Opération Sac Rouge ? Mais quésako ?

Dans les hautes sphères de la politique, les entités s’entrechoquent à coup d’arguments et de contre-arguments. Si pour la majorité de l’Assemblée Nationale, les langues de nos aïeux se doivent d’être enseignées intensément, il n’en est pas question pour le Conseil Constitutionnel.
La Calandreta du Puy confortée par l'Education nationale
Si l'école occitane attend le dénouement de la bataille législative, elle est confiante en l'avenir. Pour preuve, elle vient d'obtenir la prise en charge par l'Education nationale de son 3e poste d'enseignant, récompensant ainsi des effectifs stables depuis plusieurs années.
Ce que dit l’article 2 de la Constitution française ? En bref, que « La langue de la République est le français ». Mais que faire alors des idiomes bretons, occitans et autres, qui sont les parents et grands-parents de cette même langue française ? La proposition de loi de Pierre Molac, député du Morbihan du Groupe Libertés et Territoires, prévoyait d’étendre l’immersif à tout le public et d’obliger les collectivités à la subventionner via le forfait scolaire (subvention communale). Or, juste avant la date où elle aurait dû être promulguée, 61 députés ont saisi le Conseil constitutionnel contre cette loi.
Les députés de la Haute-Loire Jean-Pierre Vigier et Isabelle Valentin, ainsi que les sénateurs Laurent Duplomb et Olivier Cigolotti, ont tous les quatre voté pour la loi Molac.
Dans une époque où de plus en plus d'anglicismes jouent des coudes dans le Petit Larousse et le Grand Robert, les défenseurs des langues régionales s’inquiètent du combat de coqs français qui se trame ainsi au plus haut niveau du pays. Si la proposition de loi du député Morbihannais est une victoire quant à la visibilité faite sur l’importance et la richesse des langues vernaculaires, elle a aussi montré, bien malgré elle, son incompatibilité avec la constitution française.
Dire que vous utilisez d'innombrables mots anglais dans la vie courante, ce n'est pas un... scoop
Et encore...
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La loi Pierre Molac, une lame à double tranchant
« C’est peut-être un raccourci de dire cela mais la loi Pierre Molac démontre que ce qui est enseigné par exemple à la Calandreta du Puy est en fait hors la loi, souligne Victor Miramand, membre du Conseil d’administration l’école associative ponote Calandreta Velava Peire Cardenal. Ici, les enseignements jusqu’au CP sont en Occitan, appliqués de façon totalement immersifs. Si on s’en tient aux décisions du Conseil constitutionnel sur la proposition de Pierre Molac, alors l’acquisition pédagogique des élèves dans notre école et toutes les autres du même type n’est pas conforme car en opposition avec l’article 2 de la constitution ».
Loin d’être seul dans cette sauvegarde du patrimoine culturel, Victor Miramand et tous ses alliés sur la question, sont appuyés par 140 parlementaires. Ces derniers réclament l’usage des langues régionales à l’école et même la modification de l’article 2 pour la légaliser.
« Calandreta construit les conditions d’un bilinguisme véritable dès l’école maternelle, en immersion totale, pour donner à chaque enfant l’opportunité de bâtir de bonnes constructions cognitives. En élémentaire, les calandrons apprennent à lire d’abord en Occitan. Ils cheminent vers les langues et les cultures romanes et toutes les autres, en s’appuyant sur l’Occitan comme langue vertébrale »
« L’Occitan est quelque chose qui apporte un plus mais qui ne remplace pas »
Contrairement à ce que certains pourraient penser, une immersion totale dans une langue régionale ne génère pas de lacunes dans celle de Molière d’après Victor Miramand. « C’est totalement faux de penser ça, insiste-t-il. Au contraire même. Chez nous, l’Occitan est quelque chose qui apporte un plus mais qui ne remplace pas. Dans les classes, les enfants parlent Occitan. Une fois chez eux, ils parlent Français. C’est le même rapport fait avec une langue telle que l’Anglais ou l’Espagnol. » Selon Victor Miramand, les 53 calendrons de l’école ponote vont accaparer les bases même de la langue française et seront bien plus aiguisés à comprendre la fameuse langue de la République inscrite dans l’article 2 de la Constitution.
