Un jeune aigle royal tué par plombs près du Mézenc

Par Annabel Walker , Mise à jour le 27/10/2021 à 04:00

Un jeune aigle royal a été abattu par un tir aux plombs sur le massif du Mézenc. Or tous les rapaces sont intégralement protégés en France. Cette espèce est, qui plus est, extrêmement rare et se reproduit difficilement. La Ligue pour la protection des oiseaux porte plainte et se constitue partie civile.

« L’aigle royal n’existe plus en Haute-Loire depuis des décennies ; les derniers ont été tirés dan les années 1958 - 1960 à Vabres, vers Alleyras. » Franck Chastagnol souligne l’importance de la préservation de cette espèce. Le chargé de mission biodiversité à la LPO43 (Ligue pour la protection des oiseaux) espère un retour du rapace en Haute-Loire mais les derniers événements le laisse amer. Alors que quelques individus ont établi domicile sur le versant ardéchois du Mézenc il y a quatre ou cinq ans, commençant à faire des petits il y a deux ou trois ans, un juvénile a été tué par un chasseur. 
Le 22 septembre 2021, un membre de la LPO a découvert son cadavre près du Mont Mézenc, côté Ardèche. L’oiseau était issu de la deuxième nichée d’un des cinq couples d’aigles royaux d’Ardèche. Né au printemps, il avait été bagué et équipé d’une balise GPS en juin dernier afin de mieux connaître le domaine vital de ce couple. Ne constatant aucun mouvement de la part de l’animal pendant plusieurs jours, la LPO s’est rendue sur place et a retrouvé le cadavre du jeune aigle royal. Une radio, effectuée chez un vétérinaire ardéchois, a confirmé que l’oiseau était criblé de plombs qui ont provoqué sa mort.

Impossible de confondre le jeune aigle avec un oiseau chassable

Pour Franck Chastagnol, les tirs en question sont forcément volontaires car « on ne confond pas un oiseau de 2,30m d’envergure avec une perdrix ! » En effet, quand ils quittent le nid à l’âge de deux mois, les jeunes aigles royaux ont déjà atteint leur taille adulte. 

Dans un communiqué, la LPO dénonce « cet acte illégal autant que scandaleux sur une espèce patrimoniale européenne [et] demande que toute la lumière soit faite autour de cette destruction pour identifier et juger le ou les auteurs ». Elle porte plainte et se constitue partie civile.
La LPO rappelle que tous les rapaces sont intégralement protégés en France. Leur destruction par tir ou empoisonnement est interdite par la loi. Or, de nombreux rapaces sont encore victimes de braconnage : faucons pèlerins, milans royaux, gypaètes barbus, aigles royaux… Et les actions en justice « sont trop peu couronnées de succès », regrette la LPO.

Photo par Ollivier Daeye

« Après la destruction de gypaètes barbus par empoisonnement en Vanoise, ce nouveau cas de destruction d’un aigle royal est absolument inadmissible, réagit Marie-Paule de Thiersant, présidente de la LPO Auvergne-Rhône-Alpes, les rapaces sont tous protégés depuis la loi de 1976, insiste-t-elle, je demande que tout soit mis en œuvre pour identifier les auteurs des faits et que des condamnations fortes soient prononcées. Je fais confiance pour cela à la justice de notre pays. »

L’aigle royal est un oiseau sédentaire des montagnes qui niche dans des habitats rupestres comportant des espaces ouverts pour la chasse. Il peut voir un lapin à plus d’un kilomètre car sa vue est huit fois plus développée que celle de l’humain. Reconnaissable à ses longues ailes qui se terminent comme des doigts, son envergure peut atteindre 2,30 mètres. Il atteint sa majorité sexuelle à l’âge de 4-5 ans ; la femelle pond un à deux œufs.

Il y a actuellement cinq couples d’aigles royaux en Ardèche. Aucun donc en Haute-Loire. « Pour aider cette espèce très rare, il faut non seulement éradiquer le braconnage mais aussi mieux dimensionner les parcs éoliens, voire les rendre impossible dans certains secteurs et lutter contre la pression sylvicole », conclut Franck Chastagnol.
 

 

 

 

 

 

 

Radio du jeune aigle crible de plombs
Radio du jeune aigle crible de plombs Photo par LPO

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Vos commentaires

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1 commentaire

mar 26/10/2021 - 12:37

Cet acte de barbarie ne m'inspire que du dégoût. Les chasseurs nous font croire qu'ils sont les seuls à connaître la campagne et les seuls légitimes à y vivre et à y faire leur loi ; alors que ce ne sont que des bourgeois assoiffés de sang, pour la plupart sans lien ancestral avec leur territoire.