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La foire aux chevaux de Brioude contre vents et marées

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:49

La place du Postel de Brioude a accueilli une quarantaine d'équidés samedi à l'occasion de sa traditionnelle foire aux chevaux de la Saint-Clément, une des dernières d'Auvergne, qui a adopté une orientation plus festive que commerciale.
La foire aux chevaux de la Saint-Clément, qui s'est tenue samedi 18 novembre sur la place du Postel, à Brioude, est un incontournable du calendrier brivadois. Mais elle n'a plus grand chose à voir avec un carrefour commercial que ne manquerait aucun maquignon.
Aujourd'hui, avec ses balades à dos de poney ou en calèche, son concours primé et ses animations de voltige équestre, elle est devenue une manifestation festive qui attire plus de curieux que d'éventuels acheteurs.

A d'autres temps d'autres attentes
« Dans les années 50 ou 60, c'était une vraie foire avec une grande écurie et des marchands de chevaux », se souvient Alain Borel, conseiller municipal à Brioude. « A l'époque les chevaux étaient encore utilisés pour le travail de la terre ou le transport de matériaux. Aujourd'hui ce n'est plus le cas et forcément l'aspect commercial de la foire s'est perdu. Mais la Ville essaie de perpétuer la tradition ».
Et pour cela, elle s'est adaptée aux attentes actuelles et a étoffé la foire d'animations tout public. Grâce notamment au Syndicat des éleveurs de la Haute-Loire, qui encadre le concours, et à quelques propriétaires passionnés, à commencer par David Sauvat. Sur les 36 chevaux ou poneys en compétition ce samedi, 21 venaient de son White Mill Ranch, situé à Tiviers, dans le Cantal.

----Concours. « Il lui faudrait une bonne manucure ». « Il a le jarret qui tire un peu ». « Il a l'épaule droite qui saute ». Philippe Jouve et Jean-Luc Gagne, du Syndicat des éleveurs de chevaux de la Haute-Loire, ont prêté attention au moindre détail pour juger l'allure des 36 poneys, double-poneys, chevaux de trait et de selle qui ont défilé et trotté devant eux. Chaque concurrent a été récompensé d'une pierre de sel, d'un licol ou encore d'une couverture.-----« Les ventes se font très rarement sur les foires, aujourd'hui. Elles se font sur Internet »
Depuis 17 ans, David Sauvat est présent chaque année, même s'il n'en retire aucun bénéfice, à part le plaisir de partager sa passion pour l'équitation avec le plus grand nombre.
« Je viens à Brioude pour essayer de faire en sorte de préserver le peu de foires qu'il reste encore et pour promouvoir l'équitation western, mais ça ne me rapporte rien », confie-t-il. « Je fais 50 kilomètres et je viens avec 5 véhicules et 4 vans. Déplacer des chevaux pour une demi journée, ça a un coût financier. De moins en moins d'éleveurs font cet effort. Surtout que les ventes se font très rarement sur les foires, aujourd'hui. Elles se font sur Internet ».

70 % de saillies en moins cette année
D'ailleurs, même sur le web, le temps n'est pas au beau fixe. « En France on a enregistré 70% de saillies en moins cette année », indique Jean-Luc Gagne, vétérinaire et éleveur à la retraite. « Quand j'ai commencé l'élevage, on vendait les poulains à 6 mois et on gagnait notre vie. Aujourd'hui, les gens veulent des poulains de 5 ou 6 ans, déjà dressés, qui savent marcher et sauter. Pour un éleveur, ce n'est pas rentable de garder et de nourrir un poulain pendant 5 ou 6 ans. Surtout qu'aujourd'hui, avec le suivi informatique, on sait tout ce qu'a fait un poulain. Et s'il a mal sauté on ne le vend pas, même à 6 ans ».
Alors, certes, la Saint-Clément 2017 n'a donné lieu à aucune vente, mais son aspect ludique a tout de même séduit les Brivadois. La foule massée sur le Postel, samedi, en témoigne : la foire aux chevaux de Brioude a encore de belles années devant elle.

I.A.

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