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A une semaine de Pâques, comment font face les chocolatiers du Puy ?

dim 05/04/2020 - 14:30 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:04

Mesures de confinement obligent, on devrait trouver moins de chocolat dans les jardins dimanche prochain, surtout que les grands parents, traditionnellement généreux en chocolat, ne peuvent plus entrer en contact avec leurs petis enfants.
Les professionnels l'ont anticipé et pour la plupart, ils avaient fermé boutique dès l'annonce du confinement et ont commencé à réouvrir cette semaine à l'approche des Fêtes de Pâques, une date essentielle pour leur activité. Ils appelent d'ailleurs à privilégier les commandes par téléphone : "ça facilite notre travail, ça limite les contacts et le temps d'attente en magasin". Plusieurs chocolateries proposent d'ailleurs la livraison offerte à partir de 30 € d'achats.

Trois fois moins de fritures et de moulages
"On n'a pas mis en route le système de production car on a jugé que l'on y perdrait plus d'argent qu'on en gagnerait", explique Véronique Rix, propriétaire et gérante de l'une des célèbres chocolateries du Puy. Ici, Pâques, "on le prépare depuis début février donc tout est prêt, il ne reste que le processus de vente", ajoute-t-elle, alors que cette fête représente le deuxième chiffre d'affaires de l'année dans son commerce, après Noël.
C'est sensiblement le même son de cloche chez Séverine Prouvèze, également propriétaire et gérante d'une fameuse chocolaterie ponote : "pour les fritures et les moulage, on en a fait qu'un tiers par rapport à d'habitude". Car l'objectif sera bien de limiter les pertes : "le chocolat brut, on peut le garder mais une fois travaillé, on a en gros un mois avant de le consommer, sinon ça part à la poubelle".

----Des annulations de baptêmes et de communions
Si le confinement se poursuit, la perte de chiffre d'affaires de mai pourrait avoir des conséquences presque aussi dramatiques que pour avril. "C'est un mois très important pour nous, avec des baptêmes et communions", révèle Véronique Rix, et on assiste déjà à des annulations de ces cérémonies religieuses. "On risque d'être lourdement impactés", ajoute-t-elle.-----"On se demande bien si ça vaut le coup d'ouvrir car on a toutes les charges fixes et on espère ne pas travailler à perte"
Si le gouvernement incite les commerces à ouvrir, la gérante de la chocolaterie Prouvèze s'interroge : "il n'y a personne dans les rues, on se demande bien si ça vaut le coup d'ouvrir car on a toutes les charges fixes et on espère ne pas travailler à perte". Le couple travaille avec un apprenti, en chômage partiel depuis le début de la crise sanitaire. Elle estime que Pâques représente environ un tiers de son chiffre d'affaires annuel et garde un espoir : que les gens fêtent Pâques un peu plus tard cette année.
Du côté de la chocolaterie Rix, les deux vendeuses sont à la maison pour garder les enfants, et les trois ouvriers et deux apprentis sont au chômage partiel. "On essaie de rester optimistes même si on sait qu'on ne fera pas autant que d'habitude", témoigne-t-elle, "on a limiter la casse sur les matières premières et le chocolat peut se refondre donc ça limite les pertes, mais ce sont des heures de travail de perdues à mouler, garnir, emballer, etc.".


Séverine Prouvèze garde un espoir : que les gens fêtent Pâques un peu plus tard cette année. / Photo DR Maxime Pitavy / Zoomdici.fr

Un deuxième point de vente
Dernier exemple vellave avec le magasin Jeff de Bruges de la place du Plot. Lui n'a pas fermé depuis le début du confinement mais a réduit ses horaires (10h-12h), conséquence d'une "activité très réduite malgré quelques ventes", relate Stéphanie Riffard, gérante de la franchise ponote, qui réalise un peu plus de 20 % de son chiffre d'affaires annuel sur cette date. Les trois employées ont du réduire leur temps de travail.
Et pour s'offrir plus de visibilité et booster ses ventes, elle s'est installée depuis ce mercredi en parrallèle au magasin Promocash de Chadrac, qui depuis le début du confinement propose des actions de solidarité comme le don de 120 litres de gel hydroalcoolique ou encore des repas concotés par des chefs cuisiniers offerts aux personnels en première ligne face à l'épidémie. Il met également gracieusement à disposition sa surface de vente pour les commerçants ayant des denrées périssables.

----Les commandes des écoles en stand-by
Pas toujours facile de gérer les stocks surtout qu'elle avait déjà passé les commandes, notamment pour 16 écoles du département dont un bon nombre n'ont pas maintenu leur achat.
-----"Ce sera une année difficile mais pas au point de fermeril ne faut pas noircir le tableau"
"Il n'y a pas assez de passages en centre ville, avec beaucoup trop de magasins fermés", explique-t-elle, "donc dans les grandes surfaces, on se dit qu'il y a plus de monde, que les gens préfèrent concentrer leurs achats". Pour l'instant, elle y réalise cependant moins de ventes qu'en magasin. "Ce sera une année difficile mais pas au point de fermer", philosophe-telle, "il ne faut pas noircir le tableau".
Elle reconnait malgré tout que c'est "frustrant d'avoir réalisé toute cette préparation peut être pour rien" car à la différence des deux chocolateries vellaves, ici, on ne fabrique rien : on achète en vrac puis on conditionne, ce qui représente tout de même beaucoup de travail pour décorer, garnir, etc. "On espère quand même limiter les pertes et une fois Pâques passé, on s'adaptera, avec peut être des dons ou des promotions", aojute-t-elle. Car le chocolat est périssable : pour des ballotins par exemple, la date de durabilité minimun (DDM) porte à juillet, "pour une consommation optimale".

Maxime Pitavy