Nadine Pleynet : la couleur et le mouvement avant tout

Par JPo , Mise à jour le 23/07/2023 à 10:00

On parle beaucoup actuellement, au Puy, des grands noms de la peinture comme Courbet, Cézanne ou Van Gogh dont certaines des toiles seront encore visibles tout l'été au Musée Crozatier, dans le cadre de l'exposition "Autoportraits". A cette occasion, on a décidé de vous faire connaître le travail d'une artiste peintre locale, dont l'oeuvre est également composée de nombreux portraits et auto-portraits. Rencontre avec Nadine Pleynet, artiste peintre ponote.

" Je suis fascinée par les gestes, le mouvement et les humeurs que je croque inlassablement au fusain, à l'encre ou au crayon. Mais ma raison d'être, ma raison de peindre c'est la couleur avant tout : elle fait partie intégrante de mes choix artistiques ! C'est ma jubilation personnelle. Je crois qu'en fait, je ne dessine que pour ce but final, recouvrir mes tracés par des plages de couleur".

Une vie dédiée à l'art 

Nadine Pleynet est née à Lyon mais réside en Haute-Loire depuis de longues années déjà, dans un écrin de verdure (toujours de la couleur) paisiblement caché sur les hauteurs du Puy. Passionnée par l'univers du dessin et de la peinture dès son plus jeune âge ,c'est très logiquement qu'elle se tourne vers un cursus artistique à l'issu de sa scolarité : Ecole nationale des beaux-arts de Lyon et formation poussée en photographie, domaine dans lequel elle excelle également et qui constitue sa seconde passion. Une fois ses diplômes en poche, et sans doute parce qu'il est plus facile de vivre de la photo que de la peinture, elle travaillera pour différents studios lyonnais  en tant que photographe de mode , sans jamais cesser de peindre en parallèle.

" Le fait d'avoir exercé en tant que photographe m'a beaucoup apporté dans mon travail de peinture, tient-elle à préciser. Etre passée par la photo m'a appris à dompter la lumière et ses différentes couleurs et à maitriser l'art de la composition et du cadrage afin de mettre en valeur le sujet sur lequel je travaille"

" Dans chacun de mes tableaux, je raconte une histoire"

Et les sujets ne manquent pas à cette peintre audacieuse et curieuse de nature qui avoue être dotée d'une imagination débordante que seul son art lui permet de canaliser  : " Dans chacun de mes tableaux, je raconte une histoire. C'est une clé pour entrer dans ma peinture. Certains y entreront peut être par la forme, mais la majorité y rentreront par le sens, par ce que j'ai voulu y raconter ou bien par ce qu'ils auront voulu y comprendre et y percevoir ".

L'atelier de l'artiste, sur les hauteurs du Puy se visite sur demande Photo par jfp

Une technique bien maitrisée 

Un thème domine pourtant l'ensemble de son oeuvre. Un sujet prend le dessus sur tous les autres dans sa peinture : c'est le mouvement. Celui d'un cheval au galop, du vent dans les voiles d'un bateau, celui  de ces danseuses ou de ces quelques coquettes ponotes  croquées dans les rues de la cité pavée, celui des éléments d'un visage qui racontent une émotion. La peintre le reconnait facilement : elle a gardé de son ancienne vie de photographe de mode, un intérêt certain pour le mouvement, qu'elle excelle à suggérer dans chacune de ses toiles. 

"La base de mon travail, c'est la précision du tracé"

En matière de technique picturale, l'artiste met en avant l'importance du dessin préparatoire : " La base de mon travail, nous explique-t-elle, c'est le trait et la précision du tracé. Avec quelques lignes tracées seulement, il faut pouvoir représenter toute la puissance du mouvement. C'est tout le travail et le savoir faire des artistes". Lorsqu'elle les pose sur un support (toile, carton, bois, verre, tissu ou papier tout simplement), c'est à la fois son poignet, son bras et l'ensemble de son corps qui se meuvent à l'unisson.

"Ce sont ensuite, le coeur et les tripes qui posent la couleur"

Mais ce n'est pas tout. Après le trait, les lignes, tracés au fusain ou au feutre,  jaillissent du pinceau la couleur et le relief. Eux aussi sont travaillés de manière à obtenir du rythme et du mouvement. Si Nathalie Pleynet nous fait part de sa passion pour la couleur en utilisant cette belle formule " ce sont le coeur et les tripes qui posent la couleur", on sent bien qu'en la matière, également, la technique est assumée. Les contrastes chromatiques  sont travaillés par l'utilisation habile des couleurs complémentaires et l'alternance des couleurs chaudes et des couleurs froides. Les profondeurs sont mises en valeur par l'opposition de textures lisses et fines et de textures plus épaisses et rugueuses. 

"J'aime l'idée de ne pas toujours pouvoir tout contrôler dans un tableau"

Le hasard tient lui aussi un rôle, de plus en plus important, dans la peinture de Nadine qui aime l'idée de " ne pas toujours pouvoir tout contrôler dans un tableau". L'artiste est une adepte convaincue de la technique du "pouring" qui consiste à créer des coulées de peinture de manière aléatoire sans utiliser de pinceau. Encore une manière de créer du mouvement. En le libérant totalement cette fois ci. 

Suggérer en quelques lignes la puissance du mouvement Photo par jfp

Des sources d'inspirations puisées du côté de quelques grands maîtres 

Tous les artistes s'inscrivent, consciemment ou non dans un héritage particulier. Lorsqu'on évoque avec elle, les maîtres qui l'auraient inspirée dans sa vie ou dans son travail, Nadine Pleynet répond sans hésiter : " Edgar Degas pour la finesse de son dessin et de ses compositions, Marc Chagall parce que ce qu'il raconte dans sa peinture fait écho à ce que je raconte moi-même et qu'il a su garder son âme d'enfant, Nicolas de Stael  parce que c'est un immense coloriste et Amadéo Modigliani pour la mélancolie qui se dégage du regard des personnages qu'il peint".

Des aplats de couleurs qui lorgnent du coté de Nicolas de Stael Photo par jfp

Une artiste en constante évolution

Nadine est  selon son expression " désormais détachée de toute obligation professionnelle et salariale". A la question de savoir si les peintres locaux peuvent vivre de leur peinture, elle vous répond que " vouloir réussir à tout prix, c'est donner une super chance à l'échec" mais regrette malgré tout le peu de place accordée à l'art dans la ville du Puy : " La ville a fait un choix, elle préfère mettre en avant certains de ses artisans plutôt que ses artistes!" Alors Nadine, peint depuis quelques années maintenant sur de la céramique. Ses silhouettes féminines sont reconnaissables sur les assiettes et les plats de quelques restaurants de la ville, dont les chefs ont aimé son travail. On les retrouve aussi sur des sacs, vendus dans quelques boutiques locales, en collaboration avec le centre de la dentelle. Et puis la sculpture vient de la rattraper, nous confie-t-elle dans un dernier sourire. Par le biais d'une technique de tissu solidifié puis résiné, elle est heureuse de pouvoir désormais "donner vie" à ses silhouettes féminines colorées. De la couleur et du mouvement toujours!

Les personnes intéressées , peuvent aller admirer le travail de Nadine Pleynet à la Brasserie " l'Instant" ainsi qu'au restaurant "l'Ermitage" au Puy. L'artiste expose également dans une galerie à Echandélys, sur la commune d'Issoire. 

Une référence à l'univers de marc Chagall Photo par jfp

 

 

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