Leboncoin et Vinted mettent à mal Emmaüs

Par Ombéline Empeyta Brion , Mise à jour le 23/05/2023 à 15:30

Trier, vider son dressing, et enfin se décider à s'en débarrasser. Depuis quelques années, et récemment renforcé par l'inflation, le phénomène des sites de revente explose. Nombreux sont les Français qui choisissent désormais de revendre leurs habits sur les plateformes de seconde main plutôt que les donner à des associations. Un phénomène qui fragilise notamment Emmaüs, dont l'antenne de Haute-Loire organisait son Assemblée Générale ce lundi 22 mai. 

« Si tu ne le portes pas, vends-le ! ». On a tous déjà entendu ou vu ce slogan. Vinted explose depuis ces dernières années avec un véritable marché florissant avec plus de 10 millions d’utilisateurs en France et 400.000 articles ajoutés chaque jour. À la fois économique, écologique et surtout tendance, la seconde main sait plaire. Bien que de prime abord parti d'une bonne intention, cette "mode" impacte négativement les associations solidaires, qui ne reçoivent plus la même quantité et qualité de don depuis son essor. 

Une véritable concurrence aux associations

L’engouement croissant des Français pour les vêtements de seconde main devrait être une aubaine pour les associations comme Emmaüs. Mais c'est finalement un cauchemar. Car pour cette association, le don est le cœur du modèle social et solidaire. Alors le constat est clair : les dons sont plus fluctuants, et surtout de moins bonne qualité. Les associations solidaires récupèrent "le reste", tout ce qui ne se vend finalement pas sur les plateformes ou qui n'est plus en état d'être vendu. "Ne donnez pas ce que vous mettriez au recyclage", rappelait fin mars la directrice générale adjointe d’Emmaüs France, Valérie Fayard. Un constat également fait en Haute-Loire : "On ne se plaint pas sur la quantité, on a toujours massivement des dons qui arrivent, par contre ce qui change et qu'on remarque de plus en plus, c'est la qualité. Ça n'a rien à voir", explique Gérard Giron, président d’Emmaüs 43, lors de l'Assemblée Générale du 22 mai au Puy-en-Velay.

Gerard Giron, président d'Emmaüs 43. Photo par Ombéline Empeyta Brion

" Emmaüs a les reins solides !"

Pour lui, pas question de baisser les bras et de se démoraliser face à cette "concurrence directe". "Nous savons ce que nous faisons depuis des années, nous restons confiants et modestement,) satisfait de notre travail. Je ne suis pas pessimiste, Emmaüs a les reins solides !"

Pousser le vice jusqu'au bout...

Fin mars denier, Emmaüs France a décidé d'y aller fort et a lancé une campagne adressée aux usagers de ces plateformes plutôt...culottés. De vraies « fausses » annonces, retirées au bout de 24 heures, publiées depuis un compte « Emma Us ». Sur les vêtements proposés, le fameux slogan détourné : « Tu ne le portes pas, donne-le ». 

Une demande qui ne cesse pourtant pas d'augmenter

L'inflation fait du mal. Compréhensible donc cette volonté des utilisateurs de tenter de se faire un petit billet plutôt que de donner aux associations en ces temps difficiles. Entre le Covid et la guerre en Ukraine, la précarité augmente. Alors si les dons fluctuent, le nombre de bénéficiaires, lui, ne cesse d'augmenter. Il ne faut pas se leurrer, avec ces événements, la précarité est là, et les personnes en difficultés frappent à nos portes.". En moyenne, deux demandes individuelles sont effectuées chaque semaine chez Emmaüs 43.

Devant la centaine de personnes présentes à l'AG ce lundi 22 mai, il lance alors un constat "L'association œuvre depuis près de 70 ans contre quatre grands fléaux contemporains qui aujourd'hui demeurent encore, voire s'intensifient. L'environnement et l'évolution climatique, les conflits à travers le monde, la situation migratoire et les dégradations des conditions sociale et économique des Français."

L'Assemblée Générale d'Emmaüs 43. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Un bilan positif malgré tout

Avant de présenter les futures actions et nouveautés de cette année, comme le recrutement de la chargée de communication ou encore le nouveau site internet, le président s'est hâté, avec fierté, de faire le point sur les actions, elles, déjà bien actées. Il reste optimiste et confiant pour la suite. " En 2019, on avait fait une liste de tous les objectifs à atteindre d'ici à 2024. Aujourd'hui, quasi toutes les cases sont cochées". Il a notamment évoqué les améliorations quant à l'aménagement de l'espace de travail, des conditions de sécurité, de la communication et du bien-être des salariés et bénévoles.

Un grand nombre de bénévoles bien utile pour récolter et trier les milliers de dons de vêtements dans les trois antennes du département et le "Bric" de Taulhac. Au total, l'année dernière, en dons financier, Emmaüs 43 a reçu 82.000 euros. 

Emmaüs en chiffes : 

Emmaüs France : 300 structures | 8 000 salariés | 7 000 compagnons.

Emmaüs 43 : 3 antennes | 1 Bric | 223 bénévoles | 100 salariés dont 80 en insertion 

Pour donner :

Sur le site : https://emmaus43.fr/faire-un-don/

Ou sur place :  Rue Lt Colonel M. Rebeyrotte ZI Taulhac 43000 - LE PUY EN VELAY

Téléphone: +33 4 71 05 63 24

Email: contact@emmaus43.fr

 

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3 commentaires

mer 24/05/2023 - 12:24

Emmaüs ils font les difficiles, ils voudraient des trucs neufs... ceux qu'on peut vendre facilement. 

mer 24/05/2023 - 07:12

A qui la faute ??? Le travail ne paie plus !  l'essence , les frais , l'alimentation explosent... et les salaires ne bougent plus. Du coup, on se débrouille.  Tant qu'on ne revalorisa pas notre labeur, l'économie se reprendra pas et l'on n'achetera rien en neuf. Nous n'avons plus les moyens !!!!

mar 23/05/2023 - 19:07

En raison de l'inflation, et, pour ma part une faible retraite,il est normal de retirer un petit pécule de nos ventes soit sur leboncoin ou vinted, soit sur le bric à brac, soit dans les dépôts vente.