Infographies : quel accès aux soins en Auvergne Rhône-Alpes ?

ven 02/10/2020 - 12:50 , Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

La fracture sanitaire ne date pas d'hier. Déjà en 2012, Zoomdici s'inquiétait d'une fracture qui touchait principalement les médecins généralistes, les pédiatres, les ophtalmo et les gynéco. Force est de constater que peu de choses se sont arrangées depuis.
Si la maison médicale d'Aiguilhe a aussitôt fait carton plein, sur le bassin du Puy-en-Velay, plus de 2 000 patients n'auraient pas de médecin traitant, avec des disparités importantes entre les territoires (aucun médecin à Aiguilhe ou Espaly, mais Chadrac, Brives et Polignac sont bien dotés). Une étude de l'UFC Que Choisir révélait il y a un an que 41 % des médecins généralistes refusent de nouveaux patients dans notre département. Pourtant, le vrai désert médical en Haute-Loire, c'est celui des spécialistes

Un tiers de la population altiligérienne a plus de 60 ans
Dans l'édition 2020 de son Observatoire, la Mutualité Française décrypte la question des inégalités géographiques d’accès aux soins des Français.
Premièrement, la demande de soins s’accroît à tous les âges de la vie. Pour des raisons de santé, sociétales et générationnelles, les Français recourent en effet davantage au système de santé, une tendance s’accentuant avec le vieillissement de la population. La population française des 60 ans et plus va augmenter d'un peu plus de 35 % entre 2020 et 2050.
Avec 32 % de sa population âgée de plus de 60 ans, la Haute-Loire est en-dessous de la moyenne nationale mais compte trois voisins dans la région avec une part de seniors encore plus importante : dans l'Allier, le Cantal et l'Ardèche.

En Haute-Loire, une faible densité de médecins généralistes
D’un autre côté, les Français sont confrontés à une densité médicale disparate : alors que plus d’un Français sur 10 vit dans un désert médical (7,8 millions de personnes), cette situation va continuer à se détériorer avec les départs à la retraite dans les dix prochaines années. Ainsi on estime à 13 % la baisse du nombre de médecins généralistes entre 2010 et 2025. 
Les conséquences directes en sont des renoncements aux soins du fait des délais d’attente, des prises en charge inefficientes du fait de la difficulté à trouver un médecin traitant et une augmentation des inégalités sociales de santé.
Là encore, la Haute-Loire présente une densité de médecins généralistes pour 100 000 habitants inférieure à la moyenne nationale (146 contre 152). Parmi les douze départements de la région, seuls deux ont des données moins bonnes (l'Ain et l'Ardèche), la Drôme ayant la même densité. Tous les autres départements affichent de meilleurs résultats.

Médecins spécialistes : la Haute-Loire très en retard
Cardiologue, gynécos, pédiatres... Notre offre de médecine spécialisée est pratiquement la plus faible de France, comme Zoomdici l'évoquait déjà en 2017. C'est dans ces spécialités que la fracture entre territoires ruraux et urbains est la plus frappante : le délai médian d’obtention d’un rendez-vous chez un ophtalmologiste par exemple est de 29 jours à Paris contre 97 jours dans les communes des petits et moyens pôles.
Avec 87 spécialistes pour 100 000 habitants, la Haute-Loire affiche le deuxième plus mauvais résultat de la région (seul l'Ain fait pire) et elle est bien loin de la moyenne française (190) : plus que deux fois moins. En comparaison avec Paris (626), la Haute-Loire se situe à des années lumières.

----Comme l'avait déclaré Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, homme politique et diplomate français : "Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console".-----Seulement 8 % de patients sans médecin traitant : le meilleur résultat de la région
Mais il n'est pas question de noircir le tableau non plus et le département peut se féliciter d'un très bon résultat : celui de sa part de patients sans médecin traitant, de seulement 8 % quand la moyenne nationale est de 11 %. C'est tout simplement le meilleur résultat parmi les douze départements d'Auvergne Rhône-Alpes, à égalité avec l'Isère et la Loire.
A l'échelle nationale, des territoires sont bien plus sinistrés, comme les Pyrénées-Atlantiques (19 %) ou l'Ariège (15 %).

Grand essor des téléconsultations... sauf en Haute-Loire
Lors de la crise sanitaire, la téléconsultation s’est imposée comme le mode d’accès aux soins privilégié dans la mesure où les déplacements en cabinets médicaux étaient fortement déconseillés sauf en cas d’urgence. Elles connaissent donc un essor très récent, avec 4,3 millions de téléconsultations enregistrées en avril 2020 contre 28 000 seulement en décembre 2019, soit une multiplication par 154.
La Haute-Loire ne semble cependant que très peu concernée par le problème, avec seulement 2 275 téléconsultations, soit 1,63 % du volume régional. C'est, de loin, la plus faible participation parmi les douze départements d'Auvergne Rhône-Alpes et à l'échelle hexagonale, les téléconsultations altiligériennes représentent moins de 0,20 %.

Maxime Pitavy

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