Rythmes scolaires : l'entière satisfaction de la mairie du Puy... pas de tous les parents

, Mise à jour le 27/11/2020 à 05:53

Depuis déjà cinq semaines, les enfants ont repris le chemin de l'école, avec une nouveauté notoire : la réforme des ryhmes scolaires. Le sujet est polémique et a fait la une de bien des journaux ces derniers mois. Chaque commune l'adopte à sa sauce, et au Puy, c'est surtout les études surveillées qui ont été privilégiées "car pour nous, la priorité à l'école, c'est que les enfants apprennent à lire et écrire", appuie la municipalité.
Des activités périscolaires sont tout de même proposées, sur une base de 16 à 17 heures par élève et par an. La culture sera au rendez-vous, avec des ateliers en collaboration avec le musée Crozatier (découverte des oeuvres, sculpture, peinture), mais aussi la lecture (en collaboration avec la bibliothèque comme point d'appui de la méthode parler), le sport (encadré par les éducateurs sportifs de la ville), l'environnement (possibilité de réaliser des jardins potagers dans certains établissements) et l'éveil à la citoyenneté (économie d'eau, d'électricité, recyclage, prévention routière).

"Vif succès" des études surveillées et déjà des premières activités périscolaires
Ce vendredi matin, associations et services municipaux s'étaient réunis en mairie pour échanger et dresser un premier bilan. "Les études surveillées ont connu un vif succès", assure la municipalité, "les parents sont très satisfaits que les enfants aient leurs devois faits quand ils rentrent chez eux".
Quant aux activités périscolaires, elles ont commencé depuis le 15 septembre et "les enfants scolarisés aux Fraisses ou à Marcel Pagnol ont déjà bénéficié d'initiations sportives, ceux de Guitard ont été sensibilisés à l'environnement avec la confection d'un herbier, et ceux de Michelet et Jeanne d'Arc ont découvert la mythologie", nous annonce la mairie.

Les priorités de la mairie
Satisfaite de l'application de la réforme qu'elle propose, la municipalité ponote a décliné ses axes prioritaires : déjà maintenir l'amplitude des horaires d'accueil du matin et de garderie du soir "pour répondre aux besoins des familles", mais aussi poursuivre la gratuité des activités périscolaires, "pour ne pas alourdir les charges financières des familles dans un contexte de crise économique actuelle".
Le maintien des études surveillées fait également partie des priorités, "pour favoriser l'égalité des chances et que les enfants n'aient plus de devoir lorsqu'ils rentrent chez eux", et enfin "le choix de la qualité, avec des animations encadrées par des professionnels, pour un coût total estimé à plus de 150 000 euros".

----Parmi les associations qui participent, on retrouve Arvoly, Welcome Santiag, Lous Petioutous Delh Velay, Amical des magiciens, taekwondo, Union Départementale des sapeurs-pompiers, HOPC Handball, ASM Basket, COP Rugby, Puy Foot 43 ou encore le Confiseur apothicaire. "Les associations souhaitant s'investir peuvent prendre contact avec nous", précisent les services municipaux.-----Basket, magie et mythologie
Parmi les associations qui interviennent, toutes ont souligné l'intérêt pour elles "de pourquoi pas susciter des vocations" et surtout "attirer de nouveaux licenciés". Pour le basket, des joueurs professionnels vont intervenir, "quand un enfant voit un géant de deux mètres, il est fasciné", a expliqué un dirigeant du club.
Pour la magie, chaque enfant devrait repartir chez lui avec un tour à montrer à ses parents. Idem pour le musée Crozatier, qui autour de la mythologie, permettra à chaque enfant de confectionner et ramener chez lui un masque de minotaure.

"1 000 élèves au Puy et une dizaine de parents qui manifeste"
Pourtant, malgré ce concert d'autosatisfaction, le collectif des parents en colère ne cesse de faire part de ses inquiétudes et les manifestations se sont déjà multipliées depuis la rentrée. Ce samedi matin, un nouveau rendez-vous est prévu à 10h30 place Cadelade. Comment la mairie justifie-t-elle cet élan de contestation alors qu'elle affiche pour sa part une entière satisfaction ?
"Il y a environ 1 000 élèves au Puy-en-Velay et ce n'est qu'une dizaine de parents qui manifeste, c'est très marginal", tranche la municipalité, "déjà, ce n'est pas de la garderie, on met de l'argent sur la table et on ne fait pas les choses à moitié", ajoute-t-elle.

"On verra bien ce samedi matin si nous ne sommes que dix"
Nous avons donc contacté le collectif des parents en colère pour savoir s'ils n'étaient que dix à protester, ce qui ne semblait pas manifeste lors des précédents rassemblements... "On verra bien ce samedi matin si nous ne sommes que dix", nous répond ironiquement Olivier Belhomme, un des co-présidents du collectif, "les parents sont furieux, massivement, et c'est plutôt 90 % des parents qui sont en colère. Ce n'est pas une critique du maire mais un désaccord avec l'application faite de la réforme au Puy".
Le collectif compte 75 adhérents, auxquels il faut ajouter des parents non membres mais manifestant tout de même. L'association a notamment pointé du doigt un dysfonctionnement concernant les études surveillées : "débutant plus tôt dans l'après-midi, elles concernent désormais plus d'enfants et lorsqu'il y a 30 à 35 élèves en études, tous ne rentrent pas avec leurs devoirs faits".

La mairie dit s'être adaptée... c'est un "pur mensonge" pour le collectif
Nous avons donc interrogé la mairie ponote sur ce point, mais elle certifie : "il y a eu quelques problèmes au début car on ne savait pas quels parents allaient venir chercher leur enfant ou non, il était donc difficile d'anticiper le nombre d'élèves qu'il y aurait en études. Mais depuis, on s'est adapté, en ajoutant quelques heures supplémentaires selon les besoins, et le problème est réglé".
"C'est faux, un pur mensonge", rétorque Olivier Belhomme, "on a des exemples, notamment à l'école Michelet, dont les devoirs de certains enfants ne sont jamais faits lorsqu'ils rentrent chez eux". Mais la mairie va s'adapter non ? "C'est difficile d'augmenter les heures car il faut nécessairement des enseignants et qu'ils soient volontaires. Pour l'instant, il y a déjà eu pas mal de refus car il y avait trop d'élèves et les enseignants ont constaté que ce ne serait pas possible de faire du bon travail dans ces conditions".

----"Grâce à la mobilisation des associations et des agents municipaux, les groupes ne devraient pas dépasser 12 à 15 enfants, ce qui devrait permettre une intervention de grande qualité", déclare la mairie du Puy-en-Velay.-----"Un animateur pour 40 enfants" selon le collectif
Quant à la satisfaction de la mairie concernant les activités périscolaires qui ont déjà débuté, là encore, le collectif s'inscrit en faux : "à Guitard par exemple, pour l'atelier lié à l'environnement avec la confection d'un herbier, il y avait un animateur pour 40 enfants donc concrètement, ils n'ont pas du tout fait ce qui était prévu".
Et les exemples ne semblent pas isolés : "à Michelet, il y avait deux animateurs pour 54 élèves", conclut-il agacé.

Maxime Pitavy

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