La ferme (et la crise) s'invitent en ville

, Mise à jour le 07/04/2024 à 15:30

Le syndicat des Jeunes agriculteurs de Haute-Loire organisait ce week-end l'un de ses grands évènements annuels : La Ferme s'invite en ville. Si l'objectif de faire découvrir au grand public le métier d'agriculteur a bien été atteint cette année encore, l'évènement à été également l'occasion pour les élus du département de politiser un peu leur soutien à une profession en crise. 

L'esplanade du Breuil au Puy est réputée pour avoir deux fonctions essentielles : accueillir les foires, les salons et la grande vogue annuelle mais également les revendications d'ordre syndical ou politique. La nouvelle édition de "La ferme s'invite en ville" qui s'y est tenue tout le week-end n'a pas manqué cette année, crise agricole oblige, de faire appel aux deux fonctions de ce lieu central dans la vie des ponots. Visite du salon agricole altiligérien en période de crise.

" Ce week-end, on ne pense pas à la crise agricole, on est  juste là pour faire découvrir notre métier " ..

L'évènement, organisé par les Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire depuis 2008 cherche avant tout à créer du lien entre deux mondes qui parfois s'ignorent, le monde rural et le monde urbain. C'est en tout cas l'ambition mise en avant par Julien Gibert membre du bureau des JA et responsable cette année de l'organisation : " Ce qu'on cherche à faire ici, c'est mettre en valeur la richesse et la diversité du monde agricole altiligérien afin que la population du Puy, plutôt urbaine et peut être un peu déconnectée des réalités de notre quotidien puisse comprendre ce que c'est que d'être un agriculteur, un éleveur et un paysan". Le salon se veut avant tout pédagogique : les jeunes citadins peuvent y apprendre l'art et la manière de traire une vache, les rudiments du dressage de chiens de troupeaux et rencontrer tout un panel de  producteurs locaux soucieux de démocratiser leur savoir-faire. 

Pas question donc, pour les organisateurs, de mettre en avant les sujets qui fâchent. Julien Gibert s'y refuse totalement : " Ce week-end, on ne pense pas à la crise, on est juste là pour faire découvrir notre métier et passer un bon moment entre-nous et avec les visiteurs". 

Pour Julien Gibert (à droite) , " ce week-end on ne pense pas à la crise agricole" Photo par jfp

Même son de cloche du côté de Julien Duplomb, nouveau président des JA depuis un mois, qui compte faire de sa mandature celle de la promotion de la " ferme Haute-Loire " afin de créer de nouvelles vocations susceptibles d'améliorer localement la transmission des exploitations agricoles : " Le but d'un évènement comme celui d'aujourd'hui, c'est aussi et surtout de faire connaître à la population locale la richesse de l'agriculture de notre territoire dans l'espoir d'assurer sa continuité en faisant venir à nous des jeunes désireux de s'installer ".

Pas question donc de polémiquer ni de faire de la politique : "La profession à besoin de reconnaissance elle a besoin de retrouver la confiance d'une partie de la population, et cela, ça ne se revendique pas, mais ça se gagne, par le dialogue avec les gens et par la pédagogie, c'est la raison d'être de ce week-end " conclut-il. 

Mais la crise agricole est bien là 

Peu avant midi pourtant , l'évènement a tout de même pris une tournure un peu plus politique à l'occasion des discours d'hommage aux agriculteurs tenus sur la tribune par les élus locaux et certains administrateurs. 

Julien et Laurent Duplomb, respectivement président des JA et sénateur de Haute-Loire Photo par jfp

Après avoir présenté ses excuses au maire du Puy pour " les dommages causés sur la place du Breuil à l'occasion des dernières manifestations du monde paysan ", Laurent Duplomb a tenu à témoigner son soutien à l'ensemble d'une profession sur laquelle " pèsent encore trop de normes et de contraintes administratives". Le sénateur de Haute-Loire souhaite que les agriculteurs altigériens " puissent enfin produire  pour l'ensemble des habitants du département et au delà" ce qui devra passer selon lui " par la réciprocité des normes en matière de libre-échange et la lutte contre la surtransposition des directives européennes  ",  qui consiste à accroitre les contraintes auxquelles sont soumises les exploitations agricoles après chaque nouvelle directive, " au détriment de leur rentabilité". Soutenir le bio et les circuits -courts , pourquoi pas, mais à condition " de soutenir en parallèle un modèle d'agriculture exportateur".

Pour Jean-Pierre Vigier, " le  dynamisme du département est porté avant tout par les agriculteurs qui sont ses premiers promoteurs mais également ses premiers écologistes, puisque ce sont eux qui entretiennent l'ensemble du territoire". Il convient donc, pour le député de la deuxième circonscription de Haute-Loire " de les laisser vivre du fruit de leur travail  en arrêtant avec toutes ces normes et en leur permettant par exemple de stocker davantage encore les eaux de pluie par le biais des retenues collinaires". 

Jean-Pierre Vigier et Aurélien Duverger

Aurélien Duvergey quant à lui et au nom de l'Etat a souhaité rebondir sur quelques points abordés par ses deux prédécesseurs sur la tribune, en rappelant que les services de la Préfecture s'étaient déja engagés " dans une démarche de simplification de certains arrêtés et que des contrôles renforcés avaient été organisés dans certaines grandes surfaces du département afin de lutter contre la francisation des produits importés". 

 

 

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Vos commentaires

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4 commentaires

lun 08/04/2024 - 21:45

La crise agricole OK... mais les 25% d'inflation en deux ans,  Egalim et Descrozailles... Au bout de la chaine il y a le consommateur, mais qui s'en soucie ????? 

lun 08/04/2024 - 19:58

Il est piquant d'entendre les Duplomb père et fils parler d'écologie, alors qu'ils militent, avec la Fnsea et les JA, pour le maintien des pesticides (glyphosate entre autres) dans l'agriculture. Les produits du terroir sont aussi bourrés de chimie que les autres (voir les sacs de 600 kg d'amminitrate à côté le marché de Costaros, par exemple). Ils ne veulent pas importer de l'agroalimentaire du Canada, mais ils veulent bien exporter leurs produits .

lun 08/04/2024 - 11:47

L'avenir de l'agriculture, c'est d'abord un changement de régime alimentaire (adieu la bouffe industrielle du supermarché, moins de céréales, plus de légumineuses), ensuite le développement du bio & local (oui, la nourriture de qualité coûte cher, c'est normal... qui a envie de donner de la malbouffe à ses enfants ?), assorti d'une réduction drastique de la consommation de viande (qui augmente chaque année en France), enfin un retour massif de l'agriculture vivrière, afin de limiter la contamination de l'ensemble du vivant par les pesticides (65 000 tonnes par an en France, nouveaux cas de cancers X2 en 30 ans).

lun 08/04/2024 - 06:27

retrouver la confiance va être difficile après les événements couteux pour le contribuable et qui continuent. Le clan DUPLOMB bien implanté à suivre... favoriser l'export quand dans le même temps on prêche pour l'autonomie nationale ??? Enfin haro sur les grandes surfaces ou vont les consommateurs car ils ont aussi des fins de mois à boucler. Croyez vous que bien des familles sont à même d'acheterrégulièrement des fruits par exemple vue le niveau des prix