Ste-Sigolène : une quarantaine d'emplois menacés

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:58

Sept millions d'euros. C'est l'investissement réalisé par la direction de SES (Stephany Emballage Service) en 2016 entre Saint-Pal-de-Mons et Sainte-Sigolène pour de nouvelles machines suite à la la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Cette dernière a imposé l’interdiction des sacs plastique à usage unique.
Dès le 1er janvier 2017, seuls les sacs biosourcés (avec une teneur minimale exigée en matière végétale qui augmente progressivement dans le temps) et compostables en compostage domestique peuvent être utilisés. 
L'opportunité était alléchante mais l'investissement n'a jamais été rentabilisé car ces marchés n'ont jamais vraiment été conquis : l'objectif était d'atteindre 50 % de l'activité d'ici 2019... mais ça n'a jamais décollé pour rester à 10 % de l'activité finalement. Peu, trop peu pour assurer la pérénnité du site.

> Voir aussi : VIDÉO. Sacs plastiques : un chef d’entreprise dénonce un marché parallèle toléré (25/09/2017)

"Depuis les investissements de 2016, c'est la débandade"
Les drapeaux syndicaux flottent devant les fenêtres du tribunal de commerce ce vendredi 13 septembre 2019 et dans les rangs des employés, on sent une colère profonde. "On nous a caché la vérité", tempête l'un, "encore en août on nous disait que tout allait bien". La cible de la colère, c'est l'employeur de SES ; "il a laissé pourrir la situation", proteste Yohan Fialon, délégué du personnel CGT, "depuis les investissements de 2016, c'est la débandade".
----La rédaction de Zoomdici a tenté de joindre le dirigeant de la société, Jean-Philippe Grail, en vain.-----Remonté comme ses collègues, il dénonce "le laxisme" de son employeur, "qui a laissé la situation se dégrader au fil des années sans jamais réagir". Pourtant, d'après lui, la situation est loin d'être catastrophique : "on a un vrai savoir-faire, des ouvriers qualifiés et expérimentés et un volume d'activité suffisant pour maintenir l'emploi". Reste à savoir si le tribunal de commerce du Puy-en-Velay l'entendra de cette oreille, surtout que l'entreprise manque de compétitivité sur certains secteurs où elle a des délais plus longs que ses concurrents, faute de matière première suffisante. 
L'avenir de 40 familles est en jeu, auxquelles se rajoute l'emploi de 14 salariés SEID à Dunières, entreprise qui appartient au même patron. 

"Tous ses œufs dans le même panier : une erreur de stratégie"
Pour Fabrice Souveton, le secrétaire du syndicat CGT textile habillement cuir 43, tout miser sur le bio était peut-être louable mais "mettre tous ses oeufs dans le même panier", c'était "peut-être aussi une erreur de stratégie".

(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur smartphone ou tablette)

Mise en observation et administrateur judiciaire
Finalement, en fin de journée, le tribunal pouvait rendre son délibéré. Pour SEID, ce sera une poursuite d'observation pendant trois mois avec une audience le 13 décembre et "la possibilité d'un éventuel repreneur" selon le tribunal. Pour SES, c'est plus compliqué. Le tribunal était à deux doigts de prononcer la liquidation.
Finalement, il a opté pour une mise en observation de six mois avec la présence d'un administrateur judiciaire pour superviser la direction. La recherche d'une coopération commerciale est vitale et un état des lieux sera fait devant le tribunal le 13 décembre, en même temps que SEID. Les espoirs d'amélioration sont tout de même maigres, "je ne vois pas d'autre alternative qu'un repreneur", a conclu le tribunal.

Maxime Pitavy

Notre reportage sur le site de SES il y a deux ans :

"Stop au marché parallèle de sacs plastiques" from Zoomdici Haute-Loire on Vimeo.

Vidéo : Carine Loubeau

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