Législatives : 7 questions que les retraités de Haute-Loire posent aux candidats

Par Nicolas Defay jeu 02/06/2022 - 17:00 , Mise à jour le 02/06/2022 à 17:00

Dans le département, ils représentent environ 30 % de la population. Leur retraite moyenne ne dépasse pas les 1 000 euros brut selon la CGT. Et la Haute-Loire possède un taux de pauvreté des plus de 65 ans l’un des plus hauts de l’Hexagone. Devant ce constat accablant, sept questions sont alors posées aux futurs députés sur le sujet.

Selon un rapport de la Cnav en 2019 (Caisse nationale d'assurance vieillesse), le nombre de retraités en France atteint 14,5 millions de personnes, droits directs et dérivés confondus. Sur les 227 000 habitants de la Haute-Loire, ils sont environ 68 000 retraités. « Notre département se caractérise par un taux de pauvreté des plus de 65 ans à 14,2 %, soit 5 points de plus que la moyenne nationale », indique Anne-Marie Eche, secrétaire déléguée CGT des retraités du Puy-en-Velay.

Les chiffres de l’Insee en 2020 affiche effectivement un taux de pauvreté nationale pour cette population de 9,5 %, et de 14,6 % toute population confondue l’échelle du pays.

Le taux de pauvreté représente le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté pour une population donnée. Il existe plusieurs définitions du seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de la population. Il correspond à un revenu disponible de 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. (Chiffre 2019).

Après de nombreuses actions physiques à l’instar des manifestations qui ont ponctué le département et le pays notamment durant l’année 2021, après la diffusion de tracts, d’organisations de réunions publiques et encore d’opérations de sensibilisations par voie de presse, les retraités se tournent à présent vers les 19 participants (et autant de suppléants) à la course aux législatives en Haute-Loire.

Le syndicat majoritaire (CGT) a envoyé à chaque candidat sept questions dont ils entendent bien avoir des réponses précises, sans langue de bois, dénuées de promesses futiles et improductives.

1- Êtes vous favorable à un retour à l’indexation des pensions sur l’évolution du salaire moyen ?

« Depuis 2013, les retraités ont perdu près d’un mois de pension sur une année !, développe d’une même voix les retraités syndicalistes. Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) démontre que le niveau relatif des pensions par rapport au revenu d’activité va continuer inexorablement à se dégrader d’année en année ».

« Nous représentons une part très importante en nombre dans la société. Et pourtant, nous avons l’impression de passer sous les radars des décideurs politiques. Devenir invisible n’est clairement pas une option pour nous ». Anne-Marie Eche

2- Êtes-vous prêt à prendre des mesures pour un rattrapage du pouvoir d’achat perdu depuis 2014 ?

« Le candidat Macron lors de son premier mandat avait promis aux retraités le maintien de leur pouvoir d’achat, rappellent-ils. Or, la CSG (Contribution Sociale Généralisée) a été augmentée de 1,7 points le 1er janvier 2018 ! »

La contribution sociale généralisée (CSG) est un impôt destiné à participer au financement de la protection sociale. Créée par la loi de finances pour 1991, la CSG est un impôt assis sur l’ensemble des revenus des personnes résidant en France.

A la création de l'impôt en 1991 sous le Premier ministre Michel Rocard, le taux de CSG était de 1,1%. 30 ans plus tard, il y a désormais 4 taux en vigueur : un taux réduit à 3,8%, un taux médian à 6,6%, un taux normal à 8,3% et un taux à 9,2%.

Le taux de cotisation pour les retraités dépend du revenu fiscal de référence. Plus ce dernier est élevé, plus le taux de contribution sociale généralisée augmente.

3- Êtes vous favorable à l’annulation de la hausse de la CSG et pour la mise en place d’une assurance maladie financée par les cotisations sociales ?

« Le nombre de lits supprimés à l’hôpital depuis le début du mandat Macron I se monte à 17 600 !, grincent-ils. Cette situation fragilise tout le système de santé du pays et génère déserts médicaux et industriels sur l’ensemble du territoire ».

Nathalie Coutinet, économiste de la santé, maîtresse de conférences à l'université Paris 13, interrogée sur Radiofrance en avril 2021 affirme que le chiffre de 100 000 lits supprimés en 20 ans en France pour engendrer 9 milliards d’euros d’économie est loin d’être absurde.

4- Quelles mesures envisagez-vous pour améliorer le système de santé hospitalier ?

« Les récents scandales Orpéa et autres ont mis en exergue les très graves défaillances du système, s’indignent-ils. Une loi traitant du « grand âge » devait sortir...mais rien. Le service d’aide à domicile n’est pas meilleur. Il est juste scandaleux que des groupes privés s’enrichissent sur le dos des seniors ».

Les aides à domiciles sont 1 500 en Haute-Loire. « La plupart des aides à domicile ont des contrats de travail à temps partiel avec des paies qui ne dépassent pas les 700 ou 800 euros mensuelles ! » Céline Lioutaud,  CGT des Organismes Sociaux de la Haute-Loire

5- Êtes-vous favorable à ce que tous les services de santé présents dans les locaux de l’hôpital restent publics ?

« L’ancien bâtiment U de Centre Hospitalier Émile-Roux au Puy va être transformé pour devenir un SSR (Service de Soins de suite et de Réadaptation) géré par une société privée, livrent les retraités. Nous n’acceptons pas ce hold-up au profit des actionnaires du groupe Korian ! »

« Nous nous insurgeons devant l’installation du groupe Korian dans les locaux de l’hôpital public Émile-Roux ! C’est une organisation privée à but lucratif . Quand on voit les dérives dévoilées par la presse sur ces groupes là, on peut réellement s’inquiéter de cette intrusion du service privé qui ne vient jamais par philanthropie s’occuper de service public ». Anne-Marie Eche

6- Êtes-vous favorable à la prise en charge de la perte d’autonomie à 100 % par l’assurance maladie ?

« De nombreux services publics sont fermés, numérisés, déshumanisés, lancent-ils. La marche forcée 2.0 au détriment de la proximité et de la présence de salariés entraîne de plus en plus de retraités dans des difficultés d’ordre social et accélère l’isolement ».

Selon une étude Insee du 30 octobre 2019, une personne de plus de 75 ans sur deux n'a pas d'accès à Internet depuis son domicile (53%), tout comme 34 % des personnes sans diplôme ou titulaires d’un certificat d’études primaires (CEP) et 16 % des plus modestes. 17% de la population française tout âge confondu ne peut ou ne sait pas utiliser internet.

7- Êtes-vous favorable à la remise en place de services publics de proximité répondant aux besoins des concitoyens ?

« Il n’y a plus de ministère dédié aux personnes âgées, soulignent-ils. Nous et les 17,8 millions de retraités en France n’ont aucun interlocuteur en place dans les haute-sphère du gouvernement ».

Dans la composition du gouvernement actuel, c’est Damien Abad, Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, le plus à même à se pencher sur le sort des retraités. « Mettre en œuvre la politique du Gouvernement relative aux personnes âgées et à la perte d'autonomie » est l’une de ses missions.

Des retraités militants CGT au siège de la maison des syndicats au Puy. Photo par Nicolas Defay

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5 commentaires

mo

ven 03/06/2022 - 10:54

Il ne faut pas rêver! des paysans qui ont des maisons, des appartements,des gîtes ? et quoi d'autres ? Je suis agricultrice retraitée et nous avons avec mon mari notre maison d'habitation et c'est tout ! et nous sommes la majorité dans ce cas-là!!

he

ven 03/06/2022 - 08:07

en complément du commentaire de st j'ajouterai que pendant de nombreuses années certains salariés touchaient un salaire officiel et une autre partie en espèces échappant à toutes cotisations et déclarations fiscales, la retraite du coup en en pris ...  un coup !

idem pour les artisans qui ont proposé/accepté des paiements en liquide échappant à la TVA, aux charges liées à l'activité, donc à la retraite, et quelque fois à la garantie sur les travaux.Pas de facture donc pas d'indemnisation de l'assurance de l'artisan.  

st

ven 03/06/2022 - 06:23

Attention à la notion de petite retraite, notamment pour les paysans, car on ne parle jamais des maisons, appartements, gîtes en location... Un peu de transparence ne ferait pas de mal.

mi

jeu 02/06/2022 - 21:52

Nous verrons si Mrs Macron tient sa promesse à mettre la retraite de base minimum à 1100€ nett !!!

he

jeu 02/06/2022 - 18:58

c'est vrai que le fait de traiter avec le groupe Korian n'est pas de nature à apaiser les tensions. Une renonciation est-elle possible ? ce groupe cherchera par tous les moyens à maintenir une rentabilité pour satisfaire ces actionnaires.