Pour qu’un jour, « la petite reine » devienne roi

Pour qu’un jour, « la petite reine » devienne le roi de la route, des boulevards et des ruelles. Tel est le rêve des 250 adhérents de l’association "La Puycyclette". Cette dernière, créée en octobre 2021, n’en finit pas de grossir tant l’engouement à ce mode de mobilité douce fait des émules.

Son objectif principal ? Expliquer et prouver que le vélo est l’avenir de la voiture, ou tout du moins une sérieuse alternative. Samedi 22 avril, pour mettre en pratique ses convictions, La Puycyclette organise sa 4ème Vélorution à travers la ville.

« C’est une grande parade festive en vélo pour montrer que ce moyen de déplacement est de plus en plus adopté par les gens, explique Amélie, membre de La Puycyclette. Et que si les gens ont envie de faire du vélo, ils sont encore freiné par le peu d’aménagements ou les aménagements inadaptés présents sur le bassin ponot ».

« Nous avons invité plusieurs élus de la ville à nous rejoindre »

La 4ème édition de la Vélorution est un parcours de huit kilomètres à allure très tranquille. Le cortège traversera entre autres le quartier du Val-Vert et la Zone commerciale de Chirel, secteurs très complexes pour les cyclistes. L’arrivée est prévue sur la Place du Breuil vers midi.

« Cet évènement est accessible à tous, équipés d’un vélo manuel comme électrique, cargo, tandem, avec une remorque… », souligne encore Amélie.
Elle ajoute : « Nous avons invité plusieurs élus de la ville à nous rejoindre pour que l’on puisse partager un verre de l’amitié et discuter vélo ».

Du vélo et des boyaux

Durant cette journée, outre le repas (tiré du sac donc préparé par chacun), divers acteurs sur le thème ont répondu présent. « Il y aura par exemple un atelier de réparation pour apprendre à entretenir soi-même son vélo, détaille Pierre, détenteur d’un étrange vélo hollandais. Des jeux avec des concours de maniabilité, des courses de lenteur, des stands de livre et d’autres associations seront de la partie ».
L'une d'entre elles abordera les possibilités d'aides de l'État concernant l'achat d'un vélo, aides qui peuvent se révéler très élevées sous certaines conditions.

« Aujourd’hui, nous nous rendons compte que de plus en plus de gens veulent faire du vélo leur principal moyen de locomotion. Sauf que la majorité ont peur de partager la route avec les automobilistes et les camions. Certaines portions du Puy sont extrêmement dangereuses ». Amélie

« Le Puy est clairement très mauvais élève »

À la question de savoir si la ville du Puy et les communes riveraines sont suffisamment pourvues d’aménagements pour les cyclistes, Florence, de La Puycyclette, répond : « Non ! Le Puy est clairement très mauvais élève d'après la FUB (Fédération française des Usagers de la Bicyclette). Comparativement aux milliers de communes qui ont été inspectées par la FUB, le Puy arrive en queue de peloton ».

D’après une vaste enquête de la FUB en 2021, deux communes de Haute-Loire apparaissent sur la carte. Brioude et Le Puy-en-Velay. Si Brioude obtient la note de 2.35 sur 6 se parant d’une belle couleur jaune et de la mention F (7ème mention sur 8 indiquant un espace défavorable à la pratique du vélo), le chef lieu du département apparaît en rouge. Le Puy décroche ainsi la note de 2.25 et la dernière mention, soit la lettre G (Très défavorable).

La FUB est une fédération nationale qui invite les adhérents à noter tous les deux ans leur ville de résidence sur les aménagements cyclables effectués et sur la volonté de la commune à développer ou pas un programme en ce sens.

« Des vélos en plus, ce sont des automobilistes en moins »

D’après ces trois membres de l’association La Puycyclette, il est clair que courage il faut pour s’aventurer sur le réseau ponot. « Chacun a déjà fait l’expérience de se faire doubler à 50 centimètres par un camion ou une voiture, déplore Pierre. Même lorsque nous roulons sur une bande cyclable, la proximité est bien trop proche. Et si on est avec des enfants, ça fait froid dans le dos ».

D’une même voix, ils martèlent alors : « Ce que nous voulons, nous et tous les cyclistes, ce sont de vraies pistes cyclables indépendantes. Nous sommes conscients que cela coûte cher et que ça nécessite de bousculer les habitudes. Mais des vélos en plus, ce sont des automobilistes en moins. Et un bienfait pour tout le monde ! »

« Il y a quand-même des choses qui sont faites et des projets en réflexion pour la pratique du vélo. L’avenue des Champs Élysées ou la rue Henri Dunant par exemple. La municipalité commence petit à petit à nous concerter pour faire en sorte que les aménagements servent vraiment à quelque chose ». Florence

« Les déplacements font moins de 5 kilomètres entre le domicile et le travail »

Mais pourquoi troquer sa voiture contre un vélo ? « Pour tout un tas de raisons, lance Pierre. Déjà, économiquement, avec le prix de l’énergie et l’inflation généralisée en cours, le déplacement en vélo est bien plus intéressant qu’en voiture ».
Il continue : « Même s’il est démontré que les déplacements font moins de 5 kilomètres entre le domicile et le travail, parcourir cette distance en vélo est forcément bon pour la santé ».

Il complète également : « Je pense que tout le monde est d’accord pour dire que des rues sans voiture sont bien plus agréables qu’avec. Et à ce propos, des études démontrent que les rues les plus adaptées pour les cyclos et les piétons sont celles où les commerçants font le plus de chiffre d’affaires ».

« La Vélorution est destinée à tout le monde qui possède un vélo. Et aussi et surtout aux personnes qui prôneraient la voiture comme seul moyen de déplacement. Nous pourrions ainsi échanger sur ce sujet qui divise encore parfois cyclistes et automobilistes ». Pierre

« On a la sensation d’être une quille de bowling »

« Oui, cela arrive bien évidement d’être insulté ou provoqué par un automobiliste, se désole Florence. Certains trépignent derrière nous avec l’espoir de gagner 5 minutes. On a la sensation d’être une quille de bowling posée sur la route. Mais en fait, en ville, un vélo arrive plus vite à destination qu’une voiture ».

Cette réalité est expliquée par deux faits bien visibles. Un, les vélos peuvent se faufiler rapidement et aisément entre les files des voitures à l’instar de beaucoup de motards. Et deux, certaines signalisations donnent des accès aux vélos que n’ont pas les voitures, motos et poids-lourds.

« Le panneau M12 est accroché à plusieurs endroits au Puy, livre Amélie. Celui-ci nous permet de franchir les feux rouges. Il faudrait qu’il y en ait beaucoup plus, tout comme des pistes sécurisées, afin que le vélo devienne un jour le moyen de mobilité principal pour toutes et tous, adultes comme enfants ».

« La ville n’a pas toujours été colonisée par la voiture. Avant, il y avait des chevaux, des piétons, des vélos. On peut très bien revenir à tout ça. Quel est le sens d’un engin mécanique d’une ou deux tonnes avec une personne de 75 kg à l’intérieur ? » PierreIl y aura par exemple un atelier de réparation pour apprendre à entretenir son propre vélo