Municipales : les clefs de la triangulaire d'Espaly

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:05

La campagne aura été dure et nul doute qu'elle laissera des traces. À Espaly-Saint-Marcel, commune de 3600 habitants du bassin du Puy-en-Velay, la droite est aux commandes depuis 19 ans (après plusieurs mandats de la gauche), mais Jacques Volle n'a pas souhaité se représenter en 2020.

> Retrouver ici les principaux axes de campagne de chaque candidat :
- Christiane Mosnier
- Christian flandin
- Josiane Mialon

Stade du Viouzou : "une division sur l'ampleur du projet"
La dernière mandature aura été marquée par le dossier épineux du stade de foot du Viouzou, un investissement de presque deux millions d'euros (subventionné à 75 % par la Région Auvergne Rhône-Alpes, l'État et le Département de la Haute-Loire) qui a déchiré la majorité. Christiane Mosnier, candidate arrivée en première position (43,79 %) au premier tour, estime que le projet était "surdimensionné pour la commune" et reconnait "une division sur l'ampleur du projet". Enfin, elle s'interroge sur l'impossibilité d'une mutualisation avec le stade Massot du Puy, "à moins de 200 mètres à vol d'oiseau du stade du Viouzou, alors qu'on nous demande toujours de mutualiser les services et infrastructures".
Pour elle, comme pour la candidate de la gauche Josiane Mialon (19,4 % au premier tour), qui n'était pas élue lors des trois dernières mandatures, le problème repose aussi sur les dépenses de fonctionnement et les frais indirects engendrés par l'infrastructure. Dès le départ, l'opposition a voté contre ce projet", poursuit la candidate de gauche, "surtout que ça génère aussi des coûts pour la carrière ou la voirie". Et Christiane Mosnier d'ajouter : "on était tous d'accord pour rénover le terrain mais on est parti d'un petit projet pour finir avec un très grand, dont on ne connaît pas encore le coût annuel pour les dépenses de fonctionnement ; ça risque de freiner d'autres investissements pour la commune". 

Proche de Laurent Wauquiez, Christian Flandin veut "récupérer un siège de vice-présidence à l'Agglomération du Puy"
C'est à partir de ce dossier que la majorité s'est disloquée et qu'a émergé la candidature de Christian Flandin (36,90 % au premier tour), "Espaviot de souche" non encarté. Il n'a aucun commentaire à apporter sur ce dossier, n'ayant pas été dans la précédente municipalité (il n'a jamais exercé le moindre mandat). Difficile alors de le positionner politiquement mais il ne nie pas sa proximité et sa loyauté envers le président de Région Laurent Wauquiez, extrêmement influent sur le territoire de l'Agglomération du Puy.
C'est d'ailleurs l'un de ses arguments de campagne : "récupérer un siège de vice-présidence à l'Agglomération du Puy, que l'on a perdu avec l'élargissement de la communauté d'agglomération du Puy, il est très important que la quatrième commune de l'Agglomération du Puy ait ce poste de vice-présidence et nous espérons que les électeurs nous choisiront pour aller la chercher". Selon lui, Espaly a "peut-être manqué le coche quand d'autres communes comme Aiguilhe, Brives ou Vals ont bénéficié de grandes infrastructures, d'équipements purs et d'un développement de leur patrimoine".

D'une droite centriste, Christiane Mosnier assure que ce siège n'a jamais été perdu
Ce n'est donc pas la même sensibilité que Christiane Mosnier, ancienne attachée parlementaire du sénateur Gérard Roche, l'un des seuls élus de Haute-loire aux affaires à avoir osé manifester son désaccord avec le positionnement de Laurent Wauquiez.
Également élue au Département, Christiane Mosnier se revendique davantage d'une droite centriste de tendance démocrate chrétienne, en opposition avec "la droite dure" du Président de Région et elle n'entend pas l'argument de son adversaire pour une vice-présidence à l'Agglo : "on ne va pas trouver quelque chose de nouveau puisqu'on l'a déjà ce siège avec André Reynaud, qui est dans l'exécutif de la collectivité et qui fait partie des membres les plus assidus donc on n'a rien perdu, il a toujours accompagné la commune et soutenu ses projets au sein de l'Agglo".