« La diversité des langues comme la diversité des patrimoines, des hommes et des femmes, des cultures et des sensibilités contribuent à la grande richesse d’un territoire ». Victor Miramand
« Ce serait au tour du Rectorat de se mettre en ordre de marche »
Concernant la généralisation des langues régionales de la maternelle au lycée comme le souhaiterait Pierre Molac, Victor Miramand trouve ce projet très bénéfique. « Cette décision serait très bien pour nous car ce serait au tour du rectorat de se mettre en ordre de marche afin d’organiser tout ça. D’autre part, une généralisation obligerait les communes qui ne disposent pas de ce genre d’écoles à financer des établissements bilingues ». L’école de la Calandreta est associative et gérée par les parents. En dépit d’une subvention versée par la Ville du Puy-en-Velay, c’est l’association qui doit assumer toutes les charges pour son bon fonctionnement.
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5 commentaires
Si je suis illuminé, c'est par la science, en particulier celle du cerveau qui m'apprend que la maîtrise d'une (ou plusieurs langues) entendues et apprises jeune développe considérablement les capacités cognitives de l'enfant ! J'ajoute que les bases grammaticales et syntaxiques de l'occitan sont celles de toutes les langues romanes et donc, que l'on comprend et parle mieux le français ...et les autres ! Par exemple, l'accord du participe passé avec complément d'objet direct placé avant (bête noire des profs de français) ne peut pas être fautif en oc, puisqu'il se prononce : la sopa qu'ai manjada- ai manjat la sopa !
Quant à ceux, comme ga, qui viennent nous donner des leçons de pédagogie, qu'ils commencent par écrire correctement le français qu'ils prétendent défendre
"Repli communautaire", "tri des élèves", "côté sectaire" ! De quoi y perdre son latin ! Après avoir été anéantis parce que péjoratifs, les dialectes/langues régionales/patois seraient encore et toujours une affaire d'élite alors qu'ils sont reconnus pour être une aide à l'apprentissage de la grammaire française (tout comme le latin). Des témoignages encore vivants le démontrent. Autrefois, ceux qui les pratiquaient étaient des "ploucs", aujourd'hui, seraient-ils des "bobos" appartenant à la même mouvance politique ?? Où est le problème ??
Les revendications liées aux langues régionales dénotent un repli communautaire qui peut préoccuper. Même si elles peuvent paraître conviviales voir familiales, les écoles privées occitanes ne joue jamais les jeux de la diversité. Le tri implicite des élèves qui est fait à la rentrée peuvent même donner un côté sectaire. En gros, ils prônent l'ouverture mais sont fermés comme des huîtres en s'ancrant dans des pédagogies souvent laxistes avec des élèves dont les parents ont tous le même parti pris politique. Du coup, le résultat est pas terrible. Pour avoir accueilli au collège des enfants venant de ce type d'école, je peux vous dire qu'ils ne sont ni habitués à la contrainte, ni à l'effort et que l'adaptation au monde "réel" est rude ...
ce n'est pas retourner au Moyen-Âge que de pratiquer les langues régionales. Je ne vois en quoi cela gêne ceux qui sont contre. proches du XXII° siècle ! il y a encore pour 78 ans. S'il faut faire table rase du passé, démolissons tout ce qui a plus de 78 ans. il y a mieux à faire que de chipoter sur de tels sujets alors que la planète part en suçette, les OGM prolifèrent. maintenant on jette après usage. On consomme sans regarder.
Nous sommes proches du XXII ème siècle et quelques illuminés voudraient retourner au MoyenAge...s'ils pensent que c'est ça que souhaitent la nouvelle génération ils se mettent le doigt voire les mains dans l'oeil. Que ça reste folklorique ok mais pas au-delà. Quand à nos "chers" députés que ne feraient-ils pas pour grappiller quelques voix. Je suis très perplexe quand à l'orthographe de la 'traduction" d'un dialecte régional purement phonétique qu'elles que soient les régions d'ailleurs où chacun y va de sa propre traduction.