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Santé : une dizaine de professionnels attendus dans la future maison médicale d'Aiguilhe

jeu 07/03/2019 - 13:02 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

Sans vouloir dresser un tableau trop sombre, on n'est pas loin du désert médical, même au sein de la petite couronne du Puy-en-Velay. Le docteur Ferrer, basé aux Deux Rocs, devrait prendre sa retraite en septembre prochain.
Il laissera ainsi les communes d'Aiguilhe et d'Espaly (qui n'en a plus aucun depuis 2016) orphelines de tout médecin généraliste dés l'automne prochain, pour un bassin de population estimé à environ 5 000 personnes, en augmentation constante et avec des besoins importants.

Médecins généralistes, kinés et infirmières
Le projet ne date pas d'hier mais il est sur le point de se concrétiser. Le permis de construire avait pu être délivré en juin dernier et après la phase de démolition du bâtiment existant, la construction de la maison médicale va pouvoir débuter en avril prochain, sur ce terrain de 1 602 m².
Le projet prévoit un bâtiment de presque 10 mètres de hauteur sur une emprise au sol de 484 m². Il sera composé d'un rez-de-chaussée où vont s'installer trois médecins généralistes, alors qu'au premier étage, le palier devrait être occupé par trois kinésithérapeutes. Au dernier étage, il reste encore deux lots à vendre ou à louer à des professionnels de santé. L'installation d'une infirmière diplômé d'Etat (IDE) serait dans les tuyaux.

----Les huit propriétaires
Ce sont les trois kinésithérapeutes qui vont s'installer, deux des trois médecins généralistes, une infirmière diplômée d'Etat et les trois pharmaciennes de la rocade d'Aiguilhe.-----Un projet porté à 90 % par des fonds privés
Ce qui motive par dessus-tout les professionnels qui vont s'installer, c'est le souhait de se regrouper afin de définir un projet commun avec des réunions pluridisciplinaires. Il faut également justifier de la pertinence des professionnels de santé retenus, que leurs disciplines s'articulent dans une certaine cohésion, pour bénéficier d'une aide régionale dans ce projet médical.
Le conseil régional d'Auvergne Rhône-Alpes devrait participer à hauteur de 10 % dans le financement du projet, les 90 % restants étant tributaires des fonds privés des huit propriétaires du bâtiment en construction (que la mairie a cédé à un prix légèrement en-dessous du marché pour favoriser ce projet médical qui sera un bénéfice pour les habitants de la commune). D'autres projets médicaux, comme celui de la Maison de Santé du Pensio, bénéficie de davantage d'aides publiques, mais au détriment de plus de contraintes.

Peu d'installation au centre du Puy mais plutôt dans la deuxième couronne
"C'est une excellente initiative de voir des professionnels prendre ces sujets à bras le corps et ne pas tout laisser reposer sur les collectivités", se félicite Laetitia Venosino, responsable de l'accueil des professionnels de santé au Pays du Velay (un territoire de 40 kms autour du Puy, de Craponne à Pradelles environ), "les regroupements, ça pérennise des situations et permet de meilleures conditions d'accueil pour les confrères".
Quant à l'état des lieux, il est nuancé pour les médecins généralistes du Pays du Velay : "avant, c'était difficile partout et depuis deux-trois années, on a pas mal d'installation dans la deuxième couronne, comme par exemple à Saint-Julien-Chapteuil, à Polignac, à Coubon, à Saint-Germain-Laprade, à Saint-Paulien". En revanche, l'extrêmité rurale du Pays du Velay et l'hyper centre du Puy souffrent de peu d'installations.

Très très peu de recrutements dans les faits
Cette désaffection pour le centre ponot s'explique : "historiquement, au Puy, on avait surtout des médecins seuls et quand ils partent à la retraite, il y a peu de reprise car ce modèle n'intéresse pas les nouvelles générations de médecins généralistes, qui préfèrent se réunir en réseau". On a donc une courbe démographique défavorable et la Maison de Santé du Pensio est "la seule structure qui a permis de recruter des médecins généralistes, avec le cabinet de Guitard". Si le second compte deux arrivées pour un départ, le premier, qui annonçait d'abord l'arrivée de sept nouveaux médecins, n'en a pour l'instant enregistré que deux...
Sur ce territoire du Pays du Velay, la balance est quand même positive, avec plus d'arrivées que de départs. Une dynamqie déjà impulsée à l'automne 2017. Quant à la petite couronne du Puy, il y a d'importantes disparités : "Espaly est vraiment le point noir, alors que Chadrac, Polignac ou encore Brives sont bien dotés". Sur le bassin du Puy, plus de 2000 patients n'auraient pas de médecin traitant. Pourtant, le vrai désert médical en Haute-Loire, c'est celui des spécialistes.

Un nouveau cabinet, mais pas plus de médecins pour autant...
Le verre à moitié vide, c'est que ces installations concernent des transferts (depuis le bassin du Puy) et non des installations de nouveaux professionnels de santé. L'offre médicale demeure donc inchangée et les médecins qui vont s'installer à Aiguilhe auront déjà leur propre patientèle et ils ne devraient guère la renouveler.
Il est cependant prévu qu'ils emploient des internes, ce qui pourrait légèrement élargir la patientèle mais surtout favoriser l'offre médicale du territoire en attirant de nouveaux professionnels qui s'engagent à rester en Haute-Loire via le Pacte territoire santé qui vise à lutter contre les déserts médicaux, dont deux millions de Français sont victimes. Le plan santé présenté par le Président Macron en septembre dernier (quelles incidences pour la Haute-Loire ?) vise notamment à lutter contre ces déserts médicaux. "C'est très important pour l'offre médicale", appuie Laetitia Venosino, "il faut être en mesure de proposer des places pour les internes, c'est un investissement sur l'avenir".

Le seul médecin généraliste de la commune demeure le premier prescripteur de l'officine 
"Nos patients sont très contents de voir arriver de nouveaux médecins", se félicite Audrey Chataignier, Docteure en Pharmacie et pharmacienne à Aiguilhe, titulaire (avec deux autres associées) de l'officine. Si ce projet s'inscrit dans une dynamique de quartier, force est de constater que le premier prescripteur de l'officine n'est autre que le seul généraliste de la commune, sur le point de partir en retraite. 
Il y a bien sur la commune trois dentistes (le long de la rocade), puis le long de l'Impasse du Pont Tordu des kinés, une cabinet de radiologie, une orthophoniste ou encore une gynécologue... "mais ce sont surtout les généralistes qui posent problème à notre patientèle", ajoute la pharmacienne, pour qui ce projet médical est aussi l'opportunité de générer davantage de prescriptions et ainsi pérenniser les emplois.

17 000 voitures par jour et proximité de l'hôpital
La proximité de l'hôpital est un atout indéniable pour ce projet, avec des spécialistes à proximité, que les nouveaux professionnels de santé pourront rencontrer pour s'informer ou en cas d'interrogation, ce qui est rassurant. Le quartier est également très dynamique, avec la présence de plusieurs associations, d'une crèche et d'une école, même si l'on peut déplorer l'absence d'un point de fixation (comme un café, une brasserie ou une boulangerie).
Enfin, le site bénéficie d'une bonne desserte et de beaucoup de passages d'automobilistes : hormis la nationale et l'A75, la palme de la fréquentation routière en Haute-Loire revient toujours à la rocade d'Aiguilhe, avec 17 000 véhicules par jour.

141,6  médecins généralistes pour 100 000 habitants en Haute-Loire
Le nombre de médecins généralistes par habitant est variable d’un territoire  à l’autre et en Haute-Loire, on compte 141,6  médecin pour 100 000 habitants. Seuls Mayotte (48,2 !) et l'Eure (95,9) sont en dessous des 100 médecins pour 100 000 habitants en France. La moyenne nationale est de 155,2. Pour Auvergne Rhône-Alpes, la densité est de 157. L'ensemble de ces données est à retrouver ici.

Maxime Pitavy