Le Puy : la Sécurité sociale fête ses 80 ans d’une conquête sociale à préserver

Par Fanny GIMENEZ , Mise à jour le 16/10/2025 à 06:00

Temps de lecture : 5 minutes

Le jeudi 9 octobre, la CGT a organisé un rassemblement devant la CPAM de Haute-Loire pour célébrer les 80 ans de la Sécurité sociale. Devant ce carrefour social, les militants ont rappelé l’importance d’un service public solidaire et alerte sur les menaces qui pèsent sur ce pilier du modèle social français.

À l’occasion de la date anniversaire de la création de la Sécurité sociale, une cinquantaine de membres de la CGT se sont rassemblés pour défendre le modèle solidaire que l'on connait depuis 80 ans. Selon eux, la Sécurité sociale, qui a traversé les décennies, est aujourd’hui menacée et fait face à des pressions croissantes d’ordre politique et économique.

«  Nous cotisons selon nos moyens, nous recevons selon nos besoins. »

80 années de solidarité

Le principe ?

Les cotisations sociales, payées par les salariés et les employeurs, alimentent un fonds commun pour couvrir les risques de la vie : maladie, maternité, accident du travail, retraite, invalidité, chômage, allocations familiales…
Depuis quelques années, une part grandissante du financement de la Sécurité sociale repose sur des impôts comme la CSG, prélevée directement sur les revenus. Ce changement montre que le système repose de plus en plus sur des ressources fiscales, en plus des cotisations traditionnelles.

Depuis 80 ans, la Sécurité sociale est le fruit d’un « combat populaire pour sortir d’un système de charité, pour aller vers la solidarité » explique la CGT.
Ce modèle a été imaginé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion d’Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail, avec un fondement clair : « Nous cotisons selon nos moyens, nous recevons selon nos besoins ».

Julien Huet, délégué CGT PAJEmploi, ajoute : « Notre sécurité sociale a été créée en 45 pour garantir une protection face aux aléas de la vie, pour garantir l'accès aux soins, aux allocations familiales, à une retraite décente, à la protection en cas d'accident, de maladie, de maternité, ... »

Discours pour les 80 ans de la Sécurité Sociale
Discours pour les 80 ans de la Sécurité Sociale Photo par Fanny Gimenez

Un modèle fragilisé

Ce système solidaire a su traverser les décennies malgré les nombreuses crises économiques, sociales et politiques. Cependant, ses principes ont évolué au cours du temps, et cette transformation inquiète le syndicat, car elle remet en question, selon lui, les principes de justice sociale et de solidarité qui étaient au cœur du projet initial.

Déjà en 1991, la mise en place du projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) donne à l’État un droit de regard sur la gestion de la Sécurité sociale. La création de la CSG (contribution sociale généralisée), a depuis transformé une partie des cotisations sociales en impôt sur l'ensemble des revenus. Si elle continue de financer la Sécurité sociale, la CGT estime ce changement est perçu comme une remise en cause du lien entre cotisations et droits sociaux.

Une politique libérale 

Julien Huet, évoque les « exonérations de cotisations aux grandes entreprises sous prétexte que ces grandes entreprises vont créer de l'emploi ». Porteur de voie du mouvement ce jour, il ajoute : « Ces attaques s'ajoutent à des décennies de restrictions budgétaires, de dégradation des services rendus aux assurés et de précarisation des salariés des organismes sociaux. »

L'une des militantes alerte sur les différentes mesures prises par les gouvernements successifs :«  Monsieur Bayrou fait passer des amendements sur le doublement des franchises médicales, sur l'exonération des ALD (affection de longue durée). »

Julien Huet complète le propos, « ce PLFSS va prévoir toujours plus d'économies sur notre santé, sur nos retraites, sur nos allocations familiales, Borne, Attal, Bayrou puis Lecornu, ses gouvernements successifs s'attachent à réduire nos droits tout en continuant à verser des milliards aux grandes entreprises et aux plus riches. »

Des affiches pour dénoncer
Des affiches pour dénoncer Photo par Fanny Gimenez

La Sécu attire les convoitises

La Sécurité sociale, c’est plus de 660 milliards d’euros de budget annuel. Un chiffre supérieur au budget de l’État. Selon la CGT, le patronat rêve de mettre la main sur ce magot.

« Nous refusons que notre sécurité sociale devienne un marché pour les assurances privées. Nous refusons de voir ce système vidé de sa substance par des logiques comptables, des choix de politique capitaliste et des réformes régressives. Nous voulons des droits renforcés, pas de prestations au rabais. »

Julien Huet étaye son propos en affirmant : « Le patronat a combattu frontalement la Sécurité sociale, qui permet encore aujourd’hui de socialiser, et donc de faire échapper à la spéculation capitaliste. »

Parmi les mesures jugées problématiques, il cite la réduction du nombre de caisses de Sécurité sociale « aujourd’hui, sur les 138 caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) et les 111 caisses d’allocations familiales créées, il n’en reste qu’une centaine de chaque. » Le syndicat y voit un nivellement par le bas.

Julien Huet rappelle également que les soins ne sont pas gratuits : leur coût reste élevé, même si les patients en sont partiellement ou totalement dispensés grâce aux remboursements, eux-mêmes rendus possibles par les cotisations sociales. Or, ces cotisations ont diminué ces dernières années, ce qui fragilise directement le financement des consultations médicales et de la gestion des hôpitaux publics. 

En plus de célébrer cette date anniversaire, ce rendez-vous a été l’occasion de rappeler, pour la CGT, que les fondements du système de santé et de les défendre. Ce 9 octobre les militants étaient là pour tirer la sonnette d’alarme et exclure la marchandisation de la protection sociale.

 

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