Simone Weil : mille cœurs réunis pour le don d’organe

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 13/04/2024 à 04:00

Dans la cour du lycée Simone Weil, une opération de très grande envergure s’est déroulée ce vendredi 12 avril. Une poignée d’élèves et leur professeure Nathalie Belmiro ont réussi à regrouper environ mille de leurs camarades, personnels et enseignants pour former l’emblème du don d’organe. Une photo géante qui fait chaud au cœur.

Des mois qu’ils travaillent sur le projet. Des mois qu’ils se renseignent, se perfectionnent et s’aiguisent sur un sujet d’actualité et d’utilité publique. À présent, le don d’organe n’a plus de secret pour les élèves de Terminal STSS (Sciences et Techniques Sanitaires et Sociales) du lycée Simone Weil.

À l’image de Mélinda Dos Santos et de Marie Alligier, ils ont ainsi sensibilisé leurs camarades une semaine durant sur la question. « Nous avons débuté ce lundi en distribuant des petits rubans verts, symbole du don d’organe, tout en expliquant notre démarche, explique Marie Alligier. Nous leur avons rappelé les bases de la loi Claeys-Leonetti et l’importance de se positionner de son vivant sur le don d’organes ».

Mélinda Dos Santos et Marie Alligier, ambassadrices du don d'organe. Photo par Nicolas Defay
  • Une limite d’âge pour donner ses organes ?

Jeune ou âgé, on peut sauver des vies par le don d’organes. Il n’y a pas de contre-indication au don liée à l’âge pour les prélèvements comme pour les greffes d’organes et de tissus. Les donneurs prélevés âgés de plus de 65 ans représentaient 40% des donneurs en 2020.

La moyenne d’âge des donneurs augmente (42 ans en 2000, 57 ans en 2020) notamment parce que des personnes plus âgées peuvent avoir accès à la greffe : l’âge moyen des patients ayant accès à la greffe est passé de 44 ans en 2000 à 51 ans en 2020. Certes, des personnes de plus de 60 ans peuvent rarement donner leur cœur, mais les reins ou le foie peuvent être prélevés chez des personnes beaucoup plus âgées. C’est surtout l’état des organes qui compte, et il dépend d’abord des conditions dans lesquelles la personne est décédée, ainsi que de son hygiène de vie.
 

  • Peut-il y avoir une contre-indication médicale de principe au don d’organes ?

C’est l’équipe médicale qui évalue au cas par cas la possibilité de prélèvement en fonction des antécédents médicaux de la personne décédée et des résultats des tests de dépistage des maladies transmissibles comme les hépatites. Avant tout prélèvement, les médecins s’assurent de la qualité de chaque organe, en effectuant des analyses de laboratoire et des examens d’imagerie.
 

  • Comment sont assurés le respect du corps et la restitution à la famille ?

Le prélèvement des organes est un acte chirurgical effectué au bloc opératoire, dans les mêmes conditions et avec le même soin que pour une personne en vie. Les incisions sont refermées et recouvertes par des pansements. En cas de prélèvement de cornées, une lentille oculaire est posée sous la paupière afin de lui rendre son aspect bombé d’origine.

Une fois l’opération effectuée, le corps est habillé et rendu à la famille, qui peut réaliser les obsèques qu’elle souhaite. Les frais liés à la restauration du corps sont pris en charge par l’établissement qui s’est occupé du prélèvement. En revanche, les soins relatifs aux funérailles et à la conservation du corps restent à la charge de la famille.
 

  • Que dit la loi ? Sommes-nous tous donneurs ?

Depuis 1976, la loi française prévoit que nous sommes tous présumés donneurs d’organes à notre mort : les prélèvements sont donc autorisés, sauf si nous avons exprimé de notre vivant notre refus de donner (soit en s’inscrivant sur le registre national des refus, soit en informant ses proches).

Il est possible de ne donner que certains organes et tissus. Pour ce faire, il faut préciser, sur le registre national des refus ou à ses proches, les organes et les tissus qui ne doivent pas être prélevés.

Enfin, rien n’est irrévocable : une personne qui s’est inscrite sur le registre du refus peut à tout moment revenir sur sa décision et modifier sa volonté.

  • Parlez-en en famille

Au moment du décès, avant d’envisager un prélèvement d’organes et de tissus, l’équipe médicale vérifie si le défunt est inscrit sur le registre national des refus. Si ce n’est pas le cas, la famille est consultée pour savoir si leur proche avait exprimé, de son vivant, par écrit ou de manière orale, une opposition au don de ses organes. En indiquant à vos proches, de votre vivant, ce que sont vos choix en matière de don d’organes, vous les aidez à affronter les premiers moments du deuil et à passer le moment psychologiquement très difficile auquel ils ont à faire face.

« Car, même s’il parle de mort, il parle aussi de vie »

De son côté, Mélinda Dos Santos ajoute : « Aujourd’hui, nous avons présenté un film qui s’appelle Réparer les vivants. Il y avait également la présence d’infirmières coordinatrices pour parler de leur métier et aussi l’association France ADOT 43. Et surtout, nous avons eu la chance d’avoir le témoignage de Marion, qui a reçu le rein de son petit frère. Elle nous a parlé de son histoire, de son quotidien et du traitement qu’elle doit à présent suivre tous les jours ».

Marie Alligier poursuit : « Pendent cette semaine de sensibilisation, nous avons donné aux élèves des petits disques à mettre derrière leur coque de téléphone portable afin qu’ils n’oublient pas ce sujet. Car, même s’il parle de mort, il parle aussi de vie. C’est un sujet qui touche qui que ce soit dans la société et à n’importe à quel âge ».

« On peut voir que beaucoup ont joué le jeu »

Et pour signer comme il se doit ce remarquable et dense investissement humain, elles et leur professeure Nathalie Belmiro ont réussi à regrouper la quasi-majorité des effectifs du lycée Simone Weil dans la grande cour de l’établissement.

« Ce matin, il y a une véritable effervescence et énormément de solidarité au sein du lycée ! montre l’enseignante. Car maintenant est le point d’orgue de la semaine avec la confection d’un ruban humain. Nous avons demandé que les élèves viennent avec un t-shirt vert, couleur du don d’organe. On peut voir que beaucoup ont joué le jeu ».

« J’ai présenté le projet aux élèves dès le mois de septembre. Ils ont tout de suite été force de proposition ! Ils se sont rendus compte eux-mêmes qu’ils n’étaient pas sensibilisés sur le sujet. Ils ont alors fait des rencontres, effectué des recherches, creusé à fond le sujet. Franchement, je suis très fière d’eux ! » Nathalie Belmiro

Du vert, des sourires, de l’humanité

Et pendant qu’ils se rangent en suivant le tracé dessiné par terre, un sapeur-pompier du SDIS 43 (Service départemental d'incendie et de secours) prépare son équipement, composé d’un drone et d’une console de pilotage. Aux alentours de 10 heures ce vendredi 12 avril, le cœur du lycée a alors été pris en photo en train de battre, rayonnant de vert et de sourires dans le soleil du printemps, vibrant d’une solidarité et d’une fraternité sans pareil.

La cour du lycée Simone Weil, épicentre tout en symbole du don de soi.
La cour du lycée Simone Weil, épicentre tout en symbole du don de soi. Photo par Nicolas Defay

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Vos commentaires

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2 commentaires

ven 12/04/2024 - 21:22

Très belle initiative, pour l'ADOT. Le don d'organe, le don de la vie.