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Le combat de Varian Fry au Chambon-sur-Lignon
L’exposition "Treize mois pour sauver les artistes, Le combat de Varian Fry" sera visible à partir du 4 juillet (jusqu'au 19 octobre) au Lieu de mémoire du Chambon-sur-Lignon. Cette nouvelle exposition met en lumière le journaliste américain Varian Fry qui a aidé artistes et intellectuels antinazis à obtenir des visas pour fuir l’occupation depuis le sud de la France. Vous pourrez retrouver des œuvres exceptionnelles des artistes sauvés tels que : Jean Arp, Victor Brauner, Marc Chagall, etc.
Certaines ont notamment été créées dans la villa Air-Bel où les artistes ont trouvé refuge.
En août 1940, un jeune journaliste new-yorkais, Varian Fry, débarque à Marseille missionné par l’organisation américaine Emergency Rescue Committee. Sa mission : tenter d'exfiltrer de France les artistes et intellectuels réfugiés à Marseille et dans ses alentours en leur octroyant des visas pour les États-Unis. Or, dans le cadre des accords d’armistice entre la France et l’Allemagne, les autorités de Vichy se sont engagées à remettre aux Allemands les réfugiés anti-nazis.
Varian Fry est en possession d’un permis de séjour valable trois mois, d’une liste de noms d'environ deux cents personnes du monde de la culture et de la somme de 3 000 dollars. Pour pouvoir secourir le plus grand nombre de personnes, il ouvre un bureau d'une association dénommée : Comité américain de secours (plus connu sous son acronyme CAS) et s'entoure de fidèles collaborateurs.
La villa Air-Bel ou la cité des artistes
Des filières d'évasion se dessinent, comme par exemple : le passage vers les Pyrénées pour rejoindre l'Espagne et le Portugal, promesse pour les plus chanceux d'une traversée transatlantique vers les États-Unis ou le Mexique. La police française suspecte Varian Fry d'activité illégale et renforce sa surveillance. À la recherche d'un lieu excentré pour héberger les réfugiés, le hasard permet aux collaborateurs de Fry de rencontrer le docteur Thumin, qui accepte de leur louer la villa Air-Bel, bientôt rebaptisée par ses locataires « Le Château Espère-visa ». Le domaine d'Air-Bel se transforme en un phalanstère d'artistes, où l'on continue de créer pour tromper l'angoisse des heures sombres.
Le 1er janvier 1941, le département d’État des États-Unis ordonne au Consulat général de Marseille de ne pas renouveler le passeport de Varian Fry à la date d'expiration. Le 29 août 1941, Varian Fry est arrêté au nouveau siège du Centre américain de Secours 18, boulevard de Garibaldi à Marseille. Il est expulsé quelques jours plus tard vers la frontière espagnole.
Le CAS, sous la direction de Varian Fry, a traité quelque 1500 dossiers de personnes dont il a sauvé la vie. On relève les noms des artistes aussi importants pour l'histoire de l'art du XXe que : Jean Arp et son épouse Sophie Taeuber-Arp ; Hans Bellmer ; Victor Brauner ; André Breton ; Marc Chagall ; Frédéric Delanglade ; Oscar Dominguez ; Max Ernst ; Jacques Hérold ; Wifredo Lam ; Jacqueline Lamba ; Wanda Landowska ; André Masson et Roberto Matta. On note également la présence d'écrivains célèbres telles qu'Hannah Arendt ou encore Anna Seghers.
La reconnaissance française
Lors du retour de Varian Fry aux États-Unis, loin d'être accueilli comme un héros, une certaine défiance s'installe à son égard. Il est d'ailleurs mis à l'écart de l'Emergency Rescue Committee. La reconnaissance sera bien tardive. Elle sera française. Le 12 avril 1967, Varian Fry est nommé au grade de chevalier de la Légion d'honneur, un des seuls honneurs qu’il reçoit de son vivant. Il décède le 13 septembre 1967 à Easton dans le Connecticut. Le 5 février 1996, Varian Fry est le premier Américain honoré comme "Juste parmi les Nations". Le secrétaire d’État américain Warren Christopher reconnaît que son action n'a pas reçu le soutien qu'elle méritait de la part des États-Unis.
Le 1er janvier 1998, il reçoit la citoyenneté d'honneur de l’État d'Israël, accordée à un certain nombre de « Justes qui ont rallumé la lumière de l'humanité pendant l'époque nazie ».