Haute-Loire : guerre de tranchées autour du contrat de plan Etat-Région

mar 01/09/2015 - 13:33 , Mise à jour le 27/11/2020 à 08:36

L'Etat, le Conseil Régional d'Auvergne, le Conseil départemental de la Haute-Loire et la communauté d'agglomération du Puy ont signé le nouveau contrat de plan Etat-Région (CPER) 2015-2020 ce lundi 31 août.
Il s'agit d'un important contrat, doté au global de 562 millions d'euros (pour les quatre départements auvergnats) dont 377 millions d'euros de l'Etat et 185 millions de la Région Auvergne.
Pour le volet altiligérien de ce contrat, quatre axes stratégiques regroupant onze projets identifiés ont été retenus : le développement d'une nouvelle stratégie touristique basée sur le potentiel des usages numériques, le renforcement des fonctions de centralité et le développement des grands sites départementaux, le développement des usages du numérique et enfin la consolidation du potentiel économique à partir des richesses départementales.

La nouvelle stratégie touristique
Trois projets seront subventionnés dans ce cadre : la chapelle Saint-Alexis, classée monument historique et qui appartient au Département, sera aménagée pour devenir un élément d'attractivité touristique d'ampleur départementale. L'idée est d'offrir au visiteur une approche renouvelée de la médiation culturelle des grands sites et itinéraires patrimoniaux de la Haute-Loire par une logique de territoires connectés.
Le second projet touristique concerne le développement d'un réseau de proximité des sites naturels valorisés et aménagés pour l'accueil de tout public (accessibilité aux différents types de handicap) et de développer sur les grandes itinérances départementales des outils d'e-interprétation permettant la découverte des paysages traversés et des sites rencontrés. Enfin le troisième projet subventionné sera l'espace d'accueil touristique du rocher Saint-Michel d'Aiguilhe, avec une réhabilitation et une extension pour permettre la visite du site emblématique à un plus large public.

Les trois autres axes
Le renforcement des fonctions de centralité et le développement des grands sites départementaux regroupent cinq projets subventionnés : le réaménagement des logiques urbaines du centre-ville du Puy, la création d'un espace événementiel à Quincieu, la revitalisation des centres-bourgs, la remise à niveau des infrastructures du château de Chavaniac-Lafayette et le programme de réhabilitation de l'ensemble abbatial et du village de la Chaise-Dieu. Concernant l'axe de développement des usages numériques, il s'agit de développer, sous maîtrise d'ouvrage départementale, un premier portail de services dont l'infrastructure sera mutualisée avec les territoires volontaires pour leurs besoins propres.
Reste enfin l'axe de consolidation du potentiel économique à partir des richesses départementales. Il passera par la promotion agricole, "car l'agriculture représente plus de 10 % des emplois en Haute-Loire", a précisé Denis Labbé, préfet du département, "les financements viseront donc une meilleure organisation des filières et une reconnaissance de la qualité pour valoriser les produits locaux". Dans ce même axe, pour répondre aux difficultés d'implantation des entreprises confrontées à une pénurie de foncier, il s'agira d'identifier les besoins en foncier économique et d'accompagner l'ingénierie de création des zones d'activité.

"La région maltraite l'agglomération du Puy"
Après que le préfet de Haute-Loire ait présenté les principaux axes et projets qui seront subventionnés dans ce contrat, c'est le Président de l'aggloméraion du Puy Michel Joubert qui a pris la parole. Et il a aussitôt douché l'enthousiasme ambiant : "le précédent CPER était plus important, il y a un réel désengagement de l'Etat et de la Région, avec notamment un glissement des crédits pour le contournement du Puy, c'est vraiment regrettable, c'est pour nous un vrai handicap". Le Président de l'agglo déplore également "le recyclage de crédits déjà affectés", soit "plus de 50 millions d'euros déjà prévus dans les précédents engagements".
----Parmi les personnalités du centre-droit, seul Jean-Pierre Marcon (UDI), Président du Conseil Départemental, s'est félicité de ce CPER : "on ne peut pas abandonner l'industrialisation du département et ce CPER va dans ce sens ; de plus, il dessine la coopération de demain entre la future grande Région et le Département".-----Selon ses calculs (en ajoutant les crédits routiers du PDMI), c'est une enveloppe de 554,7 millions d'euros que l'Etat consacrait à l'Auvergne et pour 2015-2020, elle ne sera plus que de 377 millions d'euros, "soit une diminution nette de 32 % des crédits d'Etat". Quant aux aides à la communauté d'agglomération du Puy, les aides de l'Etat "ont été diminuées de façon drastique passant de 5,2 millions d'euros à 0,8 million d'euros, soit une division par six du soutien apporté". Idem pour l'aide de la région à l'agglo du Puy, "qui passe de trois millions d'euros à un million d'euros". Enfin, le maire de Chaspuzac a souligné : "comme ces crédits s'échelonnent sur six ans, l'aide est de 120 000 euros par an pour l'agglo, alors que l'on nous a prélevé cette année 800 000 euros de DGF (ndlr : dotation globale de fonctionnement)".

  • René Souchon réagit aux attaques du Président de l'agglo au micro de Zoomdici.

La guerre de tranchées
Ce contrat est avant tout politique et suscite des polémiques. Zoomdici vous propose un petit échange radiophonique de cette guerre de tranchées entre la Région (PS) et divers élus du département (Les républicains).

  • Marie-Agnès Petit, conseillère régionale d'opposition (Les Républicains), dénonce elle aussi ce CPER où elle déplore "un désengagement total de l'Etat et de la Région".

 

  • René Souchon réagit à la déclaration de Marie-Agnès Petit et détaille les aides de la région, notamment pour la mobilité, et rappelle les grands axes d'intervention, déterminés en concertation avec le département et les communautés d'agglomération.

 

  • Le député Jean-Pierre Vigier (Les Républicains) reproche à la Région Auvergne de ne pas avoir apporté de crédits sur les infrastructures routières de la Haute-Loire.

 

  • Pour lui répondre, René Souchon rappelle les compétences de chacun et la Région n'a pas à intervenir sur les infrastructures routières. Pour lui, c'est une affaire de choix, et même si Laurent Wauquiez arrive à la tête de la Région Rhône-Alpes Auvergne, "des routes, il n'en fera pas", affirme-t-il.

Maxime Pitavy

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