Violences policières de Ste-Soline : "On frôlait la mort toutes les cinq minutes"

Par Ombéline Empeyta Brion , Mise à jour le 31/03/2023 à 12:00

La mobilisation à Sainte-Soline a rapidement tourné à l'affrontement samedi 25 mars. Entre les "black blocs" et les interventions musclées des forces de l'ordre, la manifestation contre le projet de Méga Bassine est devenue une scène de cauchemar. Dans toute la France, à 19 heures, des appels à se rassembler jeudi 30 mars devant chaque préfecture de France en soutien aux victimes. En Haute-Loire aussi, des rassemblements ont eu lieu. Au Puy-en-Velay, ils étaient environ 300.

> Vidéo en fin d'article

Ils étaient tristes, en colère et encore choqués. Pour la plupart hier, ce qu'il s'est passé samedi est un cauchemar, un mauvais rêve. Le ton hier était sérieux, les regards noirs et sombres face à la violence des images de samedi dernier. 

Une manifestation a eu lieu samedi 25 mars à Sainte-Soline sur le terrain d'une méga Bassine dans les Deux-Sèvres. Des fortes altercations entre la police et les manifestations ont fait, selon les organisateurs, 200 blessés parmi les militants, dont 40 grièvement, 2 dans le coma (un des deux en serait sorti jeudi 30 mars). Du côté des CRS, 47 blessés, dont deux grièvement.

En tout, du côté des forces de l'ordre, plus de 5 000 grenades lacrymogènes ont été lancées, 89 grenades de désencerclement. Du côté des manifestants, les rangs des CRS ont eu plusieurs tirs de mortiers, des jets de cocktails molotov, et divers projectiles.

Sous des pancartes et des banderoles en soutien aux victimes, on pouvait entendre et voir défiler les différents témoignages, de ceux qui ont connu ces violences de loin ou de près.

"Ils se sont mis à tirer sur les enfants et les vieux gratuitement. On frôlait la mort toutes les cinq minutes."

Greg, lui, était sur place samedi et portait l'oiseau de la manifestation à l'aide de 49 autres personnes. "Le but, c'était d'être non-violent, mais on s'est directement fait gazer, sur les vidéos, on voit l'oiseau subir un max de projectile, et quand on a les yeux qui piquent, c'est compliqué de diriger un oiseau à 50."

Il n'imaginait pas la violence qui aurait pu se produire. "Ils étaient en ligne et ont tiré les fumigènes et les grenades assourdissantes à 50 mètres alors que notre groupe ne lançait aucun caillou". Confiant même de la passivité de la mobilisation, il avait emmené sa maman de 65 ans. "Dans notre cortège il y avait des enfants, des personnes âgées et on s'est fait canarder. Ils se sont mis à tirer sur les enfants et les vieux gratuitement. On frôlait la mort toutes les cinq minutes." Des images qui ont profondément choqué sa maman " Ma mère n'en est pas sortie indemne, elle est encore sous le choc". 

Greg et sa maman lors de la manifestation contre les violences policières au Puy-en-Velay Photo par Ombéline Empeyta Brion

 Alors hier, jeudi 30 mars, il était présent avec sa pancarte pour témoigner et faire entendre sa voix "on est là pour les violences gratuites et inappropriées pour protéger un tas de terre, ce n'était pas une banque, mais ils l'ont protégé comme une banque". Un des manifestants, déguisé en oiseau noir, était présent dans la foule, rappelant celui de Sainte-Soline. 

L'oiseau du cortège anti violences au Puy-en-Velay Photo par Ombéline Empeyta Brion

"Les violences policières, ce n'est pas que pour les Mega Bassine, c'est partout ". 

Victor, altiligérien, a des amis qui étaient sur place. "J'ai pas mal d'amis qui étaient là-bas et se sont retrouvés confrontés à une guerre, il n'y a pas d'autres mots, c'était vraiment une guerre". Être ici, ce soir-là était donc important pour lui, pour informer "les violences policières ce n'est pas que pour les Mega Bassine, c'est vraiment partout".

Alors même si les violences n'ont pas eu lieu en Haute-Loire, il nous explique la nécessité de se mobiliser partout en France. "C'est histoire que le message passe sur tout le territoire, que tout le monde se rende compte que ça nous concerne tous, faire voir que la Haute-Loire est là aussi et qu'on est tous dans le même sac".

