Interdiction des sacs plastiques : un marché florissant en devenir

jeu 30/06/2016 - 20:05 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:42

Ce 1er juillet, c'est le jour J, la fin des sacs plastiques. Enfin...pas tout à fait. Ce n'est pas demain la veille qu'ils disparaîtront des magasins. Le bioplastique a de beaux jours devant lui. Ce vendredi 1er juillet, ce sont uniquement les sacs d'une épaisseur inférieure à 50 microns qui seront bannis peu importe leur composition. Parmi les 70 entreprises de plasturgie de Haute-Loire, un bon nombre ont dû s'adapter aux changements des lois et vont même au-delà. SES (Stephany Emballages Services) en est l'exemple. Si l'entreprise ne fabrique pas de sacs de sorties de caisse, ils se préparent pour le 1er janvier 2017 et les nouvelles interdictions.
400 fois plus rapide pour se dégrader
Dès le 1er janvier, les bioplastiques de SES seront utilisés pour entourer les journaux et autres revues envoyés par courrier, mais également en supermarché avec des sacs pour produits alimentaires comme les fruits par exemple. Mais qu'a donc de particulier ce fameux plastique ? En majorité d'origine végétale, il se met directement dans les bacs à compost où il se dégrade très rapidement. L'entreprise a également développé -entre autres- des rubalises comme celles utilisées lors d'événement sportifs. "Celles-ci se dégradent en un an au maximum. Alors que les actuelles mettent près de 400 ans", vante le gérant, Jean-Philippe Grail. Pour promouvoir ce produit, les rubalises seront utilisées pour la course de côte de Dunières. Dès l'entrée de l'entreprise, de nombreuses coupures de presse démontrent les qualités des matériaux verts et, à l'inverse, montrent les méfaits des matières traditionnelles comme le plastique ou même le carton utilisé pour emballer le riz, les biscuits... Les éventuels marchés à conquérir ne manquent pas.
Un travail débuté il y a dix ans
Sept millions d'euros sont investis cette année pour aller encore plus loin, soit l'équivalent du chiffre d'affaires annuel de l'entreprise. "En fait, nous travaillons avec des matières bio depuis dix ans", précise Jean-Philippe Grail depuis une salle de réunion jouxtant les salles de fabrication. Ce passage au vert a commencé avec les thermes et thalasso. Les clients doivent s'allonger sur une feuille de plastique avant d'être recouverts de boue. "Ça faisait 100 % de déchets non recyclables", explique le gérant. SES a donc développé une feuille en bioplastique à partir de fécule de pommes de terre qui est valorisée après utilisation en compostage industriel. "Maintenant, tout est recyclé !"
Certaines marques à la clientèle huppée ont également voulu du bioplastique avant l'heure pour leurs sacs. La machine était lancée. L'entreprise a développé ce secteur. "Au début, on avait pas mal de demandes, mais la crise a freiné les ardeurs. Maintenant qu'on en sort, ça fonctionne", développe Jean-Philippe Grail.
Seul petit bémol, cette révolution coûte jusqu'à cinq fois plus cher aux clients. "Il y a un aspect environnemental et puis le plastique en tant que déchet coûte environ 150 € la tonne pour les entreprises. Donc c'est plus cher à l'achat, mais il y a moins de frais ensuite."
Des emplois grâce aux pressings ?
90 % de la totalité des produits qui sortent de SES sont transposables en bioplastique. "Pour le moment, l'interdiction ne vise que les sacs de caisse puis, dans un second temps les plastiques alimentaires. Dans un questions-réponses du gouvernement, il est dit clairement qu'à terme tous les plastiques conventionnels devraient disparaître", affirme le gérant. Alors il a misé là-dessus. Il prend un exemple : "Si les pressings passaient au bio, nous pourrions faire un investissement de deux millions euros environ avec une quinzaine d'embauches à la clé au minimum !". Les perspectives d'avenir sont nombreuses pour cette entreprise dans un monde qui semble vouloir se tourner doucement vers un futur plus propre.

Emma Jouve

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