Interdiction de remplir des jerricans de carburant en Haute-Loire

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 11/10/2022 à 12:00

Un arrêté préfectoral rédigé en début de semaine officialise l’interdiction de s’approvisionner en carburant dans toutes les stations services de la Haute-Loire avec des jerricans. Du mardi 11 au vendredi 21 octobre, toute personne ne respectant pas les règles risque des poursuites pénales.

« Plusieurs stations-services du département connaissent des difficultés d’approvisionnement depuis quelques jours, explique la préfecture à travers un communiqué de presse. Les services de l’État suivent la situation avec attention et constatent une sur-consommation de carburant liée à la constitution de stockage de précaution ».

Le document partagé le lundi 10 en soirée continue ainsi : « Le Préfet de la Haute-Loire a décidé d’interdire la vente et l’achat de carburants dans des récipients transportables manuellement comme des jerricans ou des bidons pour éviter la constitution de sur-stocks de prudence et prévenir le risque de tensions dans les files d’attente pour accéder aux stations-services ».

150 euros d'amende

Cette mesure entrera en vigueur à compter du 11 octobre 2022 à 7 heures et jusqu’au 21 octobre inclus sur l’ensemble du département. Le non respect de l'arrêté préfectoral expose tout contrevenant à une verbalisation. L'article R. 610-5 du code pénal dispose que le montant de l'amende encourue pour le non respect d'un arrêté préfectoral est celle de 2ème classe, soit à ce jour 150 € maximum.

« Le Préfet appelle les automobilistes et usagers à faire preuve de civisme et à ne pas modifier leurs habitudes de consommation pour assurer la satisfaction des besoins de tous »

« Si on prend autant de carburant, c’est parce que nous en avons besoin ! »

« Je sais que je ne devrais pas le faire mais on ne nous donne pas le choix, confie Grégory, un commercial sur le bassin ponot habitué du remplissage des jerricans. Je suis à mon compte et j’ai besoin de gasoil pour me déplacer. Je fais environ 400 km par semaine et le télétravail est impossible pour présenter mes services. Comment je fais si je n’ai plus carburant ? Je me mets au chômage ?! »

« Comme toujours en France, on va mettre du Mercurochrome sur la plaie sans soigner l’infection ! » Grégory, commercial

Il ajoute encore, en colère contre la décision préfectorale : « Je suis conscient que mon geste crée la pénurie. Et bien d’autres le font aussi. Mais pensez-vous que ça nous fait plaisir de payer le litre à 2 euros ou plus ? Si on prend autant de carburant, c’est parce que nous en avons besoin ! Comme toujours en France, on va mettre du Mercurochrome sur la plaie sans soigner l’infection ! »

Le distributeur de carburant Vincent et Fils, basé dans la Zone Industrielle de Blavozy, commune de Saint-Germain-Laprade, a partagé un courrier en date du lundi 10 octobre. 

"Comme vous le savez, nos entreprises et nos activités subissent depuis plusieurs mois de fortes tensions sur le prix des matières premières, énergie, lubrifiants, additifs...Si les pénuries ou les restrictions sont devenues fréquentes, nous arrivons pour le moment à faire face à ces difficultés et à honorer nos engagements même si cela peut impacter les tarifs des ventes".

"De plus avec les dépôts de Lyon et Valence qui sont en rupture constante de produits, nous sommes obligés de tourner nos approvisionnements au départ de Frontignan, augmentant considérablement notre temps d'approvisionnement et nos couts de transports."

"Ayant la volonté de satisfaire notre clientèle professionnelle, nous avions pris la décision d'acheter les produits à notre seul fournisseur répondant présent à cette situation. Il est vrai que depuis 15 jours, nous avons des tarifs qui sont en totale déconnection des tarifs grandes surfaces, mais nous avons continué à ravitailler nos Clients et Stations service, contrairement à d'autres !"

"Toutefois, depuis quelques temps nous sommes insultés par certain. Comme nous ne sommes pas là pour essuyer des insultes, nous ne ravitaillerons plus nos stations".

Transporter des jerricans de carburant

Dans l’arrêté préfectoral, il est également mentionné que « le carburant (…) est soumis à une réglementation relative au transport des marchandises dangereuses qui impose le respect de règles strictes (…) peu compatibles notamment avec son transport dans un véhicule léger ».

L’interdiction est aussi justifiée par : « les risques de troubles à l’ordre public que pourraient entraîner l’usage de ces produits dangereux à d’autres fins que ceux auxquels ils sont destinés ».

L'arrêté complet ici ▼

Que dit la réglementation au sujet du transport de carburant dans des bidons ?

Sauf arrêté préfectoral : « il est possible de stocker jusqu'à 20 litres d'essence pour des appareils comme des tondeuses, et de transporter jusqu'à cinq litres, maximum », explique à TF1info Maître Michel Benezra, avocat en droit routier.

Il poursuit : « Toutefois, la règle n'autorise pas les automobilistes à retirer cinq litres de carburant dans un bidon en prévision d'une pénurie. Il n'est possible de mettre cinq litres dans un jerrican qu'à condition d'être en panne. Si c'est par précaution, c'est interdit ».

Au moment de transporter le précieux liquide, la situation se complique d’autant plus. Le transport de carburant, essence ou gasoil, est soumis à l’ADR : Accord européen relatif au transport des marchandises Dangereuses par Route. Chaque marchandise considérée comme dangereuse possède un numéro d’identification : 1203 pour l’essence qui appartient à la catégorie des matières moyennement dangereuses, 1202 pour le gasoil qui appartient à la catégorie des matières faiblement dangereuses.

Si vous décidez de transporter dans votre voiture de tourisme l’une ou l’autre de ces matières dangereuses, vous devrez veiller à respecter certaines règles :

  • posséder deux extincteurs dans votre voiture
  • les bidons d’essence transportés ne devront pas avoir une contenance supérieure à 60 litres
  • vos jerricans ou bidons devront être homologués. L’homologation se vérifie grâce à une plaque lisible et glacée apposée sur le récipient, composée d’un symbole de l’ONU.
  • les bidons doivent être spécialement conçus pour le transport de carburant. En aucun cas il ne faut utiliser des bidons usagés
  • le transport de jerricanes de moins de 5 litres doit être justifié par un dépannage d’urgence.

Vous aimerez aussi

Vos commentaires

Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire

6 commentaires

jeu 13/10/2022 - 17:11

Of: oui, c'est souvent des stations qui n'ont d'autres choix de s'approvisionner à l'étranger car n'étant pas dans des réseaux de type Total ou Esso, alors ne jugeons pas si vite, leur cout d'approvisionnement est incomparable. Le pb est ailleurs, dans les surprofits des compagnies pétrolières qu'on se refuse de taxer, alors que le contribuable paie en permanence les conséquences néfastes de leur activité (pollution dont marée noire, particules fines, CO2 avec tous les effets du déréglement climatique, altération de la santé publique: asthme, cancers..., )

jeu 13/10/2022 - 06:28

j espère que les automobilistes se rappelleront des station qui on vendue du carburent a 2.40 le litre

mar 11/10/2022 - 21:00

Purée mais Total n'a jamais autant fais de bénéfices (plus de 10 milliard) sur le dos des consommateurs, ils donnent plus de 2 milliards à leurs actionnaires, oisifs pour beaucoup. Et la direction ne veut pas augmenter les salariés qui sont a l'origine de cette richesse! Et après les politiques disent avoir développé la participation, le partage équitable des bénéfices... Baliverne, Total détruit le climat, les chances de survie de nos enfants, et prone un système social honteux avec la complicité de nos dirigeants! Ils sont les vrais coupables de ce bloquage en ne forçant pas l'entreprise à négocier avec les salariés; mais ces dirigeants ont leur chauffeur et leur réserve de carburant!!!

mar 11/10/2022 - 17:17

hm 11/10/2022 - 17h10. Se faire une petite réserve de quelques dizaines de litres est interdit maintenant pour des particuliers prévenants alors que des importateurs, des fabricants etc.. ont spéculé et profité de méga-hausses des prix depuis le conflit Russo-Ukrainien sur des produits alimentaires indispensables et personne n'a rien dit, ça doit être autorisé!. Toujours les plus gros bénéficiaires en tout et les petits n'ont droit à rien, si à se faire verbaliser!. Nous vivons sous la coupe de grands rois modernes. Rien a changé!.

mar 11/10/2022 - 14:15

Nous sommes beaucoup dans le même cas que Grégory... Sans carburant, nous n'irons plus travailler, à notre compte ou pas !!

mar 11/10/2022 - 12:12

C'est clair comme du sans plomb. Une chose de sûre : si chaque personne transportant du carburant selon les termes de l'article avait voulu selon la réglementation elle ne l'aurait pas transporté. Moi le premier et combien comme moi ? Des milliers.