Polémique autour d'un livre sur Hitler vendu dans une librairie ponote

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 22/03/2024 à 06:00

Les membres du Réseau Antifasciste de Haute-Loire sonnent, une fois encore, la sonnette d’alarme. Par le biais d’un brûlant communiqué, le Rafahl dénonce la mise en vente à la librairie des Arts Enracinés d’un ouvrage intitulé « Pourquoi Hitler était-il antisémite ? » Plus que le livre en question, c’est l’auteur qui est mis sur l’échafaud des antifas. 

Le communiqué des vigies antifascistes du département détaille dès les premières lignes les "symptômes", selon eux, d’un enracinement de plus en plus incontrôlé des idées racistes, antisémites et néo-nazies, dans la ville du Puy-en-Velay.

L’arbre issu de ces racines aurait pris la forme d’une librairie baptisée Les Arts enracinés, sis à la rue Raphaël dans le cœur de la cité pavée. Habitué des accusations par ses opposants dont certains la surnomment « La boutique des Arts en races innées », le commerce vient de remettre une bûche dans le foyer de colère alimenté depuis deux ans par le répertoire de ses livres en rayons et des conférenciers invités.

« Le seul but est de justifier l'antisémitisme génocidaire du régime nazi »

« Il vient effectivement de proposer à la vente, sur l'ensemble des réseaux sociaux liés à son commerce, un livre dont le seul but est de justifier l'antisémitisme génocidaire du régime nazi, est-il déploré dans le communiqué de Rafahl. Même la plateforme Amazon a refusé d'en assurer la diffusion ».

Le livre en question est « Pourquoi Hitler était-il antisémite ? », écrit par le sulfureux et négationniste Vincent Reynouard. À noter que ce dernier a fait l’objet de plusieurs condamnations, dont de la prison ferme, pour contestations de crimes contre l'humanité, banalisation de crimes de guerre et provocation à la haine.

« C’est vrai que je dois être le seul libraire en France à le vendre »

Maxime Sanial, patron de la librairie en question s’indigne du communiqué. « Ce livre est légal jusqu’à preuve du contraire ! Qui pourrait m’empêcher de vendre quelque chose de légal ? Et Vincent Reynouard n’a pas été condamné pour ce livre-là. »

Il ajoute : « Moi, on m’a appris à l’école que ce qui différencie une démocratie d’une dictature, c’est ce qui n’est pas autorisé en dictature est interdit, et ce qui n’est pas interdit en démocratie est autorisé. Mon livre est en vente libre comme tout livre autorisé à être vendu au public. »

Il admet tout de même : « C’est vrai que je dois être le seul libraire en France à le vendre. Donc, j’ai tout intérêt pour mon commerce à en faire la plus grande promotion avec tous les outils de communication qui sont à ma disposition. »

Vincent Reynouard, à l’extrême droite de l’extrême droite

Outre les informations indiquées par Rafahl sur le communiqué, facile est de se procurer sur la toile la biographie de l'auteur. Et force est de constater que Vincent Reynouard n’aurait sûrement pas de problème de conscience à tendre son bras droit en se signant de la croix gammée.

Entre autres condamnations, l’auteur de 55 ans est condamné, le 8 novembre 2007, à un an de prison pour contestation de crimes contre l'humanité. L’année suivante, il est à nouveau condamné, en compagnie de Siegfried Verbeke (patron d’une maison d’édition néonazie), par le tribunal correctionnel de Bruxelles pour négationnisme.

Le 17 juin 2015, il purge un an de prison ferme pour avoir défendu la thèse que le débarquement en Normandie relevait de la propagande, niant à nouveau l'existence des crimes nazis.

« 5 000 € à qui me convaincra que la Shoah n'est pas un bobard de guerre »

Le 4 novembre 2016, il est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une nouvelle peine de cinq mois de prison ferme pour avoir mis en ligne deux vidéos négationnistes dans lesquelles il déclare : « 5 000 € à qui me convaincra que la Shoah n'est pas un bobard de guerre. » Le reste de ses démêlés avec la justice ressemble à un inventaire à la Prévert, tant lourd est son dossier judiciaire.

« C'est cet ignoble et dangereux personnage, connu pour faire le lien entre l'intégrisme catholique (désormais bien implanté au Puy, cf. l'université d'été de Civitas qui s'est tenue au Grand Séminaire, l'installation de la Fraternité Saint-Pie X dans une chapelle de la ville, Cours Clovis…) et le négationnisme que la librairie promeut aujourd'hui, publiquement », soulève le Rafahl.

Les singes de la sagesse ?

En dépit des multiples mobilisations concernant cette boutique conspuée par les uns, défendue par les autres, des personnages préfèrent rester à l’ombre. Les autorités publiques. Car ni la préfecture, ni la municipalité ponote, ni la communauté d’agglomération, ne semblent vouloir s’approcher de trop près de ce foyer ardent.

Peut-être est-ce pour suivre la maxime des trois singes de la sagesse : « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal... À celui qui suit cette maxime, il n'arrivera que du bien ».
 

Le communiqué de presse au complet du Rafahl, dans le PDF ci-dessous ▼

 

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