Près de 70 % des écoles fermées ce jeudi 5 décembre en Haute-Loire

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:01

"Voir autant d'écoles fermées, c'est historique". Le constat, sans appel, est partagé par plusieurs leaders syndicaux, dont Jean-Pierre Rioufreyt, co-secrétaire du SNUipp-FSU, premier syndicat de l’école primaire au niveau national, qui table sur "environ 80 % de professeurs grévistes en Haute-Loire", ou encore Guy Thonnat, secrétaire de la fédération Force Ouvrière de l'enseignement, majoritaire dans le département.

Au moins 115 écoles de Haute-Loire resteront porte close ce jeudi
On annonce la manifestation contre les retraites massive et au moins 115 écoles du département (sur 174) seront carrément fermées car elles présentent 100 % de grévistes.
En pourcentage, cela représente plus de 65 % des écoles du département qui resteront porte close ce jeudi, sachant qu'à l'échelle nationale, la proportion est d'environ 40 % des écoles fermées jeudi matin (et 70 % des professeurs des écoles élémentaires en grève).

"Un chiffre minimal"
C'est la précision de Guy Thonnat, qui assure que "l'information est vérifiée auprès des enseignants et des établissements". Car on peut ajouter à ce chiffre départemental 37 écoles qui présenteront une majorité de grévistes, sachant que certaines écoles (une quarantaine) n'ont pas encore fait remonter les informations auprès de Force Ouvrière et que ce chiffre pourrait donc encore gonfler.
Le syndicat est d'ailleurs le seul interlocuteur capable de fournir des estimations en amont de la grève, l'inspection d'académie ayant fini par nous répondre, après maintes sollicitations, qu'aucune communication ne serait réalisée avant jeudi... a priori une consigne du Ministère.

----Aucun accueil dans certaines communes
Attention ! Certaines communes de Haute-Loire pourraient ne pas être en mesure d'assurer ce SMA, comme mentionné dans ce tableau de l'académie de Clermont-Ferrand. Dans ce cas, il faut recourrir aux grands-parents, aux amis... ou tout simplement prendre sa journée, ce qui devrait gonfler les rangs des manifestants.-----Des garderies mises en place
Au Puy, conformément à la réglementation (loi du 20 août 2008), la municipalité propose un accueil pour les enfants des écoles élémentaires et maternelles concernées et à cet effet, un courrier a été distribué dans les cartables des enfants mardi pour informer les familles qu'un accueil est organisé dans les locaux de l'école Michelet "en faveur des enfants dont les parents rencontrent un problème de garde", stipule le courrier.
Selon le texte de loi, lorsque le nombre de grévistes est inférieur à 25 % des enseignants, l’établissement doit accueillir les élèves avec les professeurs non grévistes. S’il est supérieur à 25 %, la mairie doit prendre le relais en faisant appel à son personnel. Les enseignants du primaire doivent se déclarer grévistes 48 heures à l’avance.

Problème : un certain nombre d'agents municipaux sera également en grève
"Le SMA fonctionnera, on tient à rassurer les parents, les enfants seront bien accueillis à l'école Michelet", nous a simplement répondu la municipalité ce mercredi matin. L'encadrement des enfants sera assuré par le personnel municipal disponible, en priorité les agents des écoles et les animateurs et éducateurs de la Ville. Compte tenu qu'un certain nombre devrait également être dans la rue pour battre le pavé, "il pourra être fait appel à d'autres agents municipaux si besoin".
L'accueil est proposé de 9h à 16h30, avec une possibilité de garderie de 7h30 jusqu'à 18h. Aucune restauration ne sera proposée et les familles doivent prévoir un pique-nique pour le repas de midi, et éventuellement un goûter. 

----Flashback sur 1995
Les grèves de 1995 en France contre le plan Juppé furent les plus importantes depuis celles de Mai 68. Souvent réduit à la grève des transports publics, très visible et fortement médiatisée, le mouvement a concerné également les grandes administrations (La Poste, France Télécom, EDF-GDF, Éducation nationale, secteur de la santé, administration des finances, etc.). Le 12 décembre marque le point culminant du mouvement, avec deux millions de manifestants. Le 15 décembre, le gouvernement retire sa réforme sur les retraites, la fonction publique et les régimes spéciaux (SNCF, RATP, EDF), cette décision étant interprétée comme une victoire par les syndicats de salariés.-----"J'ai fait les grèves de 1995, mais je n'ai jamais vu autant d'écoles fermées"
Guy Thonnat comme Jean-Pierre Rioufreyt partagent ce constat, "et il y a la perspective de tenir le mouvement, avec de fortes chances de reconduite", précise le premier quand le second ajoute "et ça laisse présager une très grosse mobilisation". 
Car l'enjeu de la mobilisation de ce jeudi 5 décembre, outre le nombre de manifestants que services préfectoraux et syndicats se disputeront, ce sera de voir si le mouvement peut effectivement s'inscrire dans la durée. Telle est en tout cas l'ambition, au niveau local et national, jusqu'à ce que le gouvernement renonce au projet de régime universel de retraite par points de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé du dossier. "Tant pis si on perd 1 000 € ce mois-ci", peut-on entendre dans les rangs des manifestants, "de toute façon, si on ne fait rien, on les perdra, et largement plus, à l'heure de la retraite". 

Les enseignants, premières victimes de la réforme
Le chef de l'Etat lui-même a reconnu que les enseignants seront lésés si le passage au nouveau système ne s'accompagne pas d'autres changements dans leur carrière.  "Du fait du montant plus limité de leur régime indemnitaire, le niveau de pension des enseignants se dégraderait très progressivement et au fil des générations par rapport à celui des corps comparables de la fonction publique", a aussi admis Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, dans un courrier adressé en novembre aux syndicats.
Les pertes seraient comprises entre 300 et 600 euros pour des professeurs des écoles actuellement en fonction, selon les simulations de la FSU. Des simulations que dénonce le Ministre de l'Éducation Nationale, qu'il qualifie de "fausses informations" et il s'engage à maintenir le niveau des pensions des enseignants. Aujourd'hui, un enseignant touche en moyenne 2 600 euros brut à la retraite (2 500 euros dans le premier degré, 2 850 euros dans le second degré). Pas l'idéal pour une profession qui peine déjà à recruter et qui se trouve confrontée à une crise des vocations.

Maxime Pitavy

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