Portes grandes ouvertes à la médiathèque de Retournac samedi 4 octobre

Chaque année, quand septembre s’installe doucement, les bois de Haute-Loire résonnent d’un grondement fort et ancestral. Un bruit sourd fend le silence, ce n’est pas un orage, c’est le brame du cerf. Cette année marque sa 60e année de sa réintroduction et une population en constante augmentation.
Aujourd’hui, les forêts vibrent sous les appels puissants du cerf, plus présent que jamais, il nous fait profiter de son brame durant une courte période sur des zones précises, souvent inchangées d’année en année, qui deviennent les théâtres naturels d’un rituel, vieux comme le monde.
La place du brame
La période du brame du cerf s'étend généralement du 15 septembre au 15 octobre et marque la saison des amours. Ce cri rauque et puissant du mâle a une double fonction « c'est pour attirer les biches d'un côté et puis repousser les autres mâles » Hugues Giraud, technicien à la fédération des chasseurs de Haute-Loire.
Si le phénomène fascine de plus en plus d’amateurs de nature, il reste un moment privilégié pour ceux qui l’entendent partout. en Haute-Loire. Le brame se concentre surtout sur la moitié ouest du département, où la densité de population est plus élevée. Comme l’explique Hugues Giraud, « au moment du brame, les animaux ont tendance à rejoindre leur place de brame, cantonnée sur quelques communes. »
Le retour du cerf
En Haute-Loire, la présence du cerf n’est pourtant pas si ancienne. Il a fallu attendre les années 1960 pour que l’espèce soit réintroduite. Le 3 avril 1965, un premier lâcher est effectué à Aubazat, suivi d’un autre quelques jours plus tard à Monistrol-d’Allier. Aujourd’hui, ce sont plus de 150 communes qui accueillent cette grande espèce emblématique.
Gestion de l’espèce
La gestion du cerf n’a rien d’un hasard. Chaque année, des quotas de prélèvement sont fixés en fonction des dernières années « on interprète toujours les résultats sur un pas de temps de quatre ou cinq ans » et chaque année est réévaluée, explique Hugues Giraud. Cette méthode tient compte :
- de la population observée sur les quatre à cinq dernières années,
- des dégâts observés dans les forêts ou les cultures,
- le ressenti local des agriculteurs et des forestiers.
« L'idée est de prélever* des animaux dans toutes les classes d'âge et de sexe pour ne pas déséquilibrer la population » Hugues Giraud
En Haute-Loire, la gestion se distingue par sa simplicité et son efficacité. Là où d’autres départements multiplient les catégories de bracelets : selon l’âge, le sexe, voire le nombre de cors. Le département a fait le choix de représenter la population des cerfs en trois types de bracelets : mâles, femelles et jeunes. Cette méthode limite les erreurs de tir, notamment en battue, et permet d’atteindre un équilibre biologique optimal. « Grâce à ce système, on se retrouve toujours avec ce qu’on recherche : un tiers de jeunes, un tiers de femelles adultes, un tiers de mâles adultes », souligne Hugues Giraud.
Ce taux de réalisation est déterminé par un système de points. Introduit dans les années 1990, il récompense les territoires qui prélèvent majoritairement des jeunes animaux, en leur attribuant plus de bracelets l’année suivante. À l’inverse, ceux qui prélèvent essentiellement des adultes verront leurs attributions diminuer. « Le but du jeu pour le territoire de chasse, c’est d’essayer de se retrouver avec un solde proche de zéro », rappelle Hugues. Ce dispositif vise à éviter une chasse uniquement tournée vers les animaux dits de "trophées", même si, comme il le reconnaît, « les chasseurs ont aujourd’hui une certaine conscience de ce qu’il faut faire pour que la population se porte bien ». Le taux de réalisation du plan de chasse atteint 90 % dans le département.
Et le loup…
Encore celui-ci, nous direz-vous ? Oui, le loup exerce de la prédation sur les populations de cerfs. Mais pour le moment il ne présente pas de problème sur la Haute-Loire, car aucune meute n’y est installée, « En revanche, dans les départements où le loup est bien installé, ça induit des diminutions d'effectifs et des changements au niveau du comportement de l'animal » explique Hugues Giraud.
Écouter et voir le brame
Pour célébrer les 60 ans de la réintroduction du cerf, un grand événement est organisé à Aubazat, le 27 septembre 2025. Tous les chasseurs de Haute-Loire sont conviés à une journée de rencontres, d’échanges et de convivialité, clôturée par un apéritif dînatoire. L’occasion aussi de visiter l’observatoire de cerfs d’Arlet, conçu en 2001, pour permettre au grand public d’observer les cerfs, notamment pendant le brame, sans les déranger. Lieu pédagogique, il présente aussi l’historique de l’espèce dans le département, son cycle biologique, les indices de présence et les enjeux de sa gestion. Détruit par un incendie en 2022, il a été entièrement reconstruit, et est désormais à nouveau librement accessible, 24h/24, tout au long de l’année.
Le mercredi 1er octobre, une sortie nature est organisée à Arlet, près de Langeac, pour écouter le brame du cerf et l'observer dans son milieu naturel. Cette soirée, encadrée par des spécialistes, permettra de découvrir la biologie du cerf, son histoire, ainsi que les enjeux liés à sa gestion.
Le rendez-vous est fixé à 18 h 30 au second parking de l’observatoire, à proximité du village d’Arlet, pour une observation jusqu’à 21 h. Il est recommandé de se munir de jumelles et d’une lampe torche.
Pour plus de renseignements ou pour s’inscrire, il suffit de contacter le 04 71 09 10 91.
*prélever : abattre
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