D'ici un an, la PMA pourrait être ouverte aux couples de femmes

mar 12/06/2018 - 17:25 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:52

Ce mardi 12 juin 2018, à la pause déjeuner, les Ponots passant place Cadelade ont pu voir huit personnes allongées à terre, portant des masques blancs. Au milieu, un poupon, nu pour symboliser sa vulnérabilité, et affublé d’un code barre, en signe de marchandisation. Sur la banderole, le slogan « NON au marché de la procréation ». Entre deux discours, des militants distribuent des tracts, sourire aux lèvres.

12 membres actifs en Haute-Loire
Cette action a été menée par les adhérents et sympathisants d’Alliance Vita au Puy-en-Velay pendant un peu moins de deux heures mais aussi, au même moment, à Monistrol-sur-Loire et dans une soixantaine d’autres villes de France. En tout, en Haute-Loire, Alliance Vita compte 12 membres actifs. « Si l’on compte les sympathisants, ça doit faire environ 200 personnes », estime Isabelle Gastal, membre de l’équipe du Puy qui évoque les « Universités de la vie », organisées depuis quatre ans en Haute-Loire, en visio-conférence avec Paris.

Jusqu'à 200 avec les sympathisants
Pourquoi cette action maintenant ? Car l’association « met en garde sur le risque d’un basculement inédit de la France vers un marché de la procréation après la remise du rapport des États généraux de la bioéthique » et « à l’heure, où l’on débat de l’élargissement des indications de la PMA », explique Virginie Malartre, la déléguée départementale Vita en Haute-Loire. En effet, la ministre de la santé, Agnès Buzyin, a reçu le rapport du comité consultatif national d'éthique sur les états généraux de la bioéthique le 5 juin. Une étape préalable à la future révision des lois de bioéthique.

> Voir le rapport des Etats généraux de la bioéthique 2018 

La porte ouverte à la sélection génétique
« Aujourd’hui, la procréation médicalement assistée n’est autorisée, en France, que pour les couples hétérosexuels qui souffrent d’infertilité, développe Isabelle Gastal, mais le président de la République s’est dit favorable à sa libéralisation de la PMA pour toutes les femmes. Il a dit qu’il souhaitait un consensus. Nous on exprime notre désaccord. »
Et d’expliquer en substance ses raisons. Pour elle, si l’on ouvre la PMA, cela mènera à la libéralisation de la GPA (gestation pour autrui). Ces bébés, attendus par des couples d’hommes, seraient alors privés de leur mère biologique, de leur mère porteuse – elle insiste sur l’importance de la connexion in utero – et grandiraient sans mère.
Autre raison avancée par Isabelle Gastal, la porte ouverte à la sélection génétique. « On pourrait choisir le sexe de l’enfant, son degré d’intelligence, etc à partir des caractéristiques du père biologique ; aux Etats-Unis, ça se fait déjà, mais c’est pas parce que quelque chose est possible qu’il faut l’autoriser. » Et d'ajouter la question du rejet éventuel des couples qui découvriraient que le bébé qu'ils ont « commandé » est porteur de handicap.


(A Monistrol-sur-Loire, l'action a été menée rond-point des droits de l'Homme)

Selon le baromètre d'opinion de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) sur la santé, la protection sociale et les inégalités (p.48), paru en mars 2017, six Français sur dix pensent que les couples homosexuels peuvent assurer un rôle de parents comme les couples hétérosexuels et sont favorables à l’adoption par des couples homosexuels. Six Français sur dix sont favorables à la PMA pour les couples de femmes. Et un Français sur deux se disent favorables à la GPA pour les couples hétérosexuels et/ou homosexuels.

Le 24 mai dernier, la ministre de la santé, Agnès Buzyin a affirmé que « le projet de loi sur la bioéthique sera finalisé à l'été 2018, déposé au parlement à l'automne, visiblement fin octobre, et adopté au premier semestre 2019. »

Annabel Walker

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