En Haute-Loire aussi, l'inquiétude grandit 

Car justement, son territoire, il le connaît. Et même s'il n'y a pas de Mega bassine dans le département, la préfecture l'a rappelé lors du bilan de l'eau mardi 28 mars à la presse, 17 projets de retenues collinaires ont été identifiés, 11 retenues ont déjà été réalisées et deux devraient voir les travaux débuter prochainement. 

"Il faut qu'on arrête de privatiser l'eau. L'eau, c'est un droit à tout le monde. Il faut agir pour que ça n'arrive pas". Renaud Daumas, conseiller régional écologique à la Région. Présent lui aussi dans les Deux-Sèvres, il a vu les violences de ses yeux. Pour lui, ce projet est une hécatombe pour l'écologie.

"Sur le papier, ce sont des systèmes qui permettent de prendre l'eau quand les nappes sont bien rechargées en hiver, sauf que ça fait deux hivers que les nappes ne se rechargent pas". En local, il nous explique : " La nappe du Devès autour du Puy, on sait que la nappe a baissé de 4 mètres, 100. 000 habitants en dépendent aujourd'hui et pourtant il y a des forages qui se font, des projets de retenues collinaires et ça réduit drastiquement l'eau potable et on l'a vu au Bouchet St Nicolas par exemple." 

En Haute-Loire, 17 projets de retenues sont en cours. Dans la région, selon Renaud Daumas, il y aurait une centaine de projets dont 2 méga bassines. Pour lui, faire ces retenues collinaires pour de l'agriculture intensive de maïs par exemple est aberrant. Pour lui, il faudrait consulter les syndicats agricoles, " et pas seulement les majoritaires et faire du cas par cas."

Manifestation à Brioude contre les violences policières.

Un soutien aux victimes des violences

Lors du rassemblement, une banderole a été affichée et chacun était amené à la décorer. Après une minute de silence et après avoir partagé une soupe et les plats préparés par les différents manifestants, un cortège est parti depuis la place du Breuil dans les rues de la ville.

À Brioude aussi, le soutien aux victimes

En marge de la mobilisation du Puy-en-Velay, à Brioude devant la sous-préfecture, 150 personnes se sont mobilisées et ont voulu faire une action choc avec des manifestants au sol, avec du faux sang, simulant les violences de samedi 25 mars. 

Ci-dessous, la vidéo du cortège de jeudi 30 mars au Puy ▼
 

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Vos commentaires

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12 commentaires

sam 01/04/2023 - 18:02

La violence n'est pas que sur la place du Breuil. La méchanceté et la jalousie engendrent des comportements dignes d'une horrible période que nos parents et grand-parents ont hélas connue : la délation! Celle-ci a de beaux jours devant elle tant que certaines personnes cracheront leur venin!

sam 01/04/2023 - 11:24

L : Je ne comprends pas tout : manifestation doit être déclarée et aussi autorisée, celle ci apparemment non déclarée donc pas déduction non autorisée et  elle a lieu quand même et malheureusement des heurts entre la police et manifestants car nombre de manifestants venus pour en découdre. Cela revient à dire , en comparaison, pour circuler si on prend les sens interdits cela va être catastrophe. Je crois qu'il faut un peu de bon sens de chaque côté

sam 01/04/2023 - 11:17

En effet le traitement des eaux usées pour les réutiliser dans l'agriculture où dans les industries peu être éventuellement une solution, mais qui forcément coûtera trés cher aux collectivités et par déduction aux contribuables, car il sera alors nécessaire d'entreprendre de trés onéreux travaux publics sur les chaussées pour enterrer et doubler les réseaux d'adduction afin de ne pas mélanger l'eau potable courante consommable du robinet et les eaux usées traitées indigestes à la consommation malgré tous les traitements.

sam 01/04/2023 - 08:13

Si l'eau est un bien commun, par déduction, les eaux usées produites par tous les habitants également. Combien peut coûter le traitement de ces eaux avant qu'elles ne soient réintroduites sur le réseau? Je n'en ai aucune idée mais tout le monde devra y participer ( bien commun oblige ) Ainsi, il ne pourra plus y avoir d'opposition et la violence s'arrêtera.

ven 31/03/2023 - 20:25

a de, la retenue de coubladour est une retenue collinaire qui se remplit avec le ruissellement d'eau. Mais il y en aune en projet à mauriac, village de la commune de Chaspuzac, porté par le maire MJ pour 4 agris rempli en majorité par une source d'eau potable car il n'y a pas de colline au dessus. Comment cautionné cela, avec l'été qu'on a connu? Si cela n'est pas se privatiser l'eau,honte à eux, avec l'argent public 70% de subventions, le reste emprunté par la commune pour plus 1 500000euros. On verra quand il n'y aura plus d'eau au robinet pour tous. Il y aura pire que Ste Soline, les gens ne voudront pas mourir de soif et d'autres arroser leur maîs. Même pas de la bouffe pour les gens.

ven 31/03/2023 - 16:57

il apparaît comme fort évident que de trés nombreux opposants aux Bassines de Ste Soline ont perdu tout sens de la raison et de légitimité dans leurs actions violentes, alors que les violents les plus radicaux sans états d'âmes se constituait dans le nombre de manifestants colériques et agressifs parfois venus de l'étranger armés de bombes incendiaires comme l'on peut le découvrir sur les vidéos qui se sont rendus expressément sur les lieux pour affronter physiquement les forces de l'ordre et détruire leurs véhicules où l'on dénombre plusieurs Gendarmes égal Blessés et Hospitalisés auxquels ils se sont toujours opposés par la violençe en contestant l'état de droit pour faire régner leur terreur et leurs objectifs avoués d'élire un gouvernement d'extrême gauche.

ven 31/03/2023 - 16:45

Bein voyons, le travail nous opprime, la police nous oppresse, l'intellect nous embarrasse ! Quand on pense que la gauche ce dit progressiste. On a l'impression d'entendre ce discours depuis 10 générations déjà ... Pour un progrès et un projet d'avenir, ça sonne un peu faux. Bref, je ne pense pas qu'on se retrouve cagoulé, mal tondu, en sweet à capuche à pousser des boucliers de CRS par hasard. Malheureusement, le forcing et la violence n'engendrent que des retours de bâtons ... La diplomatie, l'engagement et la légitimation par des élections c'est une chose plus difficile à atteindre quand nos limites intellectuelles s'arrêtent à 3 mots mal orthographiés écrits sur une pancarte.  

ven 31/03/2023 - 13:59

J'aimerais beaucoup y voir plus clair.

En effet, Zoom écrit : "Le Préfet, complété par Bernard Souvignet, a parlé du grand Plan de construction des retenues collinaires à travers le département. 17 projets sont alors identifiés et accompagnés par l'Etat en Haute-Loire."

Puis, "Bernard Souvignet tient à tordre le cou à une confusion des termes. "Une retenue collinaire n'est ni une méga bassine, ni une retenue de substitution ! …Et une retenue collinaire est remplie avec les eaux de ruissellement ! Alors qu'une retenue de substitution va, elle, pomper les ressources des nappes phréatiques". "

Au niveau du rond-point de Coubladour, on peut apercevoir un stockage d'eau en partie rempli.

Est-ce une retenue collinaire? une retenue de substitution?

Qui connait la réponse?

ven 31/03/2023 - 13:15

Je voudrais préciser pour les commentateurs précédents que l'immense majorité des manifestants venaient avec des intentions non-violentes. Il y avait même parmi eux beaucoup de paysans, scandalisés par l'accaparement de l'eau par une minorité de gros producteurs. Mais ces paysans là n'appartiennent pas au syndicat majoritaire qui fait la pluie et le beau temps en matière de développement de l'agriculture depuis 60 ans, donc on en parle pas dans les médias.

ven 31/03/2023 - 13:01

Une pensée pour les forces de l'ordre,bon courage et je vous admire de garder votre sang froid devant ces individus qui ne cherchent que la violence !!

ven 31/03/2023 - 12:54

C'est bien connu que ces anti méga bassines étaient venus pour se faire du flic, et uniquement ça. Ce sont des contre-tout. Je peux entendre qu'on peut être contre ce genre de réalisation mais ces gens discréditent leur lutte. Que ferait la société qu'ils prônent s'ils étaient aux affaires avec la police ? Peut-être pire, voir les dictatures dans certains pays à 3 heures d'avion de la France. 

ven 31/03/2023 - 12:29

Allez les manifestants ( extrême gauche ou droite ) avaient des mortiers d'artifice Donc ont voulu en découdre avec les flics Une minorité de la population cherche l'anarchie la guerre pour montrer qu'ils existent C'est anti démocratique !!!!!!!