Un homme séquestré à Chaspuzac : son ravisseur condamné

Par Ombéline Empeyta Brion , Mise à jour le 25/04/2023 à 06:00

Un Stéphanois de 36 ans a été condamné lundi 24 avril au tribunal correctionnel du Puy-en-Velay en comparution immédiate. Accusé de violence et de séquestration envers un habitant de Chaspuzac deux jours avant, il est venu en découdre pour tenter de récupérer son argent…quoi qu’il en coûte.

Rares sont les affaires où les faits sont entièrement filmés, de plus par le prévenu lui-même. « En 22 ans de magistrature, je n’ai jamais vu ça ! », s’est étonné le Président du tribunal. Des faits jugés même « d’une violence rare ».

Ces actes présentés à la barre et divulgués aux yeux de tous sur les écrans du tribunal laissent sans voix. Des images qui semblent tout droit sorties d’un film. Dans la vidéo, des actes et des paroles virulentes, pendant en tout une vingtaine de minutes. « 20 minutes d’horreur » comme le décrit l’avocate de la victime. « Un temps qui paraissait extrêmement long pour la victime ».

Une vidéo qui fait froid dans le dos

Dans ce court film présenté à l’audience, le prévenu, dont on ne voit pas le visage, filme la scène. Dès les premières secondes, des cris, des insultes et des actes de violence sont visibles. Le père de famille, venu en voiture, depuis Saint-Etienne, à plus d’une heure de route, montre le devant de l’habitation de la victime. L’insultant, et donnant de forts coups de pied dans la porte d’entrée pour tenter de l’ouvrir. Arrivant à son but, l’homme appelle donc la victime et lui demande de se mettre à genoux devant lui, le menaçant de le tuer s'il n’obéit pas.

« Si tu bouges, je te coupe en deux ».

Puis, il lui demande de mettre les mains dans le dos, pour le ligoter avec du ruban rouge. Il lui demandera, en guise de garantie, de lui donner ses objets de valeurs, ses consoles de jeux, des casques audios, ou encore lui demandant les clefs de sa voiture, toujours en l’insultant et menaçant de tout détruire dans sa maison. « Je vais te crever ! Je vais te mettre dans la benne ». Des propos qu’il continuera à avoir envers la victime, tout au long de la video. Il le fera par la suite, toujours attaché, monter dans sa voiture, direction la banque pour aller retirer en possession de sa carte du liquide, tout cela filmé tout le long.

De l’argent ou la vie

Des paroles, choquantes. S’ajoutant à cela des actes, eux aussi, violents. À l'image, on aperçoit alors des gifles, à plusieurs reprises, alors que l'homme est au sol, ou encore des objets projetés à travers la pièce. Le père de famille, qui ne décolère pas, accuse en fait le jeune homme de lui avoir volé son argent. De l’argent, que la victime aurait volé dans son portefeuille quelques semaines plus tôt, durant une formation commune de Couvreur à Annecy en mars dernier.

Le prévenu était alors allé porter plainte, contre la victime, l’accusant de lui avoir dérobé 600 euros en numéraire. Ayant appris que sa plainte a été placée sans suite, il a alors voulu « faire justice lui-même » expliquant à la barre qu’il avait apparemment été victime d’un vol de voiture et été passé devant la justice, mais n’avait jamais récupéré son argent. Alors cette fois-ci, il est alors bien déterminé à récupérer son argent, quitte à employer la manière forte.

L’accusateur accusé

Une des juges le lui a rappelé lors de son procès « Vous ne pouvez pas faire justice vous-même. Il y a des lois dans ce pays ». Rappelant la gravité de la scène et la violence visionnées quelques minutes plus tôt.

« C’est super flippant votre comportement, vous me terrorisez », confie le Président.

Un constat commun, partagé par les juges et la procureure ayant du mal à accepter de telles images. Images que n’a pas osé regarder ou écouter le prévenu, se bouchant les oreilles par moment, mettant sa tête dans ses mains par d’autres. « Pourquoi ne regardiez-vous pas la vidéo ? », interroge la juge. « Cela ne me ressemble pas, ce n’est pas moi », répondait le prévenu.

Un acte qui pourtant est bien de lui, qu’il justifie par « un coup de sang » même s’il avoue un acte « démesuré » et semble regretter ses gestes, les larmes aux yeux. « Je suis désolé ». Des paroles, enfin bienveillante, droit dans les yeux, qu’il tentera de donner à sa victime. Elle, silencieuse, semble encore choquée des faits et n’a pas souhaité parler durant l’audience.

Le retour du bâton

Finalement, la vidéo se termine brutalement, avec l’arrivée des gendarmes. Des forces de l’ordre qu’avait réussi à appeler le jeune homme, pendant qu’il était ligoté dans le dos de son agresseur. Durant la virée à la banque, une patrouille a pu arriver au domicile de la victime et arrêter l’altercation. « Ce jour-là, vous étiez capable de tout, on se demande ce qu’il aurait pu se passer si les gendarmes n’étaient pas arrivés », s'interroge le Président. Car en plus de ces actes, une arme à feu, chargée, a été retrouvée dans le coffre de son véhicule, qui justifiera par son activité de tir sportif.

Une scène violente en tout cas, dont se rappellera longtemps la victime. « Mon client va devoir vivre avec le souvenir d’une agression d’une violence inouïe. », plaide l’avocate de la partie civile à la barre. Saluant par ailleurs le courage et le sang-froid de la victime âgée d’une vingtaine d’année « qui a su obéir pendant 20 minutes et appeler les gendarmes malgré les menaces ».

Au vu de ces faits et de la scène « glaçante » de la vidéo, la procureure a requis trois ans de prison, dont un an avec sursis avec mandat de dépôt. L’avocat du père de deux enfants plaide de son côté une peine aménageable en bracelet électronique, justifiant de l’accumulation de ses problèmes personnels et financiers, vivant une instance de séparation. Les derniers mots du paysagiste Stéphanois ont été difficilement exprimés, entre larmes et voix cassante, suppliant la cour de ne pas le mettre en prison pour voir ses enfants.

Le tribunal a cependant choisi d’être sévère quant à la violence des faits. Il a été condamné à un an de prison ferme avec mandat de dépôt immédiat. Il a aussi reçu l’interdiction d’approcher du domicile ou du lieu de travail de la victime et de détenir une arme pendant cinq ans.

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