Géant Casino Vals : la 1ère ligne se rebiffe

, Mise à jour le 27/11/2020 à 09:08

Tout un chacun a bien noté, voire applaudi le travail des personnels de grandes surfaces, particulièrement celui des caissières qu’on a même qualifiées de "premières lignes" face au combat mené face au virus. L’ambiance en cette mi-octobre a bien changé dans les rangs du personnel de Géant casino Vals dont les salariés étaient en grève ce samedi matin 17 octobre 2020. En cause : la dégradation des conditions de travail, la sécurité au travail, le non remplacement des effectifs (21 personnes en moins depuis un an à Vals), les brimades dénoncées par certains salariés de la part de la direction et l’arrivée de nouvelles caisses automatiques qui laissent présager de nouvelles coupes dans le personnel.

La quasi totalité des personnels à l’arrêt
Dès 4 heures du matin, à l’heure où les premiers prennent leur poste pour la mise en rayon, les personnels ont largement répondu à l’appel collectif des trois organisations syndicales présentes dans le magasin : FO, CGT, CFDT.
A 10 heures, seuls trois employés sur la soixantaine étaient à leur poste de travail, les autres avaient suivi le mot d’ordre de débrayage et étaient présents près de l’entrée du magasin pour manifester leur mécontentement et informer les clients de leur action conjointe.

Un changement de direction en juin 2019 en cause selon les trois syndicats
Pour eux, les conditions de travail n’ont cessé de se dégrader au fil des années mais il y a une accélération ces derniers mois qui ne serait pas due au contexte général mais à un nouveau management comme le note Anne-Marie Coat pour la CFDT : “Les personnels n’en peuvent plus, les départs ne sont pas remplacés et le travail se fait dans des conditions de plus en plus difficiles, il y a des burn-out et aucune politique de prévention des risques psycho sociaux n'a été mise en place. Ce sont pourtant trois personnes à bout qui ont été licenciées pour inaptitude et à qui on n’a même pas proposé de reclassement. Une 4ème personne est en souffrance avérée et d’autres sont au bord de l'épuisement. Des signalements ont été faits auprès de la Direccte [direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, Ndlr] et de la médecine du travail.
Stéphane Barriol, pour FO, va plus loin : “Ces conditions de travail semblent être la conséquence de la  mise en oeuvre d’une politique et d’une stratégie de groupe. Le personnel est la variable d’ajustement. Ici on perd du personnel qui n’est systématiquement pas remplacé, pas même par des intérimaires ou des CDD. Le travail n’est pas fait ou alors mal fait à cause du manque de temps et le client est de plus en plus mécontent. Au final ce sont les caissières, une nouvelle fois, qui subissent la pression des clients. Cela va des incivilités et grossièretés à même des mauvais gestes comme le jet d’un paquet de chips. Ces dérives se constatent surtout depuis l’arrivée de M. Marcaud, un directeur arrivant de Nevers où il venait de fermer un magasin”.
Pour la CGT, Christophe Romeuf ne peut que souscrire au constat et note : “L’inspection du travail qui assiste à presque tous les CSE (Comité social et économique qui ont remplacé depuis les lois El Khomri les deux instances du Comité d’entreprise et du Comité hygiène et sécurité) s'est fendu d’un courrier de trois pages à la direction du magasin pour pointer tous les manquements et les dérives sociales sans aucun changement jusque-là. C’est pour ça qu’on est là ce matin à alerter. La mobilisation de la quasi intégralité des personnels témoigne de ce mal-être et aussi de l'inquiétude pour l’avenir du magasin”.

Une direction qui refuse de s'exprimer
Devant ce mouvement d’ampleur, nous avons sollicité le directeur de magasin, Roch Marcaud. Celui-ci n’est pas venu à la rencontre des salariés pour s'expliquer avec eux ce samedi matin. Nous l’avons trouvé à la gestion des caisses automatiques où la queue des clients pourtant assez peu nombreux était en train de s’allonger. 
Sa réponse a été laconique : “je ne suis pas habilité à m’exprimer auprès de la presse. Nous avons un service de communication qui est informé de la situation et qui est le seul à s'exprimer sur le sujet”.
Jointe chez elle par téléphone, cette responsable de communication lit un communiqué pré-rédigé : “Le mouvement de débrayage qui se tient ce matin au Puy est un mouvement local sur des problématiques locales. Ce qu'il faut retenir c’est que le magasin est resté ouvert pour la clientèle. Quant au dialogue social, il est une constante dans cette enseigne et nous sommes ouverts au dialogue comme nous l’avons toujours été”.
Nous n’aurons pas de réponse à nos autres questions.

D’autres magasins en grève.
Le mouvement des Ponots n’est en fait pas le seul au sein du groupe puisque depuis vendredi de nombreux autres magasins ont débrayé dont celui de Firminy. En qualifiant les revendications de locales, la direction de l’enseigne refuse donc de laisser croire à une stratégie collective et pensée en amont.

Vente du magasin en préparation ?
Selon les responsables syndicaux, toute la stratégie du directeur avec une politique de réduction des effectifs et l’installation de nouvelles caisses automatiques, portant à 12 leur nombre à courte échéance, est une stratégie visant à vendre le magasin à un autre groupe.
La tentative d’ouverture du magasin le dimanche après-midi sans caissière, qui a été avortée, participait aussi de cette politique de diminution de la masse salariale aux fins de gonfler les chiffres en vue de vendre.
L’installation de corner, une sorte de concession de certains secteurs comme celui des bijoux (“un des plus rentables de France” selon Christophe Barthomeuf) ou du textile concédé à un exploitant externe en est une autre.
Promesses non tenues
Enfin les primes de 1000 euros promises n’ont pas été versées en intégralité. “Tous les prétextes ont été bons pour la direction pour ne pas verser cette prime dont on a fait pourtant beaucoup de publicité. Ici la plupart des personnes n’ont touché que 500 euros”, s'accordent à dire en choeur les responsables syndicaux. Une promesse non tenue parmi d’autres.
Mais le dialogue est difficile car le directeur se refuse à rencontrer les délégués des salariés hors du CSE.

T.C.

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