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Emblavez : solidarité et système D parmi les confinés

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

A Vorey-sur-Arzon, le garagiste Rémi Rousset a utilisé les ressources qui étaient à sa portée et son sens de l'à-propos et du bricolage pour équiper, dans l'urgence du début de crise, ses voisins commerçants de cloisons vitrées.
A Beaulieu, Léo Liogier, 13 ans, engagé dans une formation de jeune sapeur-pompier, a mis à profit son imprimante 3D et son sens de l'initiative pour produire en série des supports de visières qui connaissent un véritable succès.
Rémi Rousset, garagiste apprécié mais surtout roi du système D
« Au début du confinement, mon voisin pharmacien m'a demandé si je n’avais pas de plexiglass dans mon stock mais devant la demande généralisée, il n’y avait plus rien de disponible. J’ai réfléchi un petit moment et 20 minutes plus tard je lui proposais un premier essai de cloison à partir de vitre latérale d’un véhicule 4X4 qui devait partir pour la casse. Je l’ai installé sur un support bois et on a fait les tests. Le lendemain, c’était opérationnel ».
« Le soir même, mon fils, qui est apprenti boulanger, me dit qu’à la boulangerie aussi, il avait été impossible de trouver un fournisseur de plexi. Ni une, ni deux, j’ai utilisé un panneau publicitaire et on a construit une cloison qui permettait de sécuriser la banque en attendant mieux.
Puis ce fut le tour de la quincaillerie. Là, j’ai utilisé un pare-brise arrière de 3008 que j’avais en stock ! »
Alors bien sûr les dispositifs n’avaient pas vocation à devenir définitifs et très vite les commerçants ont été assaillis par les démarcheurs qui proposaient des systèmes « brevetés », surtout après l’annonce d’une aide financière régionale pour s’équiper.
Ce qu’a fait Rémi Rousset, c’est juste aider ses voisins commerçants à passer le cap de ces premiers jours du confinement et ce, sans demander aucune contre partie, pas même financière.
Il poursuit : « Moi, je suis installé ici depuis une douzaine d’années et on s’entend super bien entre artisans et commerçants. Je crois que c’est une occasion de le démontrer et de faire vivre cette solidarité qui est réelle par ici. On est une véritable communauté, c’est ce que je voudrais qu’on retienne de cet épisode ».
Naissance d'une junior entreprise de masque de protection à Beaulieu
A quelques kilomètres de là, Léo, élève de 4ème au collège de Retournac, suit en parallèlle une formation aux Jeunes sapeurs-pompiers de l'Emblavez. Il se demande rapidement comment il pourrait se rendre utile (en dehors de ses heures de travail scolaire, bien sûr).
En parcourant les réseaux sociaux, il a lu pas mal d’articles sur la fabrication de visières pour soignants. Or, il a justement une imprimante 3D, un cadeau de Noël.
L’idée lui vient très vite de faire des tests de construction. Des modèles de fichiers sont disponibles en nombre sur le web, il faut donc en télécharger un, le transférer sur une carte SD et enfin paramétrer l’imprimante puis attendre le résultat.
« Ça a tout de suite bien fonctionné, à part peut-être le modèle d’essai. J’avais déjà bien utilisé mon imprimante pour construire des pièces de remplacement d'objets cassés. C’était donc assez facile d’imprimer ces modèles à partir de fichiers tout prêts. Le plus long, c’est de trouver les bons paramètres. A partir de là, c’est allé très vite ».
En effet, les commandes arrivent tous les jours et le projet devient vite une affaire de toute la famille. A ce jour, il a été édité 75 exemplaires de ces "serre-têtes". A raison d’1h30 environ par impression, le compte est vite fait.
« On a mis au point des kits qui comprennent le serre-tête (c'est ça qui est imprimé en 3D), quelques feuilles de plastique, type intercalaire de classeur ; il suffit de les poinçonner comme pour un classeur puis de les clipper dessus) et un mode d’emploi. Mon père, lui, s’occupe de la livraison ». Le bonus est que tout est gratuit.
En réalité, le kit a un coût de revient évalué à 1,40 € mais Léo ne demande aucun paiement… « On ne refuse pas les dédommagements quand même !», sourit-il.
Sur les photos d'illustration, on comprend, à voir la la taille du rouleau de filament placé au dessus de la table de l’imprimante que Léo est passé à une phase de construction en nombre.
« Les "clients" sont très divers. Au début, on en a donné à des infirmières libérales et à des médecins. On en a fait pour le magasin Weldom aussi et puis pour des dentistes. On a même eu à un moment un contact avec un hôpital qui en voulait mais ça n’a pas abouti. On en donne aussi à la charcuterie Chalendard qui les propose aux clients ».
En projet, le jeune Léo est en train de tester une nouvelle pièce, un support plastique qui permettra d'accrocher les élastiques des masques grand public sans les crocheter derrière les oreilles : « C’est juste un bout de plastique avec plusieurs crans de réglage pour faire tenir les masques sans tirer sur les oreilles ».
A la question de savoir s’il va poursuivre vers des études d’ingénierie, Léo répond : « Oui, j’y pense un peu ou bien alors faire médecine ».

T.C.

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