Migrants : 0,2% de la population de la Haute-Loire

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:52

Cette prise de parole intervient alors que le Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb présente le projet de loi dit « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif en Commission des Lois ». Pour le collectif, ce texte durcirait encore les conditions d’accueil de toutes les populations migrantes (demandeurs d’asile, sans papiers, mineurs isolés…). « Alors que des propos incitent à la peur de l’autre, la culpabilisation ou la stigmatisation pour ne pas dire la haine raciale, estime RESF43, nous souhaitons démonter un certain nombre de préjugés et alerter les citoyens sur la vie de galère réelle que vivent ceux qui ont quitté leur pays pour trouver refuge chez nous ». Le collectif souhaite aussi souligner « combien sont nombreux ceux qui, en Haute-Loire, sont solidaires et humains face à cette violence d’État ».

Qui sont-ils ?
Parmi les structures d’accueil en haute-Loire, il existe deux CADA (Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile) : Langeac et Le Chambon sur Lignon (avec une antenne à Yssingeaux) ; un CAO (Centre d’accueil et d’Orientation) à Saint-Beauzire, centre Léo Lagrange (hommes seuls et maintenant quelques familles, venant de Calais ou « Dublinés » placés par l’État). En ce qui concerne les mineurs, il existe une structure, le DAMIE, dispositif d’accueil des mineurs isolés étrangers, mise en place par le Conseil départemental (environ 80 jeunes) relevant de l’Aide sociale à l’enfance. « Mais une cinquantaine de jeunes sont hébergés par des bénévoles du réseau, car exclus de ce dispositif pour suspicion de minorité », souligne RESF43.

Combien sont-ils ?
Les familles déboutées du droit d’asile sont au nombre de 25 ou 26 (55 adultes et 60 enfants) en hébergement d’urgence assuré par Le Tremplin au Puy et Trait d’Union à Brioude. Ces familles sont suivies par RESF et les associations humanitaires ou caritatives. « Certaines sont là depuis 5, 6 voire 7 ans, toujours dans l’attente de la régularisation de leur situation », regrette RESF. Il s’agit de familles venant majoritairement du Kosovo, d’Albanie mais aussi RDC (Congo) et Tchétchénie. « Toutes ces familles sont hébergées, parfois mal mais, en Haute-Loire, aucune n’est à la rue », se console RESF.
Des familles ayant le statut de réfugiés (guerre, politique), venant de Syrie, d’Iran, peu nombreuses, ont des conditions d’accueil, de logement, d’accompagnement que le collectif juge correctes.
Et puis, quelques familles ou personnes isolées venant fréquemment du Maghreb (beaucoup du Maroc) sont sans droits et moins identifiées.
Les « Dublinés » (environ 80) : inscrits la première fois sur un fichier européen lors d’un contrôle, d’un passage de frontière, d’une demande d’asile… dans un pays d’Europe autre que la France : ils sont sans droits et sont considérés pendant 18 mois en délit s’ils refusent de repartir dans le pays d’Europe où ils ont laissé leurs empreintes. « Ce dispositif des accords « Dublin » génère hélas un nombre important de personnes entrant dans la clandestinité », déplore RESF.
En Haute-Loire, ces trois cas de figures comprendraient au maximum 500 personnes au total. Sur une population de 226 565 habitants, le collectif fait remarquer que cela représente « environ 0,2%, pas de quoi crier à l’invasion ! ».

Moyens pour vivre, alimentation, hébergement, éducation, santé
Avant attribution par Tremplin aux familles déboutées de tickets service : les personnes reçoivent 5€/semaine/personne pur une estimation totale d’environ 25 000€/an. « Malgré la rencontre des associations membres de RESF avec les responsables de Tremplin et différentes interventions, la décision de Tremplin de supprimer cette aide a été maintenue », raconte RESF qui explique : « Tremplin dit vouloir revenir à ses fondamentaux (la mise à l’abri) et c’est au nom de l’égalité de traitement des sans abris qu’il propose ce nivellement par le bas ! » En Haute-Loire, on compte 250 lits d’hébergement d’urgence ; environ 50% des possibilités sont occupées par les familles migrantes. « Ainsi les familles qui n’ont pas le droit de travailler, et qui ne perçoivent plus aucune aide d’Etat, dépendent complètement de l’aide des associations caritatives ou de la solidarité », fustige RESF.
Face à cette situation, RESF et les associations caritatives et humanitaires qui se coordonnent déjà pour d’autres aspects concernant l’aide aux déboutés (financement des frais de traduction,  passeports, avocats…  les démarches concernant la demande de régularisation) estiment qu’il est nécessaire de poursuivre ce travail de concertation et coordination et de réagir ensemble et ont décidé de débloquer de nouveaux fonds pour compléter quelque peu les colis alimentaires.
Dans les communes de Haute-Loire (St Germain, St Julien Chapteuil, Laussonne, Lantriac, Blavozy…) où des familles ont eu un logement, des comités de soutien se sont créés pour organiser l’aide matérielle quotidienne (transports, démarches administratives, pour l’école, le sport, cours de Français… ). « Encore une fois c’est la solidarité qui permet à ces familles de survivre, rappelle RESF. Car comment se rendre au Puy pour récupérer un colis alimentaire sans argent ? Comment assumer son rôle de parents d’élèves quand on ne maîtrise pas la langue ? »

Une autre difficulté majeure rencontrée par le demandeur d’asile, que ce soit pendant la durée de la demande mais aussi après le refus de l’asile, c’est le refus du droit au travail (pas le droit aux minima sociaux ni aux allocations familiales). « L’inactivité obligée accentue le mal être de personnes déjà fragilisées psychologiquement suite à l’exil, les conditions de l’exil, la perte de leur famille et culture, déplore RESF, elle n’aide pas à l’intégration et prive les familles de ressources les condamnant à vivre de la seule solidarité. »

En Haute-Loire, le droit à l’éducation des enfants et des jeunes mineurs isolés (quand ils ont franchi toutes les étapes pour faire reconnaître leur statut de mineurs) est « plutôt bien respecté », estime le collectif, même s’il juge que le nombre d’heures de cours pour l’apprentissage du Français est « très insuffisant à tous les niveaux ».
En Haute-Loire, depuis quelques mois, les déboutés du droit d’asile n’ont plus droit à la CMU-C mais seulement à la Protection universelle maladie (CMU). Certains remboursements, comme le reste à charge, ne sont plus assurés.
Pour RESF, les personnes déboutées ont « plus que d’autres besoin de soins » en raison de leur vécu, du stress, de la peur. Or, leur prise en charge est difficile par manque de spécialistes, non maîtrise de la langue, accès aux examens complémentaires…

La situation spécifique des mineurs dans le 43
Après un temps d’accueil à l’Aide Sociale à l'Enfance (ASE), les jeunes sont « évalués ». Pour le collectif, cette évaluation peut prêter à contestation. A ses yeux, les jeunes sont trop souvent exclus de l’ASE pour présomption de majorité. Pour que ces jeunes ne soient pas à la rue, ou traités comme majeurs et soumis à une obligation de quitter le territoire, le réseau a choisi de les héberger, dans la mesure du possible, chez des bénévoles. Ainsi 50 jeunes, sont pris en charge par RESF. Ils suivent alors le cursus suivant : présentation chez l’avocat, recherche de documents d’identité si besoin dans les pays d’origine, puis saisie du juge pour enfants « qui dans 99% des cas fait une ordonnance de placement à… l’Aide sociale à l’enfance ! »
RESF43 attend un rendez-vous avec les responsables de l’Aide Sociale à l'Enfance, ses premières rencontres et son courrier précédent n’ayant pas abouti.

> Lire aussi :
Retour sur un repas avec les migrants à Saint-Beauzire Date : 20/04/2017

Autre initiative : une conférence
L’Association d'hommes et de femmes de gauche (7 avenue du Maréchal-Foch, au Puy), indépendante de tout parti politique, organise une conférence sur l’accueil des migrants, ce jeudi 19 avril 2018 à 20 h à la Maison de la Citoyenneté (9 rue Chevaliers Saint-Jean, au Puy).
Parmi les intervenants, Didier Luce, délégué Territorial à l'animation de la Fédération Léo Lagrange et Directeur du Centre Accueil et Orientation (CAO), mais aussi un délégué du Réseau éducation sans frontière (RESF43) et un délégué du Comité inter mouvements d'aide aux évacués (CIMADE Le Puy en Velay).

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