Les chasseurs, futurs auxiliaires de sécurité?

Par Olivier Stevens , Mise à jour le 22/11/2021 à 06:30

Les chasseurs ont "un rôle à jouer en matière de police de proximité", estime leur patron, Willy Schraen.

Le président de la Fédération nationale des chasseurs dit, dans une interview au JDD, vouloir proposer un "partenariat" aux élus ruraux, pour lutter " contre la délinquance rurale et environnementale".

Dans la fédération départementale de Haute-Loire, les réactions sont prudentes et nuancées.

Le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a estimé, dans un entretien au Journal du Dimanche que les fédérations départementales de chasseurs ont "un rôle à jouer en matière de police de proximité".

Willy Schraen a annoncé dans les colonnes de l’hebdomadaire sa volonté de proposer aux élus ruraux un "partenariat" afin de donner aux agents assermentés de sa fédération des pouvoirs de police dans la forêt, pour lutter " contre la délinquance rurale et environnementale".

"Je pense qu’en matière de police de proximité, les fédérations départementales des chasseurs ont un rôle à jouer pour contribuer à la prévention et à la surveillance des territoires", avance-t-il.

"Dresser des procès-verbaux et constater des flagrants délits "

"Au sein de la fédération, nous avons des agents de développement. Ce sont des professionnels formés et assermentés intervenant déjà dans certaines communes qui en ont fait la demande pour la régulation de certaines espèces nuisibles", explique le patron des chasseurs.

Ces agents "pourraient, demain, sous le contrôle de l’Etat et des maires, avoir des missions plus larges pour s’occuper des dépôts d’ordure illégaux, de la divagation des animaux domestiques, des problèmes liés à la présence de véhicules motorisés dans la forêt à des endroits sensibles, etc. Il s’agirait de dresser des procès-verbaux et de constater des flagrants délits ", poursuit-il.

La ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, s’est montrée peu favorable à la proposition du patron des chasseurs. "Il y a déjà une police de l’environnement qui existe et qui est exercée par diverses catégories de fonctionnaires assermentés. Ensuite, parmi les fédérations de chasseurs, il y a des salariés assermentés pour faire déjà un peu de police de chasse. Si les paroles de Willy Schraen veulent dire qu’on peut augmenter les compétences de ces salariés assermentés pour la gestion de déchets sauvages, ça se discute", a-t-elle nuancé.

"Il faut être nuancé. Cela n'est pas adaptable partout."

Louis Garnier, président de la fédération de chasse de Haute-Loire, réagit prudemment: " C'est très bien. Pourquoi pas? Mais il faut être nuancé. Cela n'est pas adaptable partout. Il y a beaucoup de différences entre les fédérations en France. En Haute-Loire, nous avons des agents de développement qui sont des agents techniques assermentés. Il font parfois fonction d'estimateurs. Ceux-ci pourraient être amenés, en accord avec les mairies, à jouer le rôle d'agents de prévention des dégâts biologiques, par exemple les dépôts sauvages d'ordures qui se multiplient malheureusement un peu partout."

Il poursuit: "Ma position est simple et prudente: s'ils sont capables de le faire, pourquoi pas? Pourquoi ne pas donner un coup de pouce à nos maires? Là où je suis en retrait, ce n'est pas sur l'idée mais sur la faisabilité, notamment en Haute-Loire. Ici, nous avons des gardes particuliers qui sont des gardes assermentés. Je ne les vois pas rentrer dans ce genre de missions. Il y avait des "gardes fédéraux il y a 40 ou 50 ans. Ils dépendaient des fédérations départementales de chasse. Des sortes de "gardes-champêtres". Tout a bien évolué depuis."

"En Haute-Loire, nous sommes une petite fédération de 6000 chasseurs. Ce n'est pas à notre échelle."

Et il précise: "Je crois que l'idée de Willy Schraen est surtout applicable dans les Fédération de chasse du Nord de la France. Là, ils sont parfois 40 000 par fédération, avec une structure correspondante. Ici, en Haute-Loire, nous sommes une petite fédération de 6000 membres. Ce n'est pas à notre échelle. De toutes façons, à ce stade, il nous manque beaucoup d'éléments pour pouvoir discuter en détail de ce qui est souhaitable, profitable ou faisable."

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