Décret sur les sacs plastique : ''un moindre mal'' pour les industries de Haute-Loire

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:39

D'abord prévu au 1er janvier, puis à ce 28 mars, le décret n'entrera en vigueur que le 1er juillet finalement. Surtout, seul un critère est retenu : celui de l'épaisseur, ce qui constitue "un moindre mal" pour les 70 entreprises plasturgiques de Haute-Loire.
S'il va freiner l'activité économique de certaines entreprises du département, le décret interdisant les sacs en plastique à usage unique devrait finalement avoir des conséquences moins néfastes que celles que l'on a pu craindre un moment. 
Ce sont finalement les sacs plastiques d’épaisseur inférieure à 50 microns, quel que soit leur volume et qu’ils soient gratuits ou payants, qui seront prohibés des caisses des magasins dès le 1er juillet 2016. A partir du 1er janvier 2017 seront également bannis tous les sacs ou emballages en plastique jetables, y compris ceux fournis pour emballer les fruits et légumes ou le fromage. Les consommateurs devront toutefois se voir offrir des sacs réutilisables, soit de plus de 50 microns, ou des sacs en papier.

Ce ne sont pas 3 000 emplois menacés
Il faut dire que la Haute-Loire est particulièrement concernée par cette problématique car elle compte à elle seule près de 70 entreprises de plasturgie, soit environ 3 000 emplois (directs et indirects). Et le pôle Extrusion Souple, situé sur l’arrondissement d’Yssingeaux majoritairement, reste la deuxième concentration nationale d’entreprises positionnées sur des films souples pour des secteurs d’activité tels que l’industrie, l’agriculture, l’agroalimentaire (lire). Il s'agit d'ailleurs d'un secteur qui recrute (lire).
Mais il ne faut pas dramatiser non plus car les sacs plastiques ne représentent qu'une part infime par rapport aux films plastiques (agricoles ou pour les bâtiments) ou encore les sacs poubelles, qui ne sont eux pas concernés par cette loi.

----"C'est un décret qui limite la casse"
C'est ce qu'estime la Présidente de la CCI : "si le critère du volume avait été retenu, ça aurait été très problématique pour nos entreprises qui l'auraient perçu comme une double peine. Je trouve que c'est finalement assez cohérent avec la loi sur la transition énergétique car en étant plus épais, le sac est plus résistant, donc réutilisable".-----Seul le critère de l'épaisseur est retenu
Tout le coeur du problème réside dans le fait de savoir ce qu'est un sac réutilisable et ce qu'est un sac à usage unique. Le second sera interdit, pas le premier, mais la différence entre les deux devait se situer au niveau du volume et de l'épaisseur. Le décret d'application devait en tout cas fixer des normes strictes pour définir chacun de ces deux sacs, ce qui avait plongé les industriels dans l'expectative car ils manquaient de visibilité, ne sachant pas encore les sacs qu'ils pourront faire demain.
Il a finalement été décidé par l'Europe de ne retenir qu'un seul critère : celui de l'épaisseur. Seuls les sacs inférieur à 50 microns d'épaisseur sont considérés comme des sacs à usage unique, et deviennent proscrits à partir du 1er juillet. il s'agit principalement des "sacs sortie de caisse" dans les supermarchés (ils vont en général jusqu'à 30 microns d'épaisseur). 

Une transition déjà amorcée par la plupart des entreprises concernées
Selon Jocelyne Duplain, la Présidente de la CCI (chambre de commerce et d'industrie de Haute-Loire) et dirigeante de l'entreprise de plasturgie Pichon de Sainte-Sigolène, c'est "un moindre mal" pour les industries du département, "même si ça va contraindre certains à réduire leur volume de production". On pense bien évidemment au plateau sigolénois, où les conséquences devraient être les plus néfastes (notamment pour l'entreprise Alprod, de Riotord) car certaines consacrent une part importante de leur chiffre d'affaires aux sacs plastiques, alors que pour d'autres, c'est une activité plus minoritaire, "donc moins complexe à diversifier".
L'impact devrait tout de même être limité dans le département car la plupart des entreprises avaient déjà amorcé la transition, avec par exemple la confection de sacs bio ou en polyéthylène, "et nos entreprises ont déjà anticipé ce virage en investissant davantage sur la recherche et le développement". Surtout, les entrepreneurs manquaient de visibilité et attendaient le décret pour pouvoir élaborer leurs stratégies commerciales et rassurer leurs clients. Ils peuvent maintenant se mettre au travail !

"Nos entreprises ne pouvaient pas s'adapter à cette nouvelle loi d'un simple coup de baguette magique"
Le sénateur de Haute-Loire Olivier Cigolotti a bataillé pour obtenir un délai afin que les entreprises de Haute-Loire ne se retrouvent pas prises à la gorge. Un délai de quelques mois pour que chacun puisse s'adapter à ce décret.
"Il a fallu faire comprendre aux différents ministères en charge de cette loi sur la transition énergétique, qu'il y avait nécessité d'une transition technologique et que nos entreprises ne pouvaient pas s'adapter à cette nouvelle loi d'un simple coup de baguette magique", avait-il confié à notre partenaire RCF Haute-Loire début février, "car il ne faut pas oublier qu'à la sortie, il y a des emplois et l'adaptation technologique de nos industriels peut permettre de préserver des emplois sur d'autres activités liées à la plasturgie".

----En 12 ans, le nombre de sacs en plastique distribués par les enseignes serait passé de 10,5 milliards à 700 millions par an. De nombreuses enseignes font payer les sacs, entre 3 et 5 centimes, pour inciter les consommateurs à amener leurs propres cabas.-----Le "septième continent" de plastique
Pour conclure, rappelons que cette mesure ne vise pas à freiner les industriels dans leur activité mais répond à un besoin écologique dans le cadre de la loi sur la transition énergétique. Un sac en plastique met entre 100 et 400 ans à se dégrader dans la nature. Sa vie peut donc durer jusqu’à quatre siècles, pour un usage qui n’excède souvent pas vingt minutes, entre sa distribution chez le commerçant et le déballage des courses à la maison. Un fléau pour la faune marine : les tortues, les mammifères et les oiseaux peuvent par exemple ingérer les sacs et s’étouffer. 
Fin 2014, une étude internationale publiée dans la revue PloS One annonçait le chiffre vertigineux de 269 000 tonnes de déchets en plastique dans les océans – tous ne provenant pas de sacs – dont une partie flotte à la surface de l’eau, formant un "septième continent" de plastique.

Maxime Pitavy

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