Village santé : quand les jeunes « graffent » ce qu’ils ont sur le cœur

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 24/05/2024 à 04:00

Mercredi 22 et jeudi 23 mai se tient la seconde édition du Village Santé, organisé par Addictions France. Outre les sujets comme l’alcool, les drogues diverses et variées, les dangers du « mal-manger »… deux stands ont particulièrement été visités par les jeunes. Celui du graffeur à la renommée mondiale, Dege, et celui de Redouane, le chanteur des Gens Bon Beur.

Au total, ce sont 25 partenaires qui ont répondu à l’appel de l’association Addictions France pour la mise en place du Village Santé. « C'est un rendez-vous dans le Jardin Henri Vinay où on peut venir chercher des réponses, faire des expériences avec plein d'ateliers autour de la santé, mais dans une version très positive sur le sujet, explique Nathalie Paradis, missionnée par Addictions France. Tout est abordé comme l’alimentation, le bien-être physique et mental, le sport, le danger des écrans, l’alcool... »

Elle ajoute encore : « Il est aussi question de l’importance de vivre dignement, dans un logement salubre, avec un toit sur la tête. L’importance de vivre dans un climat sans violence au sein du foyer... »

De nombreux jeunes se sont renseignés comme ici, dans le stand de La Mission Locale.
De nombreux jeunes se sont renseignés comme ici, dans le stand de La Mission Locale. Photo par Addictions France

« Les partenaires proposent des activités ludiques, attractives et interactives »

Si tous les publics sont invités à découvrir les stands, ce sont principalement les jeunes la cible de l’évènement. « Nous avons fait en sorte que les partenaires proposent des activités ludiques, attractives et interactives, soutient Nathalie Paradis. Par exemple, il y a un vélo à smoothie qui permet de créer son propre jus de fruit en pédalant. Ou encore des jeux de rôle sur les relations sociales, des escape game sur les écrans, des outils pour simuler un état d’ivresse, des devinettes sur le taux de sucre présents dans les aliments que nous consommons régulièrement ».

Le vélo à smoothie. Un moyen de faire du sport tout en consommant des fruits.
Le vélo à smoothie. Un moyen de faire du sport tout en consommant des fruits. Photo par Addictions France

« C’est une couleur qui exprime la colère, en général »

Du côté du musée, deux stands sont tenus par deux personnalités qui font la fierté du 43ᵉ département. Le premier est celui de Dege, le graffeur altiligérien dont la griffe est désormais internationale. Le second est Rédouane, chanteur des Gens Bon Beur, groupe de musique qui prône sans relâche le respect de la différence entre les peuples.

Devant Dege se tient une fresque composée de deux parties distinctes. Celle de gauche est un dessin typique du graffeur avec la finesse qu’on lui connaît. Celle de droite est une profusion de dessins, réalisés par les nombreux jeunes de passage.

« Ce qui m’a touché le plus est le graff d’un très jeune malien. Il n’a pas dessiné le drapeau de son propre pays mais celui de la France. J’ai trouvé ça renversant et très symbolique ». Dege

Les couleurs se chevauchent, tout autant que les mots et les formes. « Ce que je remarque avant tout, montre Dege, c’est le choix accrue de la peinture rouge. C’est une couleur qui exprime la colère, en général ».

Il continue : « Certains ont dessiné des drapeaux et des noms de pays. Il y a celui de la Palestine, de la Turquie, du Maroc. Beaucoup de Mineurs isolés sont venus, notamment des enfants issus d’Afrique ».

La fresque commune proposée par Dege a recueilli d'innombrables signatures.
La fresque commune proposée par Dege a recueilli d'innombrables signatures. Photo par Dege

« Les jeunes dénoncent un climat qu’ils n’ont clairement pas choisi »

L’analyse que fait Dege sur les dessins des jeunes est la suivante : « On voit bien que les jeunes dénoncent un climat qu’ils n’ont clairement pas choisi, un climat délétère, de tentions et de guerres. Ils en ont marre d’être pieds et poings liés, plongés dans un contexte social complètement fou et qui empire de jour en jours ».

« La culture a cette faculté d’extérioriser ce qu’il y a sur le cœur de chacun. La culture est, en ce sens, une nourriture indispensable pour faire sortir ses maux et ses pensées ». Redouane

« Ce qu’il en est ressorti, ce sont des paroles lourdes de sens sur le mal-être ressenti »

Sur le stand de Redouane, ce sont d’autres « graffs » qui sont déposés. « J’ai proposé aux jeunes de choisir des mots et de les utiliser obligatoirement pour construire les vers d’une chanson, partage-t-il. Ce qu’il en est ressorti, ce sont des paroles lourdes de sens sur le mal-être ressenti ».

Le chanteur des Gens Bon Beur termine ainsi : « La culture a cette faculté d’extérioriser ce qu’il y a sur le cœur de chacun. La culture est, en ce sens, une nourriture indispensable pour faire sortir ses maux et ses pensées avec des mots, avec des « graffs », des chansons, des sculptures... Avec toutes les formes d’art utilisées par nos frères et nos sœurs à travers le monde ».

« J’aime boire de l’alcool
Devant la télévision
Je me drogue à coup de téléphone
Entre deux Winston
Maquillé comme une fiction
Du coup, j’en fais des tonnes »... (
Des jeunes du lycée Simone Weil). 

 

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