Cri de colère et de désespoir pour la ferme de Mazeyrat

Par Nicolas Defay ven 11/02/2022 - 06:00 , Mise à jour le 11/02/2022 à 06:00

Orange contre trois agriculteurs. Pot de fer contre pot de terre. Frédéric, Yannick et Nathan Salgues, éleveurs, expriment leur désarroi face à la très forte mortalité de leur cheptel au cœur de leur exploitation de vaches laitières. Depuis la mise en place d’une antenne 4G par Orange, 33 de leurs bêtes sont décédées en moins de 7 mois.

(Vidéo en bas d'article)

Au mois de juin 2021, une antenne de couverture 4G par Orange est implantée sur les hauteurs de Mazeyrat-d’Allier, au lieu-dit Pressat, à proximité du Gaec du Coupet. « Avant cette date-là, notre troupeau était fort de 230 têtes, indique Nathan Salgues, 17 ans, fils de Frédéric. En quelques mois, nous avons perdu plus de 30 animaux dans des circonstances que personne n’explique encore. Par contre, ce qui est certain, c’est que cette hécatombe a commencé dès le fonctionnement de l’antenne placée à environ 250 mètres du bâtiment ».

Photo par Nicolas Defay

« Avant, chaque vache produisait en moyenne 30 litres de lait. À présent, c’est moitié moins »

D’après lui, son père et son oncle, les veaux encore en vie ne s’abreuvent plus. Les vaches se nourrissent bien moins. Quelques-unes sont même atteintes d’une anomalie oculaire rendant leurs yeux totalement bleus et opaques. « La production de lait est également touchée, précise Nathan Salgues. Avant, chaque vache produisait en moyenne 30 litres de lait. À présent, c’est moitié moins. Et quand nous amenons nos bêtes à l’abattoir, certaines sont refusées car bien trop maigres. Nous ne savons plus quoi faire ».

« C’est notre troupeau qui meurt. C’est notre existence qui meurt. »

L’affaire est alors menée devant la justice. La première demande des agriculteurs ? « Que l’antenne n’émette plus le temps que le dossier soit jugé !, serre les dents Frédéric Salgues. Car, pendant que les avocats se mettent d’accord sur des pièces manquantes ou pas, c’est notre troupeau qui meurt. C’est notre existence qui meurt. »

Photo par Nicolas Defay

« Un temps que moi, je consacre à regarder mes bêtes crever ! »

Une première audience s’est déroulée le 20 janvier dans le Palais de justice du Puy-en-Velay. Le juge décide alors son renvoi au 3 février. Ce jour-là, alors que la famille de Mazeyrat espère plus que tout que l’affaire soit enfin étudiée, c’est une nouvelle fois la désillusion. Nouveau renvoi au 17 février. En cause ? Des pièces de justice que l’avocat d’Orange n’aurait pas reçu à temps. « Je suis écœuré et abasourdi, déplore Frédéric Salgues. Orange joue la montre, essaie de gagner du temps, un temps que moi, je consacre à regarder mes bêtes crever ! »

Environ 250 mètres s'éparent l'antenne d'Orange à l'exploitation du Coupet.
Environ 250 mètres s'éparent l'antenne d'Orange à l'exploitation du Coupet. Photo par Nicolas Defay

La solidarité des acteurs de l’agriculture

La FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), les JA 43 (Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire), des éleveurs et exploitants agricoles ont appelé à se rendre nombreux à ce troisième round sur les bancs du Palais de justice du Puy-en-Velay. «  Si l’antenne n’est pas arrêtée rapidement ou déplacée, nous, syndicalement, nous allons trouver une solution, avait prévenu Nicolas Merle, vice président de la FDSEA, lors de second renvoi. Il faut que les responsables soient conscients de ça. Si ça ne bouge pas, nous allons trouver une autre solution ! »

Par ordre d’apparition sur la vidéo, Frédéric, Yannick et Nathan Salgues. Tous trois partagent leurs émotions face au funeste phénomène qui décime leur troupeau :

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Vos commentaires

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5 commentaires

bo

lun 14/02/2022 - 14:58

Au regard des observations exprimées, la agriculteurs citent des problèmes oculaires (yeux qui coulent, opacification des yeux), très visibles sur les photos.

La piste d'une infection oculaire genre conjonctivite ou kérato conjonctivite doit être investiguée. Les effets de telles maladies sont un peu similaires à ceux décrits. C'est une maladie qui apparait au début de l'été, lorsque les mouches, qui sont vecteur de cette maladie, se multiplient et naviguent d'oeil en oeil, propageant ainsi les bactéries responsables de cette infection.

A voir peut être.

bo

dim 13/02/2022 - 11:17

Je ne suis pas pour l'élevage intensif mais il faut bien comprendre que des bêtes ne meurent pas en aussi grand nombre et en si peu de temps sans qu'il y ait une cause réelle et sérieuse ! les exploitants, pour l'instant, ne sont, semble-t-il, pas touchés physiquement car je ne pense pas qu'ils habitent dans le bâtiment agricole !

Expliquez nous pourquoi les chats ont quitté les lieux alors qu'ils trouvent leur vie au milieu des animaux ?Il est toujours facile de baver sur les gens touchés par les difficultés mais ne touchez pas aux réseaux 4 ou 5 G surtout ! 

Il n'est pas question de s'opposer au progrès mais il faut bien admettre qu'il peut y avoir un disfonctionnement de cette antenne et si demain un de ceux qui déversent leur venin est touché, il changera d'avis !

 

du

sam 12/02/2022 - 12:25

De quoi meurent-elles ces vaches à lait, sinon du désespoir de vivre de leur naissance à leur mort sans voir le soleil, contraintes de se gaver de cet infect ensilage pour produire trente litres de lait par jour. Voilà que la FDSEA désigne un bouc émissaire pour détourner l'attention et le regard de ce crétinisme rural dont elle est l'ardent et indéfectible promoteur. Ce seraient les ondes qui seraient responsables, invisibles, silencieuses et sournoises. Des ondes qui affligeraient de façon très sélective les bovidés en épargnant les hominidés...Alors, courageusement, syndicalement, Nicolas Merle prend la tête de la croisade et annonce qu'il va détruire le bien public. Fi de la justice et de la science, c'est l'obscurantisme qui redonnera le moral aux vaches.

fr

ven 11/02/2022 - 14:10

ou sont toutes ces associations qui défende la cause animal , au abonné absent !!!

el

ven 11/02/2022 - 13:49

bon courage à eux, c'est tout de même effrayant, ils ont raison de se battre.