Un vendredi 13 décembre en robe de flocons
Jean-Pierre Vigier devient porte-parole des territoires de montagne
Député de la Haute-Loire, Jean-Pierre Vigier a été élu président de l'Anem, à l'occasion de son 40ᵉ congrès annuel. Un mandat de deux ans l'attend, au cours duquel il compte être le porte-parole des territoires de montagne, mais aussi œuvrer en faveur d'une 3ᵉ loi montagne.
Selon les critères fixés par les lois montagne de 1985 et 2016, 249 des 257 communes altiligériennes sont considérées comme des territoires de montagne. C'est près de 97 % du département. Autant dire une grande partie...
C'est quoi l'Anem ?
L'Association nationale des élus de montagne, créée en 1984 en prévision de la première loi montagne, réunit les quelque 6 000 membres, maires, conseillers communautaires, départementaux et régionaux ainsi que des parlementaires des territoires dont la "note de handicap est supérieure à deux".
Cette note est attribuée selon des critères d'altitude et de déclivité.
Sept massifs français sont représentés : le Massif central, les Alpes, les Pyrénées, le Jura, les Vosges, la Corse et les Outre-mer.
« On ne peut pas appliquer la loi nationale de manière uniforme »
C'est donc presque naturellement que Jean-Pierre Vigier, député de la Haute-Loire, a été élu ce 11 octobre, président de l'Association nationale des élus de montagne.
Son mandat durera deux ans. 24 mois au cours desquels le parlementaire compte porter haut la voix des territoires de montagne.
En effet, pour lui, ces territoires méritent d'être gérés différemment, et donc de bénéficier du droit à la différenciation, en raison des contraintes et des atouts que leur apportent leurs configurations.
« On ne peut pas appliquer la loi nationale de manière uniforme. La force des territoires de montagne, et des lois de 1985 et 2016, c'est ce droit à la différenciation et l'adaptabilité des textes à leurs spécificités. Sur l'eau et l'assainissement, sur le ZAN, sur l'agriculture, sur le tourisme, et sur bien d'autres thématiques, c'est exactement ce dont on a besoin : faire exister la montagne avec ses besoins et spécificités, au sein de la loi. »
Une urgence : la gestion de la ressource en eau
Ce sont justement sur toutes ces thématiques évoquées ci-dessus, que Jean-Pierre Vigier compte axer son mandat, et surtout, il souhaite former différentes commissions pour chacune d'elle, afin de permettre aux élus, et aux partenaires, de travailler ensemble autour de sujets, selon les caractéristiques qu'implique la montagne.
Il souligne d'ailleurs une urgence parmi celles-ci : le retour sur le transfert obligatoire de la compétence de gestion de l'eau et de l'assainissement, entrant en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2026.
« Évidemment, on ne va pas revenir sur tout ce qui a déjà été entrepris et réalisé. Par contre, il faut laisser aux élus la responsabilité. En effet, la gestion de l'eau ne se fait pas sur des limites administratives, mais sur des bassins versants, qui peuvent exister sur plusieurs départements, plusieurs intercommunalités. On laisse les élus gérer correctement, ils savent le faire, ils connaissent leur territoire », lance le nouveau président de l'Anem.
« Faisons confiance aux élus, ils ne sont pas fous » Jean-Pierre Vigier
Il souligne d'ailleurs l'impact économique que peut avoir une telle répartition de la compétence : « Le service se serait éloigné du territoire, avec pour conséquence directe un prix à l'usage beaucoup plus important. Ce retour sur le transfert de compétence est une bonne nouvelle. Il est acté au Sénat et à l'Assemblée nationale. Maintenant, il faut suivre la procédure administrative et aller jusqu'au bout. »
Il se montre d'ailleurs confiant, après avoir « été entendu et écouté par le Premier ministre Michel Barnier ».
Qui dit montagne dit élevage ?
Parmi les quelques thématiques que le député veut apporter sur la table des discussions, l'agriculture, qui est d'ailleurs actuellement touchée par une nouvelle crise.
Mais à force de crises, c'est tout un secteur qui va mal, et qui réclame changements, lois, aides, protection, etc. Pourtant, ce secteur fait partie des piliers de la ruralité, et de la montagne.
« On voit bien que l'élevage fait partie des filières agricoles qui ont les plus faibles revenus. Et heureusement qu'on a l'élevage, sur nos territoires de montagne, parce que ce sont eux qui permettent d'avoir une économie forte, et surtout, ils permettent de conserver et d'entretenir les espaces ouverts. Sans éleveurs, sans paysages ouverts, on perd notre attractivité, et notre tourisme. »
Jean-Pierre Vigier annonce ainsi avoir, en sa qualité de député, demandé une étude sur les revenus des éleveurs.
« Cela permettra de déterminer les marges de manœuvre et les leviers dont on dispose pour améliorer leurs revenus »
Tourisme
Si le politicien rapporte en partie l'agriculture au tourisme, c'est parce que ce sont deux enjeux majeurs des territoires de montagne, qui dépendent parfois l'un de l'autre.
En effet, si les agriculteurs permettent le maintien de vastes espaces naturels, le tourisme apporte à la montagne un revenu économique fort. Jean-Pierre Vigier précise d'ailleurs que l'Anem soutient fortement la tenue, en 2030, des Jeux Olympiques d'hiver dans les Alpes françaises.
Mais l'enjeu se trouve à ce jour, pour Jean-Pierre Vigier, dans l'accompagnement des stations d'hiver, et le développement, dans les stations de basse-montagne, du tourisme dit "4 saisons".
« On n'avait pas de problème d'enneigement, il y a encore 10 ou 15 ans. Aujourd'hui, avec le réchauffement climatique, on a un problème sur les basses stations. On doit donc réfléchir avec elles sur la manière d'aborder cette mutation, pour arriver à développer un tourisme qui dure tout au long de l'année. C'est un des enjeux de l'acte III, qui se transformera en proposition ou en projet de loi, selon si c'est un député ou un sénateur qui décide de le porter », détaille-t-il.
Vers un acte III de la loi Montagne
L'objectif, au bout de ces deux années de mandat, est en effet pour le député altiligérien d'arriver à transposer toutes ces thématiques dans la loi, via l'acte III Montagne. Satisfait des deux premières éditions de 1985 et 2016, il considère qu'elles ont « permis de trouver un juste équilibre entre l'attractivité des territoires de montagne, et la préservation de l'environnement ».
Alors, il considère que pour un troisième acte, l'important « est d'adapter cette loi aux enjeux liés à l'évolution de la société et au changement climatique en territoire de montagne ».
Et de conclure : « L'intérêt de l'Anem, c'est que nous sommes apolitiques, et que nous portons à l'échelle nationale la voix des montagnards, et nous avons nos accès directs aux différents ministères. On a d'ailleurs six montagnards au sein du gouvernement actuel, ce qui est un atout très particulier pour nous. »
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