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L’esplanade du centre hospitalier public du Puy porte désormais un nom. Un grand nom de l’histoire de France tant par la carrière que par les convictions qui s’enroulent autour. Suzanne Noël, médecin et féministe, a traversé les décennies du siècle passé en marquant son empreinte à jamais pour la cause et le droit des femmes.
La pancarte est petite, un peu discrète, là, posée sur le côté, en face de l’escalier qui débouche sur l’esplanade de l’hôpital. Elle tremble un peu sous les assauts du vent, sa mince silhouette suspendue devant un horizon sculpté par les volcans de la cité d’Anis.
Malgré tout, sa couleur bleue attrape rapidement les regards. Sur la surface rectangulaire, un nom et un prénom. Suzanne Noël.
La pancarte est petite, c’est vrai. Mais elle affiche pourtant l’un des plus grands noms de l’histoire de l’Homme avec un grand « F ». Femme, féministe, femme médecin, femme de cœur et de combat, femme de courage et sans fatigue, femme politique et du progrès, Suzanne Noël est tout cela et bien plus encore.
Se battre sans repos contre le pouvoir patriarcal
Cette grande dame, née en 1878 dans le nord de la France (Laon) s’est éteinte le 11 novembre 1954 à Paris. Entre temps, elle écrit sa propre histoire à coup de scalpels et de gueules cassées, de souffrances et d’espoir, de misère et de beauté. Et surtout, Suzanne Noël inscrit dans le marbre des idées que la femme doit se battre sans repos contre le pouvoir patriarcal omnipuissant jadis, encore présent aujourd’hui.
« Réparer ceux qu’on appelait les gueules cassées, ces soldats défigurés »
En ce jour d’honneur, France Malouet, Présidente du club des Soroptimist Haute-Loire, est présente. Ce collectif est un mouvement philanthrope composé uniquement de femmes. « Notre but est de défendre la cause des femmes et des filles en organisant différentes actions en ce sens, explique-t-elle. Nous pouvons par exemple octroyer une bourse à une étudiante dans le besoin ou dégager des fonds pour une entité qui nous paraît en adéquation avec nos convictions ».
Et si elles et d’autres membres du club sont là en ce 8 mars 2023, ce n’est pas un hasard. « L’esplanade de l’hôpital Emile-Roux, pas encore baptisée, va désormais porter celui de Suzanne Noël, sourit France Malouet. C’est elle qui a créer les Soroptimist en France en 2024 ». Elle partage encore : « Suzanne Noël a été la pionnière de la chirurgie réparatrice avec un rôle très important pour justement réparer ceux qu’on appelait les gueules cassées, ces soldats défigurés qui revenaient des combats durant la première guerre mondiale ».
Elle ajoute aussi : « Pendant le deuxième conflit mondial, elle a permis à de nombreux résistants et de juifs d’échapper aux traques nazies en changeant le visage des personnes recherchées ».
« Pour obtenir les mêmes niveaux de considération que les hommes »
Aux côtés des élus de la ville et de la direction de l’hôpital Emile-Roux, France Malouet conte certaines bases du féminisme que Suzanne Noël a bâti avec la force des idées. « En parallèle à sa carrière de médecin, elle a donc créé le club des Soroptimist en France. De là, elle a énormément œuvré pour la cause des femmes, pour leur émancipation, pour leur droit de voter et pour obtenir les mêmes niveaux de considération que les hommes dans une société très machiste ».
« Ici, nous nous battons pour nos droits. Dans certaines contrées du monde, des femmes se battent pour vivre. En Irak, en Iran, en Afghanistan, elles se battent pour espérer respirer le jour suivant ». France Malouet.
« Beaucoup de chemin à parcourir encore »
France Malouet, ancienne enseignante, prévient que le combat des femmes est loin d’être abouti, même en 2023. « Les convictions féministes de Suzanne Noël sont tout à fait d’actualité !, lance-t-elle. Partout et tout le temps, nous voyons encore des différences injustes entre les hommes et les femmes, au profit des premiers. Suzanne Noël a été la précurseuse du féminisme. Mais il y a toujours beaucoup de progrès à faire pour les conditions des femmes, beaucoup de chemin à parcourir encore ».
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2 commentaires
Quel beau portrait de femme, embelli par la plume sensible et accrocheuse de monsieur Defay. C'est un bel article à la hauteur de la cause qu'il défend à travers le destin de Suzanne Noël. Je ne la connaissais que pour son rôle dans les deux guerres. Lors de la Première, elle avait eu le courage et le cran de faire les premières greffes de peau pour réparer les visages. Cela lui avait valu des critiques cruelles de la par de certains médecins. Lors de la Seconde, elle a risqué sa vie en faisant des actes de chirurgie faciale pour sauver les proies de la barbarie nazie, juifs et résistant.
Une grande dame qui mérites bien des hommages et tout le respect du monde.