Plan santé : quelles incidences en Haute-Loire ?

mer 19/09/2018 - 12:34 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:54

Très attendu par le secteur médical, le plan de transformation du système de santé, censé "remettre le patient au coeur", a été présenté par le Président Emmanuel Macron ce mardi 18 septembre.
Parmi la cinquantaine de mesures annoncées, accompagnée d'une rallonge budgétaire de 400 millions d'euros sur le quinquenat (budget total de 3,4 milliards d'euros), Zoomdici s'est penché sur les points qui peuvent avoir une incidence sur le système de santé en Haute-Loire.
La fin du numerus clausus, la création de 4 000 postes d'assistant médical ou encore le financement de 400 postes incitatifs de médecins généralistes qui seront envoyés dans les zones les plus critiques dès 2019 sont autant de mesures qui peuvent changer la vie des patients du département, sans oublier le recentrage des hôpitaux de proximité.
Nous avons sondé le Président des Médecins Généralistes de Haute-Loire Roland Rabeyrin pour qu'il nous livre son diagnostic.

"Une certaine dynamique qui devrait profiter à la Haute-Loire"
"Sur le diagnostic global, on est relativement d'accord", nous répond-il, "idem sur la nécessité de mettre en place une réforme d'ampleur car le système est à bout de souffle et ne correspond plus aux réalités d'aujourd'hui. Il y a un vrai besoin d'une réorganisation globale et qui touche à la fois le secteur hospitalier et l'ambulatoire. 
Selon moi, un élément majeur, c'est le renforcement des CPTS (ndlr : communauté professionnelle territoriale de santé) avec des moyens alloués, une mesure initiée par le précédent projet de loi de santé de Marisol Touraine. C'est vraiement un point clef pour l'organisation territoriale des soins. 
Globalement, ce plan devrauit redonner une certaine dynamique qui devrait profiter à la Haute-Loire, avec  des professionnels qui sont déjà dans les starting-blocks et prêts à aller de l'avant".

Lutte contre les déserts médicaux : "une mesure transitoire pour pallier à des situations d'urgence"
Contraindre ou ne pas contraindre ? : telle est la question pour lutter contre les déserts médicaux, situés dans "les périphéries des grandes villes et dans les zones rurales". Le Président a confirmé la création et le financement de 400 postes "incitatifs" de médecins généralistes qui seront envoyés dans "les zones les plus critiques" dès 2019. On peut penser que la Haute-Loire figurera parmi ces zones critiques puisqu'elle pointait à la 97e place sur 101 en densité de médecins spécialistes selon les chiffres 2017 de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, rattachée notamment au ministère de la santé).
"C'est une mesure transitoire pour pallier à des situations d'urgence dans l'attente et dans l'espoir que les problèmes démographiques au niveau de la médecine de ville s'améliore dans les années à venir", analyse-t-il, "on peut peut-être avoir quelques jeunes médecins intéressés par ce type de poste mais c'est du salariat, ce n'est pas comme une installation en libéral, ce n'est pas le même investissement.
Des postes incitatifs, ça portera surtout sur la rémunération, pour compenser aussi le manque des services comme les écoles, les transports ou le numérique mais le diable est parfois dans les détails et on ne sait pas encore quelles seront les compensations financières ou dans l'organisation du temps de travail".

Désengorger les cabinets des généralistes avec l'assistant médical pour "au final être en capacité de gérer plus de patients"
L'assistant médical : c'est l'une des mesures phares de ce plan, avec la création de 4 000 postes de cette nature sur tout le quinquennat. "Ces personnels de santé accompagneront et déchargeront les médecins d'actes médicaux simples", a déclaré Emmanuel Macron, notamment remplir des tâches administratives afin de désengorger les cabinets et rendre le service plus efficace. 
"C'est une revendication depuis très longtemps pour nous qui part d'un constat : en France, les médecins libéraux ont en moyenne moins de 0,50 salarié alors qu'en Angleterre par exemple, ce sont près de salariés par médecin généraliste pour l'aider à gérer son activité", pose-t-il, "il y a donc en France un vrai besoin pour libérer du temps médical et le nombre de médecins ne va pas réaugmenter d'un coup de façon magique donc l'axe choisi, c'est de permettre aux médecins de travailler différemment en déléguant un certain nombre de tâches, et pas seulement administratives. L'objectif est qu'ils puissent aussi remplir certaines fonctions comme la prise de tension ou réaliser un électrocardiogramme, car on a besoin d'un médecin pour l'interpréter mais pas forcément pour le réaliser. Donc ça permet au médecin de se recentrer sur son coeur de métier, se décharger de certaines tâches et donc au final être en capacité de gérer plus de patients".
Reste la question du financement de ces postes : "si les médecins en avaient la capacité financière, il y a longtemps qu'ils l'auraient fait", juge le Président des Médecins Généralistes de Haute-Loire, "donc ces postes devront faire l'objet d'un financement propre", soit par l'Etat dans un premier temps, soit par l'Assurance maladie à terme par une négociation conventionnelle, afin que ça coûte le moins possible au médecin.

Confirmation de la fin du numerus clausus : "il faut maintenir une sélection et c'est un peu flou"
C'est la fin du système de sélection propre aux études médicales, même si le Président de la République a précisé que les effets de cette abrogation auront un impact dans "dix à quinze ans" sur le nombre de médecins disponibles en France. "Le système restera sélectif, il n'est pas question de rogner sur l'excellence de la formation de nos étudiants en santé" a-t-il assuré. Tous les étudiants inscrits en licence pourront rejoindre en 2e, 3e, 4e année le cursus de médecine.
"Le problème du numerus clausus, c'est qu'aujourd'hui, on peut facilement le contourner", déplore Roland Rabeyrin, "avec des jeunes qui font leurs études à l'étranger pour revenir ensuite donc ce système ne répondait plus aux réalités d'aujourd'hui. Il faut cependant maintenir une sélection et pour l'instant, c'est un peu flou, ça manque de précision, si ce n'est qu'il y aura plus de passerrelles. Globalement, ce ne devrait pas vraiment avoir de conséquences sur la Haute-Loire".

"Redonner une place plus claire et plus importante à nos hôpitaux locaux"
Les hôpitaux seront désormais classifiés en trois niveaux : les hôpitaux chargés du soin de proximité (médecine générale, gériatrie, soins de suite), ceux chargés des soins spécialisés comme la chirurgie ou les services de maternité, et enfin les soins ultraspécialisés dans des plateaux techniques de pointe.
"Dans ce classement, il n'y aura pas d'hôpital de niveau ultraspécialisé en Haute-Loire, il faudrait se rendre sur les CHU de Clermont ou Saint-Etienne", détaille le médecin généraliste ponot, "le CH Emile Roux serait un hôpital spécialisé et on aurait ensuite les hôpitaux de proximité comme à Langeac, Craponne ou Yssingeaux. Là encore, les contours sont un peu flous mais cette mesure semble aller dans le renforcement des hôpitaux de proximité, après un certain désengagement de l'Etat ces dernières années et je pense que ça va redonner une place plus claire et plus importante à nos hôpitaux locaux".

Maxime Pitavy

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