Intoxication : « Non, nous ne faisons pas d’alchimie mystérieuse avec des produits bizarres »

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 17/11/2021 à 06:30

Mardi 9 novembre, 38 élèves et 3 enseignants de l’école d’esthétique IFMB à Brives-Charensac ont été victimes d’émanations nocives suite à l’évacuation de grande quantité de produits type White spirit dans les canalisations. La directrice de l’établissement souhaite porter plainte pour que l’auteur soit retrouvé et faire taire les ragots.

Après que les médias se sont emparés de l’affaire, d’innombrables suppositions et raccourcis ont été partagés sur les réseaux sociaux. « Intoxication avec... du lait maquillant » selon un journaliste d’un média d’importance. « Dans une école d’esthétique, ils baignent dans le white spirit » d’après un internaute sur Facebook. « Avec tous les trucs bizarres qu’ils utilisent, ils sont tous shootés de toute façon », affirme un autre.

Nous nous sommes donc rendus sur place pour faire le tour du propriétaire et nous shooter aux produits bizarres que l’IFMB Ecole d’esthétique de Brives-Charensac cache apparemment entre ses murs. Quelle déception ! Aucune odeur mis à part celle du café qui coule et de quelques effluves de laques à cheveux. Et pour ce qui est de la quantité astronomique de dissolvant, il tient dans un verre de 25 cl pour l’ensemble des 70 élèves. « Nous utilisons très peu de produits de type solvant, assure l’une des sept enseignantes, Émilie Jonquet. C’est juste impensable que des gens puissent croire que nous soyons à l’origine d’un tel événement ». Elle insiste : « Il faut bien se rendre compte qu’il s’agit de dizaines et de dizaines de litres qui sont passés dans les égouts. On ne peut pas nous accuser, accuser les élèves, ni même nous soupçonner d’être à l’origine de ces odeurs ! »

« Le dissolvant que nous utilisons en quantité infime est le même produit cosmétique en vente libre dans les grandes surfaces. On a jamais entendu parler d’un malaise d’un particulier suite au démaquillage de ses ongles ». Alexandra Rousset, directrice de l’IFMB

« Nous baignions dedans depuis le début sans nous rendre compte du degré réel de la quantité »

Alexandra Rousset nous décrit le déroulement de cette journée du mardi 9 novembre 2021 dans son école qui accueille des élèves âgés de 14 à 54 ans en formation CAP, BP, Bac Pro et BTS. « En milieu de matinée, nous avons commencé à sentir des odeurs de solvants inhabituelles qui ressemblaient à du White spirit, livre-t-elle. Et puis l’odeur a semblé s’intensifier au fil des heures. Le problème est que nous baignions dedans depuis le début sans nous rendre compte du degré réel de la quantité évaporée dans l’air. »

Elle continue : « Quand les cours ont recommencé vers 13 heures, c’est à ce moment-là que j’ai réalisé l’ampleur des émanations. J’ai alors averti les secouristes qui sont venus très rapidement en grand nombre tout comme les services de la mairie de Brives. » Certains élèves seront sujets à des malaises d’où la mention « Urgence absolue » notifiée par les pompiers. « L’école a seulement été fermée le lendemain matin pour évacuer toutes les vapeurs, précise la directrice. Tous les élèves vont bien à présent ».

38 élèves et 3 enseignants de l'IFMB ont été pris en charge par les pompiers.
38 élèves et 3 enseignants ont été pris en charge par les pompiers. Photo par Emilie Jonquet

« Pourquoi irions-nous faire un truc aussi stupide ? »

Dans les sept autres entreprises implantées au même endroit sur les hauteurs de Corsac, les émanations similaires ont été constatées de façon plus ou moins prononcée. « Nous aussi, nous avons constaté le phénomène, soulève un employé de l’entreprise de peinture Nuances Unikalo. Et comme l’école d’esthétique, nous sommes également victimes d’accusations infondées sur les réseaux sociaux. Cela fait 25 ans que je travaille dans la peinture et je connais parfaitement les règles et les mesures de sécurité pour conditionner ce genre de produits. Pourquoi irions-nous faire un truc aussi stupide et risquer de faire couler notre entreprise ? »

« Il n’y a eu aucune manipulation de produits ce jour-là ! »

« Si c’est notre école qui a été touchée plus particulièrement, c’est aussi parce qu’elle est équipée de nombreux lavabos et avec autant de canalisations, souligne Émilie Jonquet. Il y a un lavabo dans chacune des six salles de classes exactement. Les évaporations ont ainsi investi la totalité des 450 m² de la structure. »

Alexandra Rousset tient à ajouter : « Encore une fois, non, nous ne faisons pas d’alchimie mystérieuse avec des produits bizarres comme on l’a lu dans certains commentaires d’internautes. D’autre part, ce mardi 9 novembre, aucun des élèves et des enseignants n’était en cas pratiques. Il n’y a donc eu aucune manipulation de produits ce jour-là ! »

La mairie de Brives-Charensac porte plainte également

"Nous avons décidé de porter plainte car nous sommes propriétaires d'un espace concerné par les émanations, expliquent les services de la municipalité brivoise. D'autre part, il est simplement inadmissible que quelqu'un puisse s'adonner ainsi à un tel déversement de produits solvants dans les réseaux de la ville !"

« Comment savoir à présent s’il n’y aura pas de conséquences sur notre santé plus tard ? »

Alexandra Rousset entend bien porter plainte contre X pour plusieurs raisons. « Nous et les élèves présents avons inhalé ce White Spirit pendant plusieurs heures, au point de faire tomber certains dans les pommes, rappelle-t-elle. Il y a des filles qui ont même assuré souffrir de douleurs dans la poitrine sur l’instant. Comment savoir à présent s’il n’y aura pas de conséquences sur notre santé plus tard ?"

Elle martèle alors : "C’est pour cela que j’ai décidé de porter plainte en espérant savoir qui est l’auteur de ce geste à la fois préjudiciable pour notre santé et également pour l'écologie. Et pour éviter que ce fait, qui aurait pu être dramatique, ne se reproduise à nouveau ! ».

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