Le Puy : des policiers remontés contre leur 'flicage'... mais désunis syndicalement

mer 22/01/2014 - 17:43 , Mise à jour le 26/11/2020 à 17:49

Le port du numéro RIO est en vigueur depuis le 1er janvier 2014. Tous les fonctionaires de police doivent désormais le porter, dans le but d'améliorer les relations entre la police et la population, selon le gouvernement, alors que les agents se sentent surtout fliqués.
Notons que le dispositif a coûté la bagatelle de 800 000 euros à l'échelle nationale, une somme que les fonctionnaires de police auraient préféré voire investie dans des recrutements ou dans l'achat de véhicules...
"Jusqu'à présent, n'importe quel policier mis en cause a toujours été rapidement identifié, ce qui est tout à fait normal", explique Stéphane Jamon, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance, "mais ce numéro n'apporte rien de plus si ce n'est qu'on se sent davantage stigmatisés, alors qu'on est déjà la profession la plus contrôlée de France".
Lionel Coniasse, secrétaire départemental de l'Unité SGP Police FO, reprend les grandes lignes du désaccord qui les a amené à se rassembler ce mercredi. Ecouter.{{audio1}}

----Les policiers n'ont pas le droit de grève, les agents qui se sont rassemblés ont donc été contraints de le faire sur leur temps de pause. Rappelons également qu'ils sont doublement poursuivables en cas de litige : sur le plan pénal et sur le plan administratif.-----Multiples désaccords avec le code de déontologie
Tout découle en fait de l'élaboration du nouveau code de déontologie. Les agents de la paix y voient bien des points de désaccord : "un gendarme meurt pour la France, un policier juste en service", explique Stéphane Jamon, "on n'a pas la même reconnaissance et on est rabaissés alors qu'on fait sensiblement le même métier. Il y a d'ailleurs chaque année plus de policiers morts dans l'exercice de leur fonction que de gendarmes". Pour autant, les indemnités attribuées à la famille sont les mêmes dans ce type de drame.
Une plateforme Internet a également été mise en place afin de dénoncer des policiers et contacter directement l'IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale). "A terme, on va nous enlever tout pouvoir d'initiative et pourquoi pas bientôt le droit de vote ?", ironise-t-il. Leur droit de réserve est également étendu en dehors de leurs fonctions alors que les salaires sont gelés depuis quatre ans...

Les policiers suspectés de déposer plainte pour arrondir les fins de mois...
Autre élément au coeur de la grogne : le récent rapport de l'IGA (Inspection Générale de l'Administration) dénonce un nombre de plaintes déposées trop important de la part des policiers, allant même jusqu'à insinuer que c'est un moyen d'arrondir les fins de mois ou de se constituer un treizième mois...
"Nous sommes dépositaires de l'autorité publique au même titre qu'un magistrat ou qu'un élu", s'insurge le secrétaire départemental du syndicat de police Alliance, "le travail d'un policier, ce n'est pas d'être insulté, agressé ou outragé. On n'est pas là pour se faire cracher dessus et pourtant, on voit de plus en plus de magistrats qui ne poursuivent même plus les outrages", déplore-t-il.

----Rayon de soleil dans cette grisaille : deux fonctionnaires arrivent en mars pour renforcer les effectifs ponots.-----Engorgement de dossiers pour l'un des départements les plus sécurisés de France
Au Puy, le commissarait compte une centaine d'agents pour assurer le service public 24h/24 et 365 jours par an. "Nous ne sommes pas assez nombreux pour gérer la masse de dossiers en cours et dernièrement, le procureur général auprès de la cour d'appel de Riom a tiré la sonnette d'alarme à propos du tribunal du Puy-en-Velay, considérant qu'il y avait un engorgement de dossiers car ils sont soumis aux mêmes problèmes que nous", précise Stéphane Jamon.
Pourtant, la Haute-Loire est toujours l'un des dix départements les plus sécurisés de France non ? "Oui, mais nous avons quand même un volume d'affaire conséquent par rapport à nos effectifs, aussi bien en zone gendarmerie qu'en zone police... La Haute-Loire reste une plaque tournante appartenant au bassin rhônalpin".
La police est-elle plus apte à nous punir qu'à nous défendre ? Ecouter la réponse de Stéphane Jamon, qui reconnaît que Le Puy est un village et qui explique que la politique du chiffre n'est pas vraiment révolue... {{audio3}}

Désaccord syndical... à quelques mois des élections professionnelles
S'ils étaient mobilisés ce mercredi, les policiers n'étaient en revanche guère unis. Les revendications étaient les mêmes mais un premier rassemblement a eu lieu à 13h pour le syndicat Unité SGP Police et un autre à 14h pour le syndicat Alliance. "On se bat contre l'administration, pas contre les autres syndicats", ont répondu les différents responsables syndicaux interrogés, ne souhaitant pas décrédibiliser leur mouvement.
Pourtant, si l'on creuse un peu, on comprend mieux l'objet du litige : le syndicat Unité SGP Police, qui est aujourd'hui contre le RIO, a quand même signé avec l'administration au niveau national, puisqu'il s'agit du syndicat majoritaire, pour ce nouveau code de déontologie et pour le port du RIO le 6 mars 2013. "C'est donc un peu tard pour s'y opposer maintenant que le dossier est entériné", dénonce Stéphane Jamon, "mais je crois qu'ils se sont rendus compte que la grogne des policiers était générale, même chez leurs adhérents, et ils essaient de sauver la face alors qu'on va prochainement rentrer en période d'élections professionnelles...".
Egalement interrogé sur cette division syndicale, Lionel Coniasse, secrétaire départemental de l'Unité SGP Police FO, répond au micro de Zoomdici. {{audio2}}

Maxime Pitavy

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