Fièvre catarrhale : les éleveurs bio de Haute-Loire opposés à la vaccination

jeu 15/10/2015 - 13:42 , Mise à jour le 15/10/2015 à 13:42

Suite à l’épisode de fièvre catarrhale ovine, le Collectif 43 pour la liberté du choix prophylactique sur la vaccination FCO réagit face à ce nouvel épisode.
Il vient d'envoyer un courrier à Stéphane Le Foll, le Ministre de l’Agriculture, cosigné par les quatre groupements d'agriculture biologique d'auvergne.
Car outre l'aspect financier, qui représente un réel handicap pour les éleveurs concernés (à partir du moment où l'animal est vacciné, il faut compter environ un mois pour recommencer à le commercialiser, tout en continuant à le nourrir), comme nous l'avaient confiés divers éleveurs du département il y a déjà une semaine (lire notre article), c'est aussi une question de principe et de logique pour les éleveurs bio du département de la Haute-Loire.
Selon les éleveurs bios, cette crise sanitaire va contribuer à instaurer un climat malsain injustifié autour des élevages, et les fragiliser un peu plus, car outre l’innocuité de la maladie vis-à-vis de l’homme, les mesures prises ne vont pas dans le sens d'une gestion à long terme.

"Il serait plus judicieux de chercher à développer une immunité naturelle durable"   
Patrice Coutagny, président du GRAB d’Auvergne (ndlr : Groupement Régional des Agriculteurs Biologiques en Auvergne), écrit notamment dans sa lettre au Ministre : « une nouvelle vague de panique souffle sur l’élevage et les éleveurs en France et plus particulièrement sur notre bassin d’élevage du massif central. Les agriculteurs bio ont su par le passé se mobiliser pour trouver des solutions et faire preuve de responsabilité. D’autres éleveurs et professionnels agricoles (négociants en bestiaux, vétérinaires...) se rallient à notre manière d’appréhender la maladie et pensent qu’il serait plus judicieux de réfléchir à « comment vivre avec » et chercher à développer une immunité naturelle durable plutôt que de vouloir à tout prix chercher à être « indemne » par une vaccination qui n'apporte qu'une immunité temporaire.
----Nos confrères de la Haute-Loire Paysanne affirment ce jeudi que les périmètres interdits pourraient être levés prochainement, selon une source proche du ministère de l'agriculture.-----Aussi, au vu de la gestion de l’épisode précédent et fort de l’expérience acquise par les éleveurs bio dans la maîtrise de cette maladie, nous demandons que la liberté vaccinale soit définie comme un élément incontournable dans son approche (maladie non contagieuse, non transmissible à l’homme et de surcroît présente dans la faune sauvage). De même, la désinsectisation (des élevages) n'a pas fait ses preuves et s'est avérée fatale pour les abeilles. Aussi, nous sommes opposés à son utilisation ».

Un "coût pour la collectivité disproportionné" selon la Confédération Paysanne
La Confédération Paysanne demande l'abandon du classement international "en maladie transmissible" car elle considère que la FCO impose une forte pression règlementaire et sanitaire sans aucun rapport avec sa dangerosité : "son coût pour la collectivité est disproportionné en ces temps de misère budgétaire et face aux grandes difficultés des éleveurs". Rappelons que la FCO est une maladie sans impact sur le lait ou la viande pour les consommateurs et n’est en aucun cas transmissible à l’Homme.
Aussi, la Confédération Paysanne invite à la plus grande prudence dans le choix d’une stratégie de vaccination. "Le précédent épisode de FCO a démontré les conséquences désastreuses d’une campagne de vaccination mal conduite: mortalité des animaux déjà positifs, stérilité des mâles, avortements..." A ce titre, la Confédération Paysanne appelle donc les pouvoirs publics à ne pas imposer une vaccination obligatoire.

Des interrogations sur la baisse des cours
Jean-Louis Cottier, éleveur bio de bovins à Rosiéres, se demande si des motifs commerciaux ne se cachent pas derrière les préoccupations sanitaires : « cette crise arrive à un moment où la plupart des éleveurs sont en difficulté, il n’y a qu’à voir ce qu’il s’est passé cet été, et ça va entraîner une baisse des cours qui va affaiblir un peu plus la profession».
De plus en plus d’éleveurs se rangent à leurs côtés. « Dans la mesure où cette maladie existe dans la nature, il suffit de la chercher pour qu’on finisse par la trouver dans un élevage, et en plus elle n’est pas contagieuse d’un animal à l’autre », ajoute cet éleveur.

Une victoire pour les éleveurs contestataires
Quatre ans après la poursuite en justice des services de l’Etat pour avoir refusé  la demande de dérogation à l'obligation de vacciner, suite au précédent épisode de FCO, la délibération du tribunal administratif de Clermont-Ferrand en date du 25/07/2014 a donné gain de cause aux 105 éleveurs plaidants en condamnant l’état à verser 500 € à chacun d’entre eux au titre de la prise en charge des frais de procédure engagés.

N.S

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