Concernant la candidate de gauche, Josiane Mialon assure : "on prendra toute notre place à l'Agglo, nous étudierons les dossiers et nous défendrons plus particulièrement les projets de la commune et surtout nous défendrons la gratuité des transports en commun et on fera aussi en sorte que la promenade de la Borne puisse rapidement se mettre en place jusqu'à Espaly". Le développement des pistes cyclables fait également partie des priorités.


(Photo d'illustration / DR Maxime Pitavy / Zoomdici.fr)

----En attendant de trouver un praticien, l'Ordre des médecins compte "proposer aux généralistes des cabinets d'Aiguilhe, de la Renaissance et de Brives-Charensac de consacrer un jour de leur semaine à des consultations dans le cabinet d'Espaly", nous a confié le Dr Alain Chapon. Il n'y aurait donc pas de médecins installés à proprement parlé dans l'Espace Charles VII mais la présence de différents généralistes cinq jours par semaine.-----Espaly, seule grande commune de l'Agglo sans médecin malgré une maison médicale... vide
Autre dossier épineux : la maison médicale (coût de 51 000 €). Un projet initié en 2017 et qui a éclos deux ans plus tard, mais qui n'accueille toujours aucun généraliste aujourd'hui. Une coquille vide. C'est pourtant "primordial pour les habitants de la commune", reconnaît Christiane Mosnier, "je me suis beaucoup battue sur ce dossier et je n'ai jamais baissé les bras. Les médecins sont sollicités par ailleurs et dans certains territoires sous dotés et en lieu difficile, comme Saugues par exemple, en s'installant, le médecin récupère 50 000 €, ce qui n'est pas le cas à Espaly, avec la proximité du Puy et du centre hospitalier". Il faut donc jouer sur d'autres leviers et se montrer attractif tout de même. "On propose la gratuité des loyers de six mois à un an, du matériel mis à disposition, on prend en charge tout ce qui concerne le ménage, l'électricité, le téléphone, etc.", ajoute la candidate centriste.
Pour Christian Flandin, "l'objectif est d'amener deux médecins sur la commune le plus rapidement possible" car "il n'est pas logique de n'avoir aucun médecin traitant dans une commune comme Espaly depuis deux ans. On y travaille, on a des pistes et on mettra tout de suite beaucoup d'énergie sur ce dossier pour le boucler en moins d'un an".
Quant à Josiane Mialon, elle estime qu'il s'agit d'une "responsabilité collective". Elle déplore qu'Espaly soit "la seule grande commune de l'Agglo sans médecin". Elle assure que si elle est élue, elle ira "vite les chercher" mais elle veut aussi engager une réflexion sur "un regroupement avec d'autres professions, comme les kinés ou les infirmiers libéraux, pour mutualiser les équipements et créer une dynamique".

----"Le gymnase a été abandonné depuis plusieurs années et il sert pourtant aux écoles et associations sportives. Il aurait dû être rénové depuis longtemps", fustige Josiane Mialon quand Christian Flandin se contente de déclarer : "je suis vraiment très étonné que la dernière municipalité n'ait rien fait". Tous s'accordent à la nécessaire rénovation de l'infrastructure.
-----Espaly est tout doucement devenue une cité dortoire
C'est un constat partagé par les trois candidats. "Nous avons été les premiers à le dire", tempête Josiane Mialon, "depuis 19 ans, les commerces ont quasiment disparu, il n'y a plus de médecins, le patrimoine communal a été peu à peu laissé à l'abandon et Espaly a perdu toute l'attractivité qu'elle pouvait encore avoir il y a 19 ans. Nous voulons enrayer cette mauvaise dynamique". Pour y parvenir, "il faudra écouter tous les Espaviots, peu importe où ils habitent. On peut mettre en place un petit marché local mais ça ne suffira pas, il faut faire venir d'autres professionnels, ouvrir d'autres commerces. Nous, on propose la création d'une maison des gens, un lieu où les habitants peuvent se retrouver pour discuter, boire un café et partager".
Pour le candidat Christian Flandin, "Espaly ne peut pas rester une cité dortoire". Il constate qu'il y a de nombreux quartiers qui ne sont "plus du tout connectés à Espaly, mais directement tournés vers Le Puy", ville préfecture et de centralité. Pour lui, il faut renforcer le tissu associatif et surtout "travailler sur un axe route de Saugues / la Malouteyre pour réunir tout le monde au centre d'Espaly". Il prévoit également une réhabilitation et une sécurisation des voiries dans tous les quartiers via un plan de financement pluriannuel. "Il y a beaucoup de quartiers oubliés, il faut de la considération pour tous les Espaviots, et pas seulement lorsque les élections approchent. C'est à la municipalité d'aller vers les Espaviots, pas l'inverse", ajoute-t-il.
Christiane Mosnier est dans la même lignée. Elle propose "la création de conseillers référents par quartier pour que les habitants se réapproprient leur commune et qu'ils participent à la vie communale. Par exemple, je souhaite rénover le gymnase, mais en concertation avec les associations et utilisateurs. Idem pour la voirie ou l'installation de caméras, il faut identifier les endroits où ça peut s'avérer pertinent et que les projets soient partagés".

Réhabiliter le patrimoine et aménager un chemin pour piétons et vélos de Massot jusqu'aux Orgues
Pour sa première expérience politique, Christian Flandin souhaite "apporter un regard neuf, qui se porte sur l'avenir". Ce qui n'empêche pas de regarder derrière soi, notamment son histoire et son patrimoine, qui peuvent être, selon lui, d'importants vecteurs de développement : "on a le pont Paradis fermé depuis des années, des vestiges d'un site gallo-romain, les Orgues d'Espaly sans parler de la statue Saint-Joseph...  On a un fort potentiel touristique et il faut développer notre patrimoine pour ne pas dépérir".
Parmi ses principaux projets : l'aménagement d'un chemin piétonnier et pour les vélos de Massot jusqu'aux Orgues. "C'est la mobilité de demain, ça a du sens écologique et ça pourrait enclencher une dynamique qui va au-delà de la commune".

"Espaly ne pourra rien investir avant 2023"
C'est ce qu'affirme la candidate socialiste, en martelant : "nous sommes les seuls à aborder la question des finances municipales". Sujet lourd qu'elle étaye, chiffres à l'appui : "en 2019, les recettes de fonctionnement étaient de 2,7M€ et les dépenses de 2,5M€, remboursement d'emprunt compris. Donc il reste 200 000 € par an, l'équivalent de 200 mètres de voiries avec trottoirs". Elle affirme que la capacité d'emprunt de la commune est au maximum et qu'il faudra donc se serrer la ceinture jusqu'en 2023.
"Durant les deux premières années, nous mettrons en place des mesures peu coûteuses ou qui prennent du temps à la mise en place comme la démocratie locale ou une étude des systèmes de chauffage des bâtiments communaux", conclut-elle.

Les grandes lignes de leur projet en 80 secondes au micro de Zoomdici

(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur smartphone ou tablette)
(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur smartphone ou tablette)

(Cliquer sur "Listen in browser" pour une écoute sur smartphone ou tablette)

Au premier tour, à deux jours du confinement, le taux d'abstention était de 51,65 %. Nul doute que la mobilisation, ou non, des électeurs d'Espaly sera encore une fois l'une des clefs du scrutin.

Maxime Pitavy

Pour des raisons sanitaires liées à l'épidémie de Covid-19, pour le 2ème tour des élections municipales ce dimanche 28 juin 2020, les trois bureaux de vote seront déplacés dans la salle de spectacle de la MJC (25 avenue de la mairie). Horaires d’ouverture des bureaux de vote : 8h à 18h.

Vous aimerez aussi

Vos commentaires

Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire