agglomération du Puy-en-Velay (300 000 €). Une nouvelle subvention d'un million d'euros a fait déborder le vase en février dernier. Au point de voir l'exécutif reculer... pour mieux sauter finalement puisqu'on en sait plus sur les 1,3 millions d'euros de subventions régionales.
Avec une nouvelle bière estampillée Saint-Vidal attendue pour l'été 2020, les projets ne manquent pas au château et Zoomdici s'était glissé dans les coulisses du grand spectacle lors de la dernière répétition (vidéo).

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