Prison : "Il se passera forcément un drame à la Maison d'arrêt du Puy"

Par Nicolas DEFAY , Mise à jour le 17/11/2025 à 12:00

Temps de lecture : 4 minutes

Lundi 17 novembre, une partie du personnel de la Maison d'arrêt du Puy-en-Velay a occupé le parvis de l'établissement pénitentiaire. La cause de ce mouvement de contestation ? Une surpopulation carcérale de 270%, selon leurs données. "On ne plus gérer ce nombre de détenus ! Nous sommes tous en danger derrière ces murs". 

La Maison d'arrêt du Puy-en-Velay compte 36 cellules. D'après les informations du syndicat UFAP de l'UNSA Justice Haute-Loire, la réglementation française ordonne un encellulement individuel, autrement dit un détenu par cellule.

"Or, il y a actuellement 91 détenus pour les 36 places !", dévoile le numéro un du syndicat de la prison du Puy, agent qui préfère garder l'anonymat. 

Il ajoute : "Ils sont entassés à trois dans des chambres de 9 m². Récemment, nous avons dépassé le chiffre de 20% pour le nombre de détenus qui dorment sur un matelas posé à même le sol".

Avant de déplorer : "Cette promiscuité engendre naturellement de lourdes tensions entre les détenus. Celles-ci prennent la forme de bagarres, de rixes et de menaces qui ne cessent de s'amplifier".

Les détenus sont entassés à 3 dans les cellules, certains allongés sur un matelas au sol.
Les détenus sont entassés à 3 dans les cellules, certains allongés sur un matelas au sol. Photo par Nicolas Defay

La chance comme sécurité 

Son camarade Force Ouvrière rappelle, en ce sens, les deux faits survenus dernièrement : "À la mi-octobre, nous avons eu la prise d'otage d'un détenu par un autre détenu. Et la semaine dernière, c'est une tentative d'évasion, lors d'une extraction médicale, que nous avons eu à gérer".

"Avec les conditions qui règnent ici, c'est uniquement par chance que tout se passe bien pour l'instant. Mais bientôt, Il se passera forcément un drame à la maison d'arrêt du Puy".

"Nous sommes le même nombre pour gérer trois fois plus de détenus !"

Toujours d'après les données des syndicats présents, la mobilisation de blocage est suivie par 70% du personnel. L'inquiétude monte autant que le ratio de surpopulation. "C'est très compliqué, car les problèmes touchent non seulement les cellules, mais aussi tout le reste, exposent les militants. La restauration, les sanitaires, les espaces communs, etc."

Ils poursuivent sur le sujet : "Le contingent professionnel n'a pas bougé. Le personnel administratif et technique, les greffiers, les surveillants, les CPIP (conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation)... Nous sommes le même nombre pour gérer trois fois plus de détenus !"

"La politique actuelle, c'est de ne faire aucune vague. Il faut faire en sorte que tout se passe bien, qu'on ne parle pas de la Maison d'arrêt. Que ce qui se passe derrière les murs reste derrière les murs". 

Le personnel espère que leur inquiétudes soient considérées.
Le personnel espère que leurs inquiétudes soient considérées. Photo par Nicolas Defay

Des arrivés, mais pas de départs

Les causes de cette saturation sont expliquées par les deux représentants syndiqués : "Le problème qu'on rencontre surtout depuis cette année, c'est qu'on n'a plus de transfert de désencombrement".

Ils précisent alors : "Jusqu'à présent, nous avions un certain nombre d'écrous et un certain nombre de départs. Depuis cette année, on a un nombre d'écrous en légère augmentation, mais quasiment plus de transfert vers un autre établissement pénitentiaire".

"Aujourd'hui, nous avons 70% des détenus qui sont condamnés définitifs et qui auraient dû être orientés vers des établissements pour purger leur peine".

"Qu'un grave incident ne survienne avant que ça bouge"

Le personnel de la Maison d'arrêt du Puy-en-Velay espère pour que leurs inquiétudes soient vraiment prises en considération. "Nous savons que notre direction locale nous entend, soufflent-ils. Et elle nous assure qu'elle ne peut rien faire. Les leviers et les solutions proviennent seulement de la Direction interrégionale de Lyon".

Ils terminent alors par ces mots : "Ce que nous redoutons par-dessus tout est qu'un grave incident ne survienne avant que ça bouge au sein de la direction. Encore une fois, si tout se passe à peu près bien, c'est par chance. Mais en général, la chance ne dure pas très longtemps". 

La Maison d'arrêt du Puy a l'une des surpopulations carcérales les plus élevées de France
La Maison d'arrêt du Puy a l'une des surpopulations carcérales les plus élevées de France Photo par Nicolas Defay
Photo par Nicolas Defay
Photo par Nicolas Defay

 

 

 

 

 

Vous aimerez aussi

Vos commentaires

Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire

Je renseigne ma commune de préférence :

  • Accès prioritaire à du contenu en lien avec cette commune
  • Peut être différente de votre lieu de travail
Valider