Police : un accord qui divise

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:55

Les gardiens de la paix et gradés de la police nationale verront leur salaire augmenter progressivement dès janvier. A la fin de l’année, ça leur fera 120 à 150 euros nets de plus par mois. La prime de 300 euros pour mobilisation sur les Gilets jaunes ne sera donc versée qu’aux personnels administratifs et techniques. Les 23 millions d’heures supplémentaires non payées seront épurées.
Ce mercredi 19 décembre 2018, pour peser dans la balance, de nombreux policiers ont observé une journée de grève du zèle, dont certains au Puy-en-Velay (pas de patrouilles classiques de prévention et des sorties réservées aux interventions urgentes).
Ce jeudi, les trois syndicats qui ont négocié ces deux derniers jours avec le minitère de l'intérieur se disent satisfaits - ils étaient les seuls à être reçus car ils ont obtenu le plus de votes aux dernières élections professionnelles du 6 décembre (Unité SGP police FO 34,4%, Alliance 31,8% et Unsa Police 15,6%) -.
Ce n'est pas le cas de l’" target="_blank">association Mouvement des policiers en colère (MPC), hors syndicat, qui a manifesté ce jeudi soir sur les Champs Elysées sous le hashtag #Gyrosbleus encadrée par des CRS impassibles.
Le syndicat Alternative CFDT n'est pas non plus satisfait de l'accord conclu avec le gouvernement (il représente environ 11% des votes aux dernières élections professionnelles du 6 décembre au Puy).


> Retour sur notre article avant l'accord :

(MAJ mercredi 6h) Après trois heures de négociations au ministère de l'Intérieur, les principaux syndicats de policiers nationaux suspendent les discussions pour les reprendre ce mercredi. S'ils n'obtiennent pas satisfaction, ils mèneront des actions visibles.

C’est au tour des policiers de dénoncer leur ras-le-bol et leur fatigue. Ces derniers jours, en France, les différents syndicats de la police nationale ont lancé plusieurs initiatives. Parmi elles, celle d’Alliance qui appelle à « fermer les commissariats » ce mercredi 19 décembre 2018. Un mot d’ordre relayé au Puy-en-Velay, seul commissariat de Haute-Loire. « Ça veut dire annuler les patrouilles classiques de prévention et ne sortir que pour des appels d’urgence, comme des agressions ou des accidents », explique le bureau départemental Alliance 43.
Sur la centaine d’agents que compte le commissariat du Puy, tous services confondus, Alliance pèse pour environ 36 % des votes lors des dernières élections professionnelles, toutes récentes, le 6 décembre dernier. Le syndicat réclame un Plan Marshall pour la sécurité. En effet, l’Assemblée nationale doit voter le budget 2019 pour les forces de sécurité ce jeudi 20 décembre. Celui-ci prévoit une baisse de 62M€ sur l’investissement dans la police nationale. Alliance appelle les députés à ne pas voter le budget en l’état.

"Il ne faut pas partir dans tous les sens"

Autre syndicat représentatif au Puy, et majoritaire (environ 52%), Unité SGP police FO. Son secrétaire départemental, Lionel Coniasse, n’a pas reçu de mot d’ordre pour la journée de ce mercredi : « Ce mardi matin, l’unité syndicale a été obtenue après des initiatives séparées et un affolement médiatique ; il ne faut pas partir dans tous les sens car nos revendications sont globalement les mêmes ». Il attend la rencontre prévue ce mardi soir, à 18h30, au ministère de l’intérieur. Les trois principaux syndicats au plan national – Unité SGP, Alliance et Unsa – seront reçus. Parmi les griefs que Lionel Coniasse évoque, les quelque 23 millions d’heures supplémentaires non payées au niveau national. Unité SGP demande à ce qu’elles soient défiscalisées puisque cette annonce, faite par le président Macron, ne concerne pas les heures supplémentaires dans la police nationale selon lui. « Déjà qu’elles ne sont pas payées grand-chose ! On a bien un Compte épargne temps mais ça fait pas tout, sans compter le point d’indice gelé depuis autre ans ! » Unité SGP réclame une augmentation des salaires de l’ordre de 115€ pour tous les gardiens de la paix et gradés par la revalorisation de l’allocation de maitrise.
Si le gouvernement ne prend pas d’actes concrets d’ici le 11 janvier, Unité SGP police FO organisera une grande manifestation commune le 26 janvier 2019.
Le syndicat Alternative CFDT SCSI (qui a obtenu environ 11 % au Puy dernièrement mais n’a pas de siège en comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) va dans ce sens au plan national, appelant à l’unité syndicale avec une grande manifestation à la mi-janvier.

Au plan national, l’Unsa police a appelé à un service minimum avec une opération 100 % prévention et de mettre en garde : « les rond-points ne sont pas réservés aux gilets jaunes ». Quant à l’association de policiers en colère, elle lance le mouvement des « Gyros bleus » avec une manifestation à Paris jeudi soir pour descendre les Champs Elysées.

Ce mardi après-midi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a promis une hausse d'un milliard d'euros de budget en deux ans pour les forces de sécurité ainsi que 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires d'ici 2022. Après trois heures de négociations, les trois syndicats reçus ont annoncé suspendre les discussions pour les reprendre ce mercredi.
Au Puy, la direction du commissariat assurait avant même la fin de la réunion au ministère que les interventions seront assurées normalement ce mercredi.

Dans la nuit, une prime de 300 euros a été votée à l’Assemblée nationale pour les 111 000 policiers, militaires et personnels des préfectures mobilisés sur les manifestations de Gilets jaunes sur proposition d'un amendement du gouvernement. Pour les personnels des préfectures, cette prime s'ajoute à une indemnité exceptionnelle de 200 euros votée un peu plus tôt.

Annabel Walker

En soirée, Unité SGP police a appelé tous les policiers qui le souhaitent à se joindre au mouvement initié par Alliance.

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