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La société Pouzzolanes du Sarran souhaite exploiter pendant 30 ans un gisement de pouzzolane au lieu-dit Le Sarran, entre Rentières et La Chapelle-Marcousse (Puy-de-Dôme). Mais ce projet, loin de faire l'unanimité, fait l'objet d'une consultation publique, jusqu'au 27 janvier 2026.
Dans l'article, les "Pour" et les "Contre" expriment leurs visions des choses.
Présenté lors d’une réunion publique le 8 novembre, le projet prévoit l’extraction de 100 000 à 150 000 tonnes par an sur une surface de 12,8 hectares. L’entreprise met en avant un gisement "d’intérêt national" et un matériau "utile à la décarbonation, à la filtration de l’eau et aux usages agronomiques".
L’annonce du passage de 40 camions de 44 tonnes par jour - soit environ cinq par heure - qui emprunteront la D214 et la D32 pour rejoindre Issoire, est restée en travers de la gorge des habitants et travailleurs des communes traversées et/ou avoisinantes. Pour de nombreux habitants, ces axes sont déjà sensibles : chaussées étroites, murs de soutènement vieillissants, passages sinueux.
Un collectif citoyen en ordre de bataille
Face à ces inquiétudes, des habitants et acteurs économiques locaux ont fondé le Collectif Citoyen du Cézallier. Ils dénoncent un manque d’études sur les flux routiers, les impacts socio-économiques ou l’hydrogéologie, alors que les captages d’eau potable se situent en contrebas immédiat du site.
Le collectif pointe aussi la gouvernance du dossier, le maire de Rentières, Jean-Louis Lenègre, étant actionnaire de la société exploitante. Pour ses membres, "ce projet ne profite qu’à un acteur privé, au détriment de la sécurité et de l’attractivité du territoire."
Un commentaire déposé par un habitant d’Ardes-sur-Couze dans le cadre de la consultation parle de vulnérabilité du projet "du point de vue légal" en raison d’un "conflit d’intérêt flagrant".
Les dommages collatéraux paysagers et touristiques inquiètent également car le site, visible depuis le Parc Animalier d’Auvergne et l’A75, se trouve en zone Natura 2000. Et cet élément est repris de nombreuses fois dans les arguments des détracteurs du projet.
Des collectivités s'opposent au projet
Les particuliers, les professionnels, et les acteurs publics, pour la plupart, montent au créneau, la Commune d'Ardes-sur-Couze, celle d'Augnat ont délibéré à ce sujet et affirmé leur opposition au projet, et l'agglomération du Pays d'Issoire s'est positionnée par la voix de Pascale Brun, vice-présidente, sur le registre des contributions à la consultation publique.
Elle souligne l’incohérence entre les efforts demandés aux acteurs locaux pour réduire l’empreinte carbone du territoire, et l’autorisation envisagée d’un trafic de plusieurs dizaines de camions par jour dans des bourgs aux ruelles étroites, impliquant selon elle des coûts d’aménagements routiers "déraisonnables". "Cela est un peu antinomique !"
"J'alerte donc l'État sur cette incohérence et demande que l'on puisse renoncer à ce projet d'extraction de la carrière du Sarran afin de continuer à protéger durablement notre territoire comme nous nous sommes engagés dans le cadre des différents dispositifs demandés par l'État." Pascale Brun, Vice Présidente de l'Agglo Pays d'Issoire.
Une consultation publique jusqu’au 27 janvier
La préfecture du Puy-de-Dôme a ouvert une consultation publique du 27 octobre 2025 au 27 janvier 2026 sur la demande d’autorisation environnementale du projet.
Témoignages "Pour"... (cliquez sur la croix pour dérouler l'info)
"Une carrière, et d’autant plus une carrière de pouzzolanes, représente un atout considérable sur le marché local et économique. Nous avons la chance d’avoir, sur notre territoire, un matériau volcanique, utilisable dans de nombreuses applications spécifiques et techniques (agronomie, viticulture, filtration de l’eau potable…). Dans une ère où l’enjeu écologique est essentiel, il est important de souligner que la pouzzolane est une pierre locale et patrimoniale, à faible empreinte carbone (…)" (Laetitia, extrait de la contribution 98).
"Aujourd'hui, les exploitants de carrières sont très attentifs aux enjeux écologiques et aux impacts que l'ouverture d'une carrière peut avoir sur son environnement. Dans ce projet, il faut faire confiance à ces exploitants, riches de valeurs humaines qui sauront prendre en compte toutes les préoccupations de la population locale. C’est une opportunité considérable pour la région de mettre en avant une pierre locale, de créer des emplois directs et indirects." (Richard - extrait de la contribution nᵒ 104).
"En tant que professionnel de l'environnement dans le domaine des carrières, je souhaite, par la présente contribution, exprimer mon soutien au projet d’ouverture d’une carrière de pouzzolane. (...) Ce projet présente de nombreux atouts, tant sur le plan économique qu’environnemental et territorial." (François, extrait de la contribution nᵒ 8)
Plus d'une centaine de contributions ont été déposées à l'heure actuelle en ligne avec, majoritairement (environ 90 %), pour le moment, des avis défavorables au projet.
Témoignages "contre"... (cliquez sur la croix pour dérouler l'info)
« D'après la littérature », la pouzzolane permet d'obtenir un béton plus écologique. Quand l'écologie sert d'argument aux destructeurs de l’environnement !" (Pascal, Extrait de la contribution nᵒ 96).
"Comment une boîte qui se targue « d'être un acteur majeur de l'écologie urbaine et de la gestion durable de l'eau » peut-elle cautionner un projet de carrière dans une Zone Natura 2000, au cœur du Parc des Volcans d'Auvergne, sur le Tour des Vaches Rouges ?" (Ladevie, extrait de la contribution 99).
"Nous sommes propriétaires d'une maison située juste en dessous du Sarran. Si le projet aboutissait, les nuisances sonores et olfactives auraient un impact non négligeable sur notre qualité de vie" (Anne, Julien, Rémy, extrait de la contribution 88).
"Je suis chauffeur de minibus scolaire et j’emprunte la route entre La Chapelle-Marcousse et Ardes-sur-Couze huit fois par jour, quatre jours par semaine. (...) La descente vers Ardes est particulièrement accidentogène en raison de son étroitesse à plusieurs endroits. Dans ce contexte, l'augmentation de camions de tonnage important représente un risque majeur." (extrait de la contribution nᵒ 42, anonyme).
Le dossier - comprenant l’étude d’impact - est consultable en ligne sur le registre dématérialisé, sur le site de la préfecture, ainsi qu’en mairies de Rentières et La Chapelle-Marcousse. Deux réunions officielles encadrent cette procédure, celle d'ouverture, organisée le 8 novembre dernier, et la dernière, de clôture, le 15 janvier 2026, à Rentières.
Le public peut déposer ses observations en ligne, en mairie ou par courrier. À l’issue de la consultation, le commissaire enquêteur publiera un rapport avant la décision finale du préfet.
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