Un espace "resto" là où il n'y en avait pas
Le monde agricole ne décolère pas. Ce 23 décembre, au rond-point des Baraques, des éleveurs venus de tout le département se sont mobilisés pour dénoncer les conséquences des mesures sanitaires et les dérives du système agricole. Entre barrages filtrants et échanges avec les automobilistes, ils affirment leur détermination à défendre leur métier et une agriculture plus locale.
Partout dans le pays les éleveurs se mobilisent pour dénoncer les conséquences des mesures sanitaires actuelles lié à la dermatose nodulaire contagieuse et, plus largement, les dérives du système économique agricole. Ils viennent d’un peu partout, Saugues, Saint-Vénérand, Brioude, de Roche-en-Régnier, ou encore de Saint-Pal-de-Mons, ...
La Confédération paysanne et la Coordination rurale s’étaient une nouvelle fois réunies. Syndiqués ou non, éleveurs, maraîchers, salariés, tous étaient présents pour soutenir le mouvement.
Barrage filtrant au son des klaxons
« On n'est pas là pour empêcher les autres de travailler ou de se retrouver en famille parce qu'on est bien conscients que c'est les fêtes de Noël et, nous aussi, on n'est pas avec notre famille non plus. » Olivier Vacheron
Plus d’une cinquantaine de personnes étaient présentes, dispersées en petits groupes autour du giratoire. Ils ont dirigé la circulation en prenant le temps d’échanger avec les automobilistes qui, la plupart du temps, leur ont assuré leur soutien. Certains leur ont même apporté de quoi se restaurer.
Les quelques impatients qui ont tenté de forcer le passage ont été hués par la foule. La plupart des automobilistes ont klaxonné en signe de soutien, et certains ont profité d’un tour complet du rond-point pour montrer leur appui.
Ces journées passées dans le froid, loin de leur exploitation et de leur famille, témoignent de leur détermination mais aussi de leur soutien aux éleveurs victimes des mesures sanitaires. « On n'est pas là pour empêcher les autres de travailler ou de se retrouver en famille parce qu'on est bien conscients que c'est les fêtes de Noël et, nous aussi, on n'est pas avec notre famille non plus » confie Olivier Vacheron, éleveur à Saint-Vénérand.
Une économie simplifiée
La mobilisation continue et la motivation ne faiblit pas du côté des agriculteurs qui ne comptent pas capituler. « Quand on met 20 ou 30 ans à monter un troupeau, on ne peut pas l'abattre en une semaine et changer notre troupeau en trois mois », explique Olivier Vacheron.
Ils plaident pour une approche différente de la dermatose nodulaire contagieuse, avec la mise en place de mesures ciblées autour des exploitations touchées. « Au lieu d’abattre l’intégralité du troupeau, on pourrait commencer par isoler les animaux malades », expliquent-ils, estimant que leur expérience de terrain est insuffisamment prise en compte par les autorités.
Au-delà de la question sanitaire, les manifestants pointent du doigt un système économique qui favorise, selon eux, les grandes entreprises agroalimentaires et les logiques d’exportation, au détriment d’une économie en circuit court plus locale.
« Il faudrait arriver peut-être à relocaliser l'engraissement de nos productions », Olivier Vacheron de Saint-Vénérand.
La filière agricole insiste sur la nécessité de revoir certaines pratiques : « Faire naître et engraisser localement nos animaux pour pouvoir limiter l'impact écologique et économique pour les consommateurs. » La Confédération paysanne souligne l’importance d’un système plus durable et responsable pour tous.
Une lutte qui reste intacte
« Je trouve important, même d'un point de vue écologique, que nos bêtes restent en France et qu'elles soient consommées en France. » Loic Caillens, éleveur de vaches Aubrac à Chanaleilles
A travers cette période de trouble que subit la filière bovine, les éleveurs défendent une autre vision de l'agriculture trop longtemps dévoyée, selon eux. « Pour enrichir une poignée de dirigeants de ces grands groupes, c’est nous les paysans qui travaillons à leur faire gagner leurs bénéfices », dénonce Olivier. Les agriculteurs alertent également sur l’importation massive de viande à bas coût, qui fragilise encore davantage les exploitations locales.
Sur place depuis 10h du matin, les éleveurs ne baissent pas les bras. Pour se réchauffer et se donner du courage, un feu crépite en attendant que les grillades préparées par Michaël Chabanon, boucher réputé du secteur et champion du monde 2025, soient prêtes.
Le silence des responsables politiques ne diminue pas leur motivation. Conscients de la difficulté de maintenir la mobilisation sur le long terme tout en poursuivant leurs activités agricoles, ils restent toutefois déterminés. « Tenir longtemps, c'est très dur comme dans toutes les professions, mais c'est très dur parce qu'il faut quand même s'occuper des bêtes matin et soir », déclarent-ils.
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