Un salon du tatouage restreint qui reste attractif

Par Laetitia Dubois dim 09/01/2022 - 07:30 , Mise à jour le 09/01/2022 à 07:30

Le gymnase de Blavozy accueille ce week-end la sixième édition du salon du Tatouage. Depuis vendredi  jusque dimanche à 18h00, les passionnés pourront se faire tatouer dans une ambiance conviviale malgré les nombreuses restrictions dues au contexte sanitaire.

Vendredi 7 janvier, le salon ouvre ses portes et durant cette première soirée, déjà, près de 200 personnes se sont déplacées pour cette sixième édition : "Nous avons été surpris et contents d'une telle affluence", explique Victor Moutbeka, organisateur.

"Malheureusement, toutes les animations ont été annulées du fait du contexte sanitaire", Victor Moutbeka

32 exposants venus de toute la France

Quelques chiffres

En 2018 plus de 18% des plus de 18 ans étaient tatoués contre seulement 10% en 2010
5000 salons de tatouage actuellement ouverts en France
Plus de 16% de femmes tatouées contre 10% d'hommes

C'est le premier salon de l'année pour cette discipline qui s'est énormément popularisée ces dernières décennies. Cette année, le salon accueille 32 exposants volontaires et passionnés. "Ils viennent de toute la France, de Bretagne, de Grenoble, ou encore de Paris", explique Victor Moutbeka "Malheureusement, toutes les animations ont été annulées du fait du contexte sanitaire, nous devions avoir des battle de danse, des grapheurs. En fait, tout ce qui concerne la culture urbaine a été annulé, mais ce n'est que partie remise, on les reprogrammera l'année prochaine", ajoute-t-il, confiant.

Victor Moutbeka, organisateur Photo par Laetitia Dubois

À l'origine, le tatouage était un signe d'appartenance à un peuple. Popularisé par les populations marginales durant le XXème siècle, il est aujourd’hui devenu plus esthétique et touche beaucoup plus de monde. En France, une personne sur dix serait tatouée. Retour rapide sur l’histoire du tatouage.

Pratique universelle et ancestrale, le tatouage fait partie des coutumes de nombreux peuples. Les plus anciennes traces auraient été retrouvées sur un homme mort il y a plus de 5000 ans. Il arborait des petits traits parallèles, probablement pour leurs vertus considérées comme thérapeutiques. Rite initiatique, signe d’identité ou marque protectrice chez les Celtes, les Japonais, les Egyptiens ou les Polynésiens, le tatouage avait presque fini par disparaître des traditions tribales au fil des siècles. Mais au XVIIIe siècle, il revient sur la peau des marins, inspirés par les coutumes tahitiennes découvertes dans le Pacifique par James Cook.

Le marquage des prisonniers
L’usage se propage alors en Occident et devient l’apanage des marginaux, notamment dans les prisons. Puis, peu à peu, les techniques ont évolué et la pratique s’est professionnalisée, permettant aux premières boutiques d’ouvrir à la fin du XIXe siècle. Mais le tatouage n’a pas toujours été choisi et fut parfois imposé en guise de punition.
Par exemple, dès l’Antiquité, les esclaves sont tatoués comme le bétail pour indiquer leur propriété. Cette pratique est d’ailleurs encouragée par le Code noir qui réglemente l’esclavage au XVIIIe siècle . Lors de la seconde guerre mondiale, ce sont les prisonniers du IIIe Reich, notamment les juifs, qui sont tatoués de force par des numéros permettant leur identification tout en appuyant leur déshumanisation.

 

Le phénomène "mauvais garçons"

En 1891, à New York, Samuel O’Reilly invente la première machine à tatouer électrique. Celle-ci fait souffler un vent de modernité sur la pratique du tatouage et le professionnalise un peu plus. En Europe, les premiers studios de tatouage ouvrent leurs portes au milieu du XXe siècle mais ne se généralisent qu’à partir des années 70. Ce sont alors les "mauvais garçons", bikers, rockers ou punks, qui sont touchés par le phénomène de la pigmentation de l’épiderme.
Autrement dit, une population marginale qui choisit d’en faire un signe de rébellion et de protestation. C’est au cours des années 90 que le tatouage devient finalement un phénomène de mode, revêtant une dimension plus esthétique. Les amateurs de décorations corporelles sont alors de plus en plus nombreux.

 

Une démarche artistique et populaire

Les boutiques se multiplient rapidement, passant par exemple de 15 boutiques en France au début des années 80 à plus de 2000 aujourd’hui. La popularisation de cette pratique a permis au matériel et aux techniques d’être considérablement améliorés. Les conditions d’hygiène sont aujourd’hui très encadrées par le code de la santé publique. Le tatouage devient plus sûr et plus sain. Le perfectionnement des graphismes et de la dimension artistique a fait évoluer les mœurs permettant à tout un chacun de se faire tatouer quasiment ce qu’il souhaite, transformant certains tatoués en véritable œuvre d’art.

Au fil des siècles, le tatouage est devenu tendance. Si sa pratique et sa symbolique ont considérablement évolué, la raison pour laquelle on choisit d’être tatoué reste sensiblement la même : se démarquer par une démarche artistique.

"J'ai voulu mon premier tatouage avec une horloge et une colombe en rapport avec mon arrière grand-mère", Théo, 18 ans, habitant de Blavozy

Une première expérience

Le contexte n'a pas empêché les nombreux passionnés à se déplacer. Théo, 18 ans, habitant de Blavozy, faisait sa première expérience : "J'ai eu 18 ans le 24 décembre, je peux maintenant avoir mon tatouage, je l'ai voulu avec une horloge et une colombe en rapport avec mon arrière grand-mère", explique-t-il ;  "Il en a pour trois heures", ajoute te tatoueur. 

Premier tatouage pour Théo, 18 ans Photo par Laetitia Dubois

"Je me suis fait faire un tatouage inspiré de celui de mon père", Katia, 16 ans

Mais c'est la petite amie de Théo qui avait ouvert le bal vendredi soir : "Je me suis fait faire un tatouage inspiré de celui de mon père", explique Katia, 16 ans, habitante du Monastier-sur-Gazeille.

Katia, 16 ans, et le tatouage en hommage à son père Photo par Laetitia Dubois

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1 commentaire

ga

dim 09/01/2022 - 08:27

On remplit le salon du tatouage, esthétique mais égoïste, tribal mais inutile, cette intrusion d'encre dans le corps uniquement pour satisfaire une envie personnelle ... En même temps on refuse un vaccin, invisible mais utile, qui collectivement nous aiderait et médicalement reconnu comme tel. Bref, nous sommes des égoïstes à préférer prendre des risques pour frimer sur la plage cet été, que pour aider les soignants à alléger leurs services. Mettre ces 2 actus en parallèle à la une montre bien que nous délirons : le tatouage oui et le vaccin non ?