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L'eau : bilan très mitigé en Haute-Loire

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 29/03/2023 à 17:00

Si la Préfecture se félicite sur sa gestion de la crise "sécheresse" en 2022, elle souligne tout de même des points graves et toujours à l'œuvre dans le département concernant l'or bleu.

Suite au Comité départemental de l'eau tenu mardi 28 mars en Préfecture de Haute-Loire, le Préfet Eric Etienne a reçu la presse locale pour partager son bilan.

Aux côtés du Président de l'AMF 43 (Association des Maires de France) Bernard Souvignet, du Secrétaire général de la préfecture Antoine Planquette, et du nouveau Directeur de la DDT 43 (Direction Départemental des Territoires) Stéphane Le Goaster, Eric Etienne a ainsi confié un discours en demi-teinte.

(De gauche à droite) B.Souvignet, E. Etienne, A.Planquette et S.Le Goaster.
(De gauche à droite) B.Souvignet, E. Etienne, A.Planquette et S.Le Goaster. Photo par Nicolas Defay

"Il a plu dernièrement, commence Eric Etienne. Mais pas suffisamment. La bonne nouvelle est que l'état et le niveau des eaux de surfaces sont bons. Mais cela reste problématique concernant les nappes phréatiques et les eaux souterraines." Afin d'illustrer le propos, le barrage de Naussac et celui de Lavalette sont évoqués.

"Si la retenue de Naussac est aussi basse, l'absence de pluie n'est pas la seule cause"

La retenue d'eau à Langogne est normalement remplie à 80 %, parfois à 100 % de sa capacité, à la fin de chaque mois de mars. Actuellement, le réservoir de Naussac affiche un taux de remplissage de 39 %. Une hécatombe. Pour rappel, l'eau de Naussac sert en partie pour fournir de l'eau potable aux villes voisines de la rivière Allier et contribue également au refroidissement des réacteurs nucléaires des centrales à Nevers et au-dessus.

Sur le chapitre, le Préfet affirme qu'il faudrait d'ailleurs 2 à 3 saisons très pluvieuses pour remplir le lac. "Si la retenue de Naussac est aussi basse, l'absence de pluie n'est pas la seule cause, soulève-t-il. À mon sens, les lâchers d'eau dans l'Allier se sont révélés bien trop importants l'année dernière, épuisant dangereusement le stock d'eau de Naussac". 

"Neuf communes en Haute-Loire sont déjà en situation de manque d’eau et ainsi contraintes de citerner, les premières ayant dû commencer dès le début de janvier 2023". Eric Etienne

Le cas du Bouchet-Saint-Nicolas et sa prochaine interconnexion avec Saint-Haon

La situation du Bouchet-Saint-Nicolas a été développée par Antoine Planquette. Le village a été victime d'une grave carence en eau potable pendant l'été 2022, nécessitant un temps d'être alimenté en eau à l'aide d'une citerne et de bouteilles d'eau en plastique.

Depuis le mois de novembre, le village est relié au lac du Bouchet. "Pour faire face, l'Etat a fait un tour de table avec la commune, l'intercommunalité du Pays Cayres-Pradelles, le Conseil départemental et les différents protagonistes intervenants. Il fallait régler l'urgence. Une dérogation a été ainsi formulée pour permettre au Bouchet-Saint-Nicolas de puiser l'eau du lac voisin". Il précise tout de même : "Cette solution est bien entendu provisoire !"

Antoine Planquette révèle la seconde partie des solutions entreprises : "Il faut sécuriser sur le long terme l'approvisionnement en eau du Bouchet-Saint-Nicolas, livre-t-il. Pour cela, la commune va s'interconnecter avec d'autres communes autour d'elles, dont celle de Saint-Haon. En ce moment, nous sommes en train de monter le plan de financement". L'objectif est de terminer cette liaison, distante d'une dizaine de kilomètres, avant l'été 2024.

"Non, cela ne va pas pénaliser la commune de Saint-Haon. Tout a été étudié et quantifié à propos des ressources en eau. Nous certifions qu'il n'y aura aucune conséquence de quantité d'eau pour cette commune prochainement interconnectée avec celle du Bouchet-Saint-Nicolas". Antoine Planquette

"En 2022, 40 communes ont déclaré des ruptures ou des tensions dans l'accès à l'eau potable"

Eric Etienne, chiffre à l'appui, continue son exposé. "La priorité absolue est celle de l'accès à l'eau potable des populations, insiste-t-il. En 2022, 40 communes ont déclaré des ruptures ou des tensions dans l'accès à l'eau potable. L'Etat a accompagné les 8 000 habitants concernés avec des autorisations exceptionnelles de prélèvements et le soutien au citernage". D'après ses données, 9 000 m3 en 2022, soit trois fois plus que les 10 dernières années cumulées, ont été accumulées par ce biais. 

180 projets de lutte contre la pollution qui ont été financés depuis 2019 en partie par l'Etat comme la reconstruction de la station d'épuration intercommunale du Puy-en-Velay à Chadrac qui concerne 75 000 habitants pour un montant de plus de 11 millions d'euros de subventions

Multiplication des retenues collinaires en Haute-Loire

Le Préfet, complété par Bernard Souvignet, a parlé du grand Plan de construction des retenues collinaires à travers le département. 17 projets sont alors identifiés et accompagnés par l'Etat en Haute-Loire. 11 retenues ont déjà été réalisées et 2 devraient voir les travaux débuter prochainement. Parmi les secteurs ciblés, Eric Etienne indique en exemple celles d'Ally, de Paulhac, de Mercœur, de Saint-Martin-de-Fugères ou encore celle de la Séauve-sur-Semène, commune qui devrait être la prochaine à voir ses terres équipées d'une retenue de la sorte.

"Une retenue collinaire n'est ni une méga bassine, ni une retenue de substitution !"

Bernard Souvignet tient à tordre le cou à une confusion des termes. "Une retenue collinaire n'est ni une méga bassine, ni une retenue de substitution ! Une méga bassine, comme celle très décriée de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, stocke des quantités d'eau ahurissantes. Ce n'est pas le cas chez nous. Et une retenue collinaire est remplie avec les eaux de ruissellement ! Alors qu'une retenue de substitution va, elle, pomper les ressources des nappes phréatiques". 

"Au total, l'Etat investit environ 10 millions d'euros par an dans des projets relatifs à l'eau dans le département". Eric Etienne

560 contrôles pour vérifier le respect des restrictions

Du côté des bons points, le Préfet met en exergue la bonne gestion de la crise sécheresse passée en 2022. "Le bilan est positif, se félicite-t-il. Le passage des mesures de restriction en crise a ainsi été évité. Bien que les professionnels ont été impactés par les restrictions, les agriculteurs ne se sont pas vu interdire l'arrosage la nuit de sorte qu'ils ont pu préserver leurs cultures".

Les premières mesures de vigilance ont été lancées le 22 mai 2022 sans jamais atteindre le "niveau de crise". Pour faire respecter les restrictions indiquées par arrêtés préfectoraux, 560 contrôles ont été réalisés l'an passé. La préfecture n'indique néanmoins pas le nombre d'infractions qui ont été délivrées aux éventuels contrevenants.