L’Aide à domicile de Haute-Loire se renforce
Handicapé et alors ?
Vendredi 18 novembre au Conseil départemental, 42 personnes ont reçu une Reconnaissance des Acquis de l’Expérience (RAE), tous travailleurs au sein d’une structure protégée en Haute-Loire. Un diplôme, certes. Mais surtout un « outil pour prendre confiance en soi et valoriser ce qu’on est capable de faire ». (Catherine Bruyère).
Plus de 200 personnes sont réunies dans la grande salle du Département, auditoire composé de personnels évoluant dans un ESAT (établissement et service d'aide par le travail) ou un IME (instituts médicoéducatifs), d’accompagnants, de familles, d’associations médico-sociales et d’élus de la Communauté d’Agglomération et du Conseil départemental.
Ils sont là pour assister à la remise de l’attestation de Reconnaissance des Acquis de l’Expérience à 42 bénéficiaires et 9 accompagnateurs. « Aujourd’hui est le jour national du Compétence Day, précise Catherine Bruyère, Directrice de l’ESAT Ovive de Monistrol-sur-Loire. Le diplôme qui est remis officialise le savoir-faire d’une personne en situation de handicap sur une portion d’un titre professionnel. Outre cette mise en exergue des compétences maîtrisées, c’est aussi et surtout un outil pour prendre confiance en soi ! »
« La discrimination, elle existe certainement dans la vie et la société, peut-être même au quotidien parfois. Mais dans le milieu protégé d’un ESAT, ce mot n’a aucune valeur. Il n’existe plus ». Catherine Bruyère
« Ça me fatigue beaucoup mais je fais avec »
Adrien Montel a 23 ans. Son handicap est la surdité. Depuis deux années, il travaille à l’ESAT de Monistrol-sur-Loire. Il est l’un des 42 heureux récipiendaires. « Je travaille à l’espace vert où je fais de la taille, de la tonte, du débroussaillage, de l’élagage et de l'abattage d’arbres, partage-t-il. Je suis vraiment content d’être là-bas car tout le monde est bienveillant avec tout le monde ».
Il continue : « Je suis sourd et appareillé. Et parfois, c’est vrai, c’est dur pour moi d’échanger avec des personnes entendantes car je dois me concentrer lourdement pour communiquer. Ça me fatigue beaucoup mais je fais avec ».
« On a tous nos difficultés et nos soucis, bien portants et handicapés »
À la question de savoir s’il a été victime de discriminations ou de moqueries à cause de son handicap, Adrien Montel répond : « Le regard des autres peut être blessant. Il y a des critiques, des méchancetés, des rumeurs. Moi, ça ne me dérange pas. Je sais que ces méchancetés proviennent à chaque fois de l’ignorance de ceux qui les disent. »
Il donne alors un leçon à tous et notamment à ceux qui auraient une langue aussi mauvaise que leur cerveau petit : « On est tous différents. Vous, moi, eux, tout le monde. On a tous nos difficultés et nos soucis, bien portants et handicapés. Et on a tous nos richesses aussi. C’est ça qu’il faut voir et c’est tout ».
Un chômage en baisse. Mais bien trop élevé encore.
Sur l’estrade, Jean-Marc Boyer, Conseiller départemental délégué au personnes en situation de handicap, partage quelques chiffres sur la situation de l’emploi. « En trois ans, le taux de chômage des personnes handicapées est passé de 19 à 14 % ! », se félicite-t-il.
Mais il nuance tout de même : « Il faut également rappeler que le taux de chômage de ce public reste deux fois plus élevé que dans l’ensemble de la population ».
C’est une Maison bleue...
Il évoque aussi la création d’un grand pôle Handicap au sein d’une importante structure au Puy-en-Velay. « La Maison Départementale de l’Autonomie (MDA) ouvrira enfin ses portes dans l'avenue Maréchal Foch au cours du 1er trimestre 2023. Un guichet unique concernant les questions liées à la dépendance, la perte d’autonomie et le handicap sera mis à disposition de toute la population et aux acteurs du territoire ».
En parallèle, un appartement témoin baptisé Maison bleue sera créé dans le but de montrer les possibilités technologiques les plus modernes pour faciliter la vie de tous les jours des personnes concernées.
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5 commentaires
Allez visiter un ESAT et vous changerez peut-être d'avis...
à aj : les personnes orientées en ESAT par les MDPH PEUVENT bien sûr travailler en entreprise ordinaire, exemple des serveurs trisomiques employés par les Cafés Joyeux, certains avaient même une orientation en "foyer de vie". Par rapport à l’exemple donné dans l’article, je connais une personne totalement sourde qui a eu une carrière d’audioprothésiste. Le titre du livre de Thibault PETIT « Handicap à vendre » explique justement ces détachements en entreprises, de travailleurs parfois très autonomes mais toujours payés 0,90 ct de l’heure par leur ESAT et dont la prestation est vendue beaucoup plus cher à l’entreprise par l’ESAT. Sans travailler, ce travailleur toucherait quasiment la même chose en AAH. Après... une RAE ne peut pas faire de mal en effet
Les deux commentaires publiés méritent quelques précisions. Les personnes qui travaillent en ESAT sont orientées par la MDPH et ne PEUVENT pas travailler en entreprise ordinaire. De plus, l'immersion en entreprise des travailleurs existent dans tous les ESAT,à travers des détachements et des mises à disposition. Quant à la soit-disant "exploitation des handicapés", les ESAT sont gérés par des associations ou des entités territoriales ou public qui ne font pas de bénéfice et les personnes ont un revenu(avec l'AAH) à hauteur du SMIC. Pour ce qui est de l'utilité de la RAE, si elle ne donne pas accès automatiquement au milieu ordinaire, elle permet une RECONNAISSANCE OFFICIELLE des savoirs-faire et contribue à une valorisation de personnes trop souvent en échec. Coordo D&C
Le coût de l’encadrement au sein des ESAT (salaires des accompagnants, moniteurs, directeur, secrétaire...) est de plus de 1000€ par travailleur et par mois. Il suffirait de donner ces 1000 € par mois aux entreprises ordinaires pour rémunérer le tuteur d’entreprise qui encadrera le travailleur handicapé de la même façon qu’à l’ESAT, à temps partiel, sans notion de rentabilité, mais dans le milieu ordinaire, dans la vraie vie, pas « entre handicapés ». C’est ce que l’ONU demande à la France : éradiquer progressivement ces ESAT et intégrer véritablement les travailleurs handicapés dans le milieu ordinaire du travail. Ces milieux ségrégués appartiennent au passé
Je suis partagé sur ces RAE qui reconnaissent la compétence des travailleurs d’ESAT car que se passe t il après la cérémonie ? Rien..justement : reconnaître des compétences, c’est permettre une perspective de sortie du milieu protégé, or il n’en est rien. On ne nous dit jamais que ces travailleurs avec ou sans RAE sont payés au maximum 10 % du SMIC par leur ESAT, soit grosso modo 90 centimes de l'heure et ceci est leur seul revenu du travail (qui accepterait cela ?) le reste étant versé au travailleur par l’état (donc par le contribuable, aide totalement justifiée pour compenser le handicap) pour un maximum de 800€ environ par mois..Le livre de Thibault Petit « Handicap à vendre » dénonce une exploitation des handicapés par les ESAT