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Un cadavre mutilé réveille la guerre du loup en Haute-Loire

lun 18/07/2022 - 06:00 , Mise à jour le 18/07/2022 à 06:00

"Quand on parle du loup on en voit la queue... ". Après plusieurs attaques récentes, signalées par des éleveurs altiligériens au mois de mai et juin, un cadavre mutilé a été découvert par des randonneurs sur la commune de Saint-Paul-de-Tartas la semaine dernière.
Une bien macabre trouvaille qui relance la brûlante question de la cohabitation avec la bête sur notre département.
 

Cela fait maintenant sept ans que le prédateur est revenu rôder en Velay. C’est en octobre 2014 en effet que la question du loup est brutalement ressurgie après un siècle de relatif anonymat. Une attaque, la première en Haute-Loire depuis sa disparition du territoire dans les années 1920, avait alors décimé plusieurs brebis sur la commune de Saint-Etienne-du-Vigan, à la pointe Sud du département.
A l’époque, une partie des agriculteurs de Haute-Loire et les deux syndicats agricoles, la DFSEA et les Jeunes Agriculteurs 43, avaient immédiatement déclaré la guerre au nouveau venu et souhaité « l’extermination purement et simplement du loup sur notre territoire ».

Depuis, malgré la mise en place d’un système d’indemnisation, le conflit n’a fait que s’accentuer entre les éleveurs et le canidé.     
Quelques rares attaques se sont alors poursuivies depuis son retour sur notre territoire comme à Saint-Julien-du-Pinet en 2017, sur la commune de Chanteuges en 2018 ou une nouvelle fois à Saint-Etienne-du-Vigan en 2019.    
Compte tenu de ces agressions ponctuelles, et de la présence constatée du loup sur une partie de notre département, la protection des troupeaux ovins et caprins est d’ailleurs aujourd’hui subventionnée dans certaines communes de Haute-Loire faisant partie du zonage délimité en préfecture.

Communes éligibles aux mesures de protection des troupeaux contre les grands prédateurs Photo par DR

Un zonage fixé par arrêté préfectoral qui a acté, dernièrement, le développement des cercles de prédation d’un animal qui gagne virtuellement du terrain en Haute-Loire.    
En mars 2022, la préfecture du département a ainsi fait entrer 90 communes altiligériennes dans les différentes zones de prédation reconnues de l’animal. Deux communes, Blesle et Saint-Etienne-sur-Blesle à l’ouest du territoire sont ainsi classées en cercle de prédation 2 qui correspond aux « zones où des actions de prévention sont vivement nécessaires du fait de la survenue possible de la prédation par le loup ». 88 autres communes sont classifiées en cercle de prédation 3 qui caractérise les secteurs dans lesquels « la survenue de la prédation est possible à moyen terme et où des actions de prévention sont encouragées ».  

Abattre un loup est un délit sévèrement puni

Si la cohabitation est donc bien souvent conflictuelle, et que la présence avérée du prédateur nécessite des mesures de protection des troupeaux et d’indemnisation des éleveurs victimes de sa « faim de loup », l’animal demeure une espèce protégée et l’abattre est un délit sévèrement puni.         
En France, c’est l'Etat qui fixe le nombre éventuel de bêtes pouvant être abattues dans l’année afin de protéger les troupeaux menacés. Mais cette opération reste strictement encadrée et nécessite notamment une décision préfectorale et une supervision de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Tuer un loup, en dehors de ce cadre réglementé, est ainsi passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000€ d’amende.

Un cadavre mutilé… et décapité

Mais la macabre découverte estivale de Saint-Paul-de-Tartas relève plus de l’acte de barbarie que de la simple battue préfectorale. Cadavre mutilé, corps transpercé par de multiples pieux acérés… et tête sectionnée.
A l’image des noces pourpres de la série Game of Thrones, l’égorgeur signe ainsi son crime en décapitant l’animal et en emportant son crâne comme un lugubre trophée de chasse.    
Maillon décrié d’un écosystème fragile, péril réel ou fantasmé pour les acteurs de notre vie rurale, le loup demeure, hier comme aujourd’hui, une figure controversée qui fascine autant qu’il est redouté.    
Alors loup – pastoralisme : cohabitation impossible ? Et s’il était temps de penser une cohabitation écologique en bonne intelligence et ne plus systématiquement « crier au loup » ? C'est la position que soutient Jean Michel Bertrand. Le réalisateur de deux longs métrages sur les loups affirme que les campagnes d’abattage sont in fine contre-productives puisque le loup aura toujours tendance à se disperser (écouter son interview dans le podcast Baleine sous gravillons)