Plus de 10% de l'effectif Michelin en France va disparaître en trois ans

Par A.Wa ven 08/01/2021 - 17:32 , Mise à jour le 08/01/2021 à 17:32

Sur les 2 300 postes qui seront supprimés, en départs volontaires négociés, certains concerneront le site de Blavozy. Aucune fermeture pour ces trois prochaines années, mais après, qui sait ?

Ce mercredi 6 janvier 2021, la direction du groupe Michelin a dévoilé un « de simplification et de compétitivité » pour les trois prochaines années. Face à la concurrence de pneus à bas coûts provenant d’Asie, le Bibendum prévoit une réduction de postes pouvant aller jusqu’à 2 300 (jusqu’à 1 100 postes pour le tertiaire, jusqu’à 1 200 postes pour l’industrie). Tous les sites peuvent être concernés, y compris celui de Blavozy.
2 300 postes, « c’est plus de 10% de l'effectif Michelin en France qui va disparaître en trois ans », s’étrangle Laurent Bador, délégué syndical central Cfdt. La Cfdt s’attendait à une annonce forte sur le tertiaire clermontois mais « l’annonce de telles suppressions de postes sur les sites industriels est une surprise particulièrement mauvaise » à ses yeux. 

Combien de salariés ponots partiront et avec quel package ?

Et même si ce plan ne sort pas de nulle part, qu’il est le fruit de plusieurs années de réflexions avec les partenaires sociaux, son annonce, par voix de presse, choque Hervé Bancel, délégué Cgt à Michelin Blavozy. « J’ai tout de suite appelé le directeur des ressources humaines, raconte-t-il, parce que c’était dans les tuyaux depuis un moment, avec le Covid, ça avait été reporté mais il s’agissait surtout de suppressions de postes à Clermont, or là il s’agit de tous les sites. » Combien de salariés ponots partiront et avec quel package, cela reste à voir en fonction des volontaires et des négociations avec les partenaires sociaux, année par année.

Les Effectifs

Actuellement le site de Blavozy emploi quelque 550 salariés titulaires (très peu de précaires actuellement ; quelques intérimaires parmi les caristes notamment et encore moins de CDD). À son apogée, le site, vieux de 43 ans, a employé jusqu’à 750 personnes.

La direction se veut rassurante : près de 60% des départs envisagés se feraient sur la base de départs anticipés à la retraite et le reste par des départs volontaires accompagnés. Mais « même s’il n’y aura pas de licenciements secs, cela reste des suppressions de postes », s’offusque Hervé Bancel. D’autant que les salariés vellaves proches de la retraite sont désormais rares après la grande vague de départs en retraite entre 2017 et 2019 avec l’embauche d’environ 200 nouveaux salariés, soit 40 % de l’effectif du site. 
Afin de compenser, pour tout poste supprimé, Michelin « s’engage à contribuer à en recréer un autre, soit dans le cadre du développement de ses nouvelles activités, soit en prenant part à la redynamisation des bassins d’emplois, dans un calendrier réaliste ». Un effet de communication selon Hervé Bancel : « Ce n’est pas un chimiste qui travaille sur la gomme actuellement qui pourra bosser dans l’hydrogène ou le recyclable, en tout cas pas des salariés de Blavozy, les compétences ne sont pas les mêmes. » 

Nous avons donc demandé au directeur du site vellave, Dorian Defache, si les Bibs blavoziens actuels seraient formés à de nouveaux procédés. Depuis 2019, le site de Blavozy transforme son outil de production de pneus de génie civil pour passer d’un travail manuel près physique, une véritable manufacture datant des années 1970-80, à du pilotage par tablette, réduisant à l’occasion la pénibilité. La production, elle, reste la même : des pneus grands formats de génie civil – BTP (avec une gamme de 250kg à 1,4t pour chacun des pneus). Les mêmes pneus mais fabriqués différemment.

Pendant le début de la crise du Covid, au printemps, Michelin Blavozy a connu une période d’activité partielle. En 2020, le site a fonctionné à la moitié de sa capacité. Mais en fin d’année les commandes sont reparties à la hausse avec l’appel à une trentaine d’intérimaires. « Notre mode de fonctionnement repose très peu sur les précaires, précise Dorian Defache, nous avons un accord sur les 35 heures qui nous permet d’absorber les hauts et les bas », tout en précisant que le recours aux intérimaires est indispensable pour répondre à la demande des clients car « sinon ce sont nos concurrents qui le feront ». En 2021, Michelin s’attend à réaliser 24 % de production en plus par rapport à 2020 sur le site de Blavozy, ce qui ne rattrapera pas tout à fait la production de 2019.

Sans investissements clairs, la CFDT « n’aurait définitivement plus confiance en Michelin et ses dirigeants »

Si les investissements semblent sécurisés sur Blavozy, Laurent Bador, pour la Cfdt, se dit très inquiet de ne pas avoir de montants d’investissements prévus sur les sites du groupe. « Comment Michelin peut-il estimer très précisément le nombre d’emplois à supprimer mais pas les investissements à réaliser ? La réussite passera sur chaque site par un travail sur des bases claires en termes de moyens et d’engagement avec tous les acteurs locaux […] Si tel n’était le cas, la CFDT n’aurait définitivement plus confiance en Michelin et ses dirigeants. »

La représentation syndicale

La Cgt est majoritaire à près de 65 % sur le site de Blavozy. La Cfdt, elle, représente 36 % des élus avec deux délégués syndicaux ainsi que des élus agents collaborateurs techniciens et cadre au Comité social et économique (CSE) de Blavozy. 

 

De la confiance en la direction, la Cgt n’en a pas beaucoup. « Le plan assure qu’il n’y aura pas de fermetures de sites mais seulement sur les trois ans du plan, pointe Hervé Bancel, qui dit qu’il n’y aura pas de fermetures après ces trois ans ? Comme ils l’ont fait à la Roche-sur-Yon. » Pour lui, ces trois années serviront à la direction à identifier quels sites fermer. Nous avons donc demandé au directeur Dorian Defache, où se situerait Blavozy sur le classement des sites les plus en péril.

 

Enfin, Hervé Bancel rappelle que les bénéfices nets de Michelin depuis 2008 dépassent régulièrement les 1,5 milliards d’euros par an, avec des dividendes dépassant régulièrement les 35 % de bénéfices. Tout en profitant de l’argent du contribuable via le CICE (Crédit Impôt pour la compétitivité et l'emploi) et les exonérations de cotisations sociales notamment. La réaction de Dorian Defache.

> Télécharger :
communiqué de la direction nationale de Michelin

 

communiqué de EELV Auvergne

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1 commentaire

lo

ven 08/01/2021 - 23:50

Je vois qu'encore une fois les syndicats crachent dans la soupe et pourtant elle les abreuve et fait vivre une partie de la région. On ne peut travailler aujourd'hui comme dans les années 70/80 si l'on veut échapper à une concurrence sans pitié où que ce soit, Michelin compris. Si l'entreprise a heureusement évolué depuis 1977, force est de constater que les syndicats, eux, sont resté en rade et tiennent encore des propos "dignes" de l'époque de Zola. NAVRANT